Les meilleurs Speech de l’Histoire : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous »

20 janvier 1961 : John Fitzgerald Kennedy prête serment à Washington et devient officiellement le 35e président des États-Unis d’Amérique. Ce discours qui rentrera dans l’histoire, va faire de lui un plus grands orateurs de son temps. Il fait appel au sens civique du peuple américain. Il demande aux américains de s’interroger non pas sur ce que l’état peut faire pour eux, mais plutôt sur ce qu’ils peuvent faire pour leur pays. Barack Obama va utiliser les mêmes ficelles 50 ans plus tard lors de ces campagnes.

jfk

 » Capitole des États-Unis
Washington, D.C.
20 janvier 1961

Monsieur le Vice-président Johnson, Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Cour suprême, Monsieur le Président Eisenhower, Monsieur le Vice-président Nixon, Monsieur le Président Truman, révérend clergé, chers concitoyens :

Nous célébrons aujourd’hui non pas la victoire d’un parti, mais celle de la liberté, qui symbolise aussi bien une fin qu’un commencement, et qui marque un renouveau et un changement. Car je viens de prêter solennellement serment devant vous et devant Dieu tout-puissant comme nos ancêtres l’ont fait il y a près de 175 ans.

Aujourd’hui, le monde est très différent. L’homme détient entre ses mains mortelles le pouvoir d’abolir toute forme de pauvreté humaine et toute forme de vie humaine. Et pourtant, les mêmes convictions révolutionnaires, pour lesquelles nos ancêtres se sont battus, sont toujours en jeu dans le monde entier, notamment la certitude que les droits de l’homme n’émanent pas de la générosité de l’État, mais de la main de Dieu.

Nous ne saurions oublier aujourd’hui que nous sommes les héritiers de cette première révolution. Que tous, amis comme ennemis, sachent dès aujourd’hui et en ce lieu que le flambeau a été passé à une nouvelle génération d’Américains, née en ce siècle, tempérée par les combats, disciplinée par une paix difficile et amère, fière de son héritage ancien, et qui refuse d’assister et de laisser place à la lente décomposition des droits de l’homme pour lesquels cette nation s’est toujours engagée, et pour lesquels nous nous engageons aujourd’hui dans notre pays et dans le monde entier.

Que chaque nation, bienfaitrice ou malintentionnée, sache que nous paierons n’importe quel prix, que nous supporterons n’importe quel fardeau, que nous surmonterons n’importe quelle épreuve, que nous soutiendrons n’importe quel ami et que nous combattrons n’importe quel ennemi pour assurer la survie et la victoire de la liberté.

Nous en faisons solennellement la promesse.

À nos anciens alliés dont nous partageons les origines culturelles et spirituelles, nous promettons la loyauté des amis fidèles. Unis, il y a peu que nous ne puissions faire dans le cadre d’initiatives de coopération. Divisés, il y a peu que nous puissions faire, car deux nations en désaccord et éloignées ne sont pas en mesure de relever les plus grands défis.

À ces jeunes États que nous accueillons parmi les États libres, nous promettons que la domination coloniale n’a pas été abolie simplement pour être remplacée par une tyrannie plus féroce. Nous ne nous attendons pas à ce qu’ils soutiennent toujours notre point de vue. Mais nous espérons toujours qu’ils défendront avec force leur propre liberté et qu’ils se rappelleront que, par le passé, ceux qui ont bêtement cherché à triompher aux dépens des autres s’y sont brûlé les ailes.

À ces hommes qui vivent dans des cabanes et des villages sur la moitié de la planète et qui luttent pour briser les chaînes de la misère de masse, nous promettons de tout mettre en œuvre pour les aider à s’aider eux-mêmes, peu importe le temps que cela prendra, non pas parce que c’est ce que les communistes feraient, ni parce que nous cherchons à obtenir leurs voix, mais parce que cette action est juste. Si une société libre ne peut pas aider la multitude de personnes vivant dans la pauvreté, elle ne peut pas sauver la minorité de personnes plus aisées.

À nos républiques sœurs au sud de nos frontières, nous faisons une promesse particulière, celle de convertir nos bonnes paroles en actions, dans le cadre d’une nouvelle alliance pour le progrès, afin d’aider les hommes libres et les gouvernements libres à s’affranchir de la pauvreté. Mais cette révolution pacifique fondée sur l’espoir ne peut pas devenir la proie de puissances hostiles. Que tous nos voisins sachent que nous nous unirons à eux pour faire face, ensemble, à toute agression ou subversion sur l’ensemble du continent américain. Que toutes les autres puissances sachent que cet hémisphère entend rester maître en sa demeure.

