Le grand paradoxe de la jeunesse africaine.

******Cet article date de Aout 2009. Compte tenu du fait que c’est l’été et que je suis en vacances le blog passe en mode-semi-automatique et tournera légèrement au ralenti jusqu’à la rentrée. Durant ce temps, vous verrez donc quelques articles extraits des archives comme celui-ci automatiquement propulsés en page d’accueil******

La crise fait rage.

Tu as été réveillé ce matin par l’huissier, triste cavalier de l’Apocalypse, venu sceller la boutique de ton voisin et saisir sa fausse-vraie Kymko made in china. Tout le monde pleure la galère: ton boutiquier qui vend moins d’articles… ton coiffeur dont les clients refusent jusqu’au traçage de leurs barbes pour 100francs de plus (il n’y a pas de petites économies parait-il)… ta copine à qui tu as refusé un cadeau à la Saint Valentin (“ce n’est qu’une fête commerciale chérie”)… et ce petit frère qui doute de pouvoir faire sa place dans une société qui inspire autant confiance qu’un joe Dalton tout juste évadé du pénitencier et qui ne rêve que d’Europe. Chaque fois que j’appelle dans mon pays, j’entends toutes les 5 secondes « c’est fort », « ya la galère », « la vie est dure ». Je discute avec des frères, cousins, amis, de plus en plus inquiets de leur avenir qui me demandent des conseils. On ne peut que se montrer compréhensif et avoir de l’empathie. Et pourtant…

Et pourtant cette inquiétude si je la comprends, je ne peux m’empêcher de la mettre en perspective avec les moyens dont disposent cette generation Y, notre génération, pour faire la différence. C’est ce que j’appelle THE BIG PARADOX.

Ces jeunes brebis appeurées ont plus de pouvoir que les générations précédentes n’en ont jamais eu. J’ai vu un gars de 15 ans faire un petit film d’animation avec un logiciel de fortune (logiciel qui aurait couté 50000 € il y a quinze ans). Aujourd’hui, tu peux envoyer ton CV à un nombre infinis d’individus et utiliser différentes applications sur internet pour présenter la meilleure facette de ton profil (Linkedin, Facebook, Viadeo, Xing, Plaxo)… tu peux perfectionner ton CV en consultant les millions d’exemples disponibles sur le net… ou, plus original, tu peux présenter ton expérience en postant une vidéo sur Youtube et en incluant l’hyperlien sur ton CV où dans la signature de ton email. Tu n’as plus besoin d’imprimeurs… les imprimantes de dernière génération te permettent de produire des créations dignes des héritiers de Gutenberg les plus sophistiqués. N’importe quelle personne, organisation ou entreprise européenne est à la portée de ton porte monnaie grâce à l’appel international à 25frs la minute, développant mécaniquement ton territoire de chasse pour ton futur job. Tu peux « designer » tes propres vêtements, ton propre parfum… ta propre voiture « made in china ». Tu peux accéder gratuitement aux ouvrages numérisés des plus grandes bibliothèques de ce temps… bibliothèques que tu ne visiteras probablement jamais en personne. Tu peux suivre à distance les cours des plus prestigieuses universités du monde grace à la vidéo conférence. Tu peux écrire un livre… le faire publier pour une somme modique et le vendre sur Amazon.com juste à côté du Da Vinci Code de Dan BrownTu peux créer un blog comme moi et l’utiliser pour faire ta propre publicité… tu peux vendre tes compétences sur eBay.

En bref, les outils dont tu disposes aujourd’hui pour faire ta “self-promotion” pullulent… et d’obscurs geeks à moitié otaku s’emploient chaque nuit à les rendre plus performants.

Ce que j’essaie de te dire, c’est que tu as à ta disposition, grace à la technologie, une palette d’outils phénoménale dont la génération de nos parents ne pouvait même pas imaginer en rêve. Les frontières entre les outils qu’utilisent les professionnels et les particuliers s’estompent… 15 ans en arrière, il y avait des revues pour les professionnels et des revues pour le grand public… des logiciels pour professionnels et des logiciels pour le grand public… des appareils photos pour les professionnels, des appareils photos pour le grand public…des livres pour les professionnels et des livres pour le grand public… les temps ont changé mec!!! Tu peux maintenant prétendre être le patron de ta propre boite de « Top models black» ou avec une adresse à Dubai, et une boîte aux lettres fictive à Londres ou Paris. Tu peux imprimer chez toi 100 cartes de visite, avec ton nom en majuscule suivie du titre ronflant de « Chief Executive Officer »… tu peux t’acheter un camescope de professionnels (même si cette appellation n’a plus vraiment de sens) 60% moins cher sur venteprivée.com… t’amuser à prendre les avions de chasse de ton quartier, dignes héritières des princesses éthiopiennes… créer un book « plus OFFICIAL tu meurs » et un montage photo/vidéo « XPro Pictures Inc. »… et t’inviter à une soirée exclusive d’Elite Model Look au Hilton Hotel où, entre deux canapés, les représentantes de ICI et AMINA te laisseront leur phone en te demandant de les appeler la semaine prochaine… qui peut t’en empêcher?

Aujourd’hui, le paradoxe c’est l’énorme sentiment d’impuissance dont font montre certains parce que ce qu’ils voient autour d’eux leur fait peur… et l’arsenal surpuissant que ces individus ont à leurs dispositions pour tirer leur épingle du jeu… se différencier… et changer la donne.

« Au milieu de la difficulté se trouve l’opportunité » Einstein

4 Commentaires Le grand paradoxe de la jeunesse africaine.

  1. Lenaelle

    J’adore cette vision, qui se veut dynamique et non misérabiliste! J’ai envie de dire, oui ce n’est pas facile, mais continuez de vous battre!

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  2. Anonyme

    Ma mère m’a dit un jour : « Ne soyez jamais fatigués de vous battre ! », cela veut tout dire, c’en est devenu le but même de mon existence. On dit que l’ « espoir fait vivre » eh bien tout à fait, on en rigole souvent mais c’est 1 réalité. Sans espoir, il n’y a pas de vie, c’est comme ça que j’ai intégré ça. Malgré les difficultés que j’ai pu rencontrées jusqu’ici, aujourd’hui, le topo est simple pour moi : « Le but dans la vie est de se battre quelque soit les circonsatances. ». Même si comme dernièrement, je suis le seul clampin à y croire, j’y croirai.

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