À l’assemblée mondiale des États souverains, l’Organisation des Nations Unies, qui incarne notre dernier espoir à une époque où les instruments de guerre l’emportent largement sur les instruments de paix, nous renouvelons notre promesse de soutien, pour veiller à ce qu’elle ne devienne pas un simple lieu d’invectives, pour renforcer sa protection pour les nouveaux venus et les plus faibles, et pour étendre son champ d’action.

Enfin, à ces nations qui voudraient se muer en adversaire, nous ne faisons pas de promesses, mais nous leur adressons une requête : que nos deux camps relancent la quête de la paix, avant que les puissances obscures de la destruction décuplées par la science ne fassent sombrer l’humanité dans un processus d’autodestruction organisée ou accidentelle.

Nous ne les tenterons pas par notre faiblesse. Ce n’est que lorsque nos armes seront sans aucun doute suffisantes que nous serons absolument certains que nous ne les emploierons pas.

Mais deux grandes puissances ne sauraient se satisfaire de la situation actuelle, étant toutes deux accablées par le coût de l’armement moderne, toutes deux alarmées à juste titre par la prolifération continue de l’arme atomique, et pourtant toutes deux lancées dans la course à la modification de l’équilibre incertain de la terreur qui empêche le déclenchement d’une guerre ultime pour l’humanité.

Alors repartons sur de bonnes bases. Que les deux camps se souviennent que la civilité n’est pas synonyme de faiblesse, et que la sincérité reste toujours à prouver. Ne bâtissons jamais de négociations sur la peur. Mais n’ayons jamais peur de négocier.

Que les deux camps étudient les problèmes qui nous unissent plutôt que d’aggraver ceux qui nous divisent.

Que les deux camps, pour la première fois, formulent des propositions sérieuses et précises concernant l’inspection et le contrôle des armements et placent le pouvoir absolu de détruire d’autres nations sous le contrôle absolu de toutes les nations.

Que les deux camps cherchent à évoquer les merveilles de la science plutôt que ses abominations. Ensemble, découvrons les étoiles, conquérons le désert, éradiquons la maladie, explorons les profondeurs des océans et encourageons les arts et le commerce.

Que les deux camps s’unissent pour honorer, aux quatre coins de la terre, le commandement d’Isaïe de « soulager les lourds fardeaux… (et) de libérer les opprimés ».

Et si un début de coopération parvient à dissiper les soupçons, que les deux camps s’unissent dans un même effort, non pas pour créer un nouvel équilibre du pouvoir, mais pour donner naissance à un nouveau monde de droit, où les forts sont justes, les faibles, en sécurité et où la paix est préservée.

Nous n’accomplirons pas tout cela dans les cent premiers jours. Ni dans les mille premiers jours, ni sous ce gouvernement, ni même peut-être au cours de notre existence sur cette planète. Mais nous pouvons commencer.

C’est entre vos mains, mes chers concitoyens, plus que dans les miennes, que reposera le succès ou l’échec final de notre entreprise. Depuis la fondation de notre nation, chaque génération d’Américains a dû témoigner de sa loyauté envers notre pays. Les jeunes Américains qui ont répondu à cet appel reposent dans le monde entier.

Aujourd’hui, la trompette retentit de nouveau, non pas comme un appel aux armes, bien que nous ayons besoin d’armes, non pas comme un appel au combat, bien que nous ayons des combats à mener, mais comme un appel à porter le fardeau d’une longue lutte crépusculaire, année après année, « en s’abreuvant d’espoir et en faisant preuve de patience dans l’adversité », une lutte contre les ennemis communs de l’homme : la tyrannie, la pauvreté, la maladie et la guerre elle-même.

Pouvons-nous constituer contre ces ennemis une grande alliance mondiale unissant Nord et Sud, Est et Ouest, en mesure d’assurer une vie plus féconde pour l’humanité tout entière ? Vous associerez-vous à cet effort historique ?

Tout au long de l’histoire du monde, seules quelques générations ont été appelées à défendre la liberté lorsqu’elle était grandement menacée. Je ne recule pas devant cette responsabilité, je m’en réjouis. Je crois qu’aucun d’entre nous n’échangerait sa place contre celle d’un autre ou de n’importe quelle autre génération. L’énergie, la foi et le dévouement dont nous faisons preuve dans cette entreprise éclaireront notre pays et tous ceux qui le servent, et cette lueur peut réellement se diffuser au monde entier.

Ainsi, mes chers compatriotes américains : ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays.

Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour vous, mais ce qu’ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l’homme.

Enfin, que vous soyez citoyens d’Amérique ou citoyens du monde, exigez de nous autant de force et de sacrifices que nous vous en demandons. Avec une bonne conscience comme seule récompense, avec l’histoire pour juge ultime de nos actes, à nous de diriger ce pays que nous aimons, en demandant la bénédiction et l’aide de Dieu, tout en sachant qu’ici sur terre, son œuvre doit être la nôtre. »

 

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