Libres ou égaux ?? Evangile du libéralisme économique selon M. Friedman

Préfèreriez-vous vivre dans un pays où l’Etat est restreint à ses fonctions régaliennes et chacun libre de gérer sa vie comme il l’entend ou alors vivre dans un pays où l’Etat omniprésent intervient massivement pour réguler et organiser le fonctionnent de toute la société ? Voilà la grande questions qui oppose libéraux et socialistes depuis des décennies.

Johan Norberg

Je suis tombée hier par hasard sur un documentaire à la télévision américaine. Je crois que l’heure passée à visionner ce documentaire fut l’une des heures les mieux employées de ma vie. Dans ce docu intitulé « Free or Equal », l’économiste suédois Johan Norberg, mène une analyste actualisée des fameux principes du libéralisme économique exposées par Milton Friedman (prix nobel d’économie) trente ans plus tôt. Principes qui ont guidées les politiques occidentales pendant des décennies et servi de catalyseur à l’enrichissement de l’occident et quelques pays d’Asie.

Comme Friedman, Norberg nous demande d’examiner les éternelles questions du laisser-faire, et du compromis entre la liberté individuelle et l’égalité. Ce documentaire est intéréssant parce qu’il examine le problème de la pauvreté/richesse à plusieurs niveaux.

1. Dans un système libéral.

Qui dit libéralisme dit moins de pouvoir à l’Etat, c’est à dire plus de libertés individuelles. Et plus de libertés individuelles signifie plus d’initiatives entrepreneuriales. Conséquences : plus de créations de richesses par les entrepreneurs (qui ne sont plus gênés pas l’Etat), et croissance économique.

Mais ce système conduit également à plus d’inégalités entre pauvres et riches. Car les entrepreneurs talentueux et les riches s’enrichissent à un rythme accéléré, tandis que ceux qui n’ont pas la force de suivre se retrouvent rapidement laissés de coté.

2. Dans un système socialiste d’Etat-providence.

L’Etat détiens beaucoup plus de pouvoir, en l’occurence celui de « saisir » les richesses accumulées pour les redistribuer à tous. C’est à dire que les gens ont moins de libertés individuelles, et donc prennent moins d’initiatives entrepreneuriales (pourquoi se faire chier à bosser quand les fruits seront redistribués de toute façon?). Conséquence : moins de nouvelles richesses sont créées par les entrepreneurs qui n’ont aucune motivation. Ce qui entraine une  stagnation (ou un très faible croissance) économique. Si ce système est défavorable aux entrepreneurs, ils a l’avantage de créer plus d’égalité sociale. Ainsi l’Etat intervient pour rendre certaines prestations accessibles à un plus grand nombre de personnes (education, santé…).

Dans son documentaire, Johan Norberg prends l’exemple de deux pays qui ont chacune choisi l’une ou l’autre voie : Singapour, et la Suède.

Le Wall Street Journal considère en effet Singapour comme la deuxième économie la plus libre du monde derrière celle de sa voisine Hong Kong. Totalement dépourvu de ressources naturelles et agricoles, Singapour qui était un pays du tiers-monde il ya encore 30ans, est devenu, en 2008, le premier port du monde et a dépassé la France en terme de PIB par habitant depuis belle lurette. Cette croissance économique spectaculaire est due notamment à une politique ultra-libérale, qui a attiré et fait prospérer de nombreux investisseurs/entrepreneurs étrangers. Ainsi, Singapour est quasiment dépendant du commerce extérieur. Près de 80°% des investissements dans le pays proviennent de l’étranger. Le commerce, la finance, le high-tech, l’industrie pétrolière et chimique dominent l’économie.

A l’autre bout du monde, en Suède, la population a atteint au cours du XXe siècle un niveau de vie enviable reposant sur deux piliers : la haute-technologie et un État-providence puissant. Cependant, à cause de leur modèle, le pays a très peu évolué. Très peu d’entreprises ont été créées ces dernières décennies. Et celles existantes se sont vite faites distancer par les concurrentes situées dans les pays comme les USA. Ainsi, l’une des dernières et plus grandes entreprise high-tech suédoise s’apelle Ericsson, et date de…1876! Devenue un vestige aujourd’hui, elle s’est faite distancer par des Apple (USA), Samsung(Corée du Sud), Google(USA) et consort en même pas 20ans. Finalement, bien que les suédois aient l’une des meilleures qualité de vie en Europe, ils ont aussi l’un des taux de création de startup les plus bas.

Alors ? Libres ou égaux?

8 Commentaires Libres ou égaux ?? Evangile du libéralisme économique selon M. Friedman

  1. PYvan

    C’est une question très intéressante à laquelle je ne saurais répondre.
    Pour nous autres entrepreneurs et aspirants entrepreneurs, la question ne se pose même pas.
    Mais les autres?
    Une société qui laisse sa chance à chacun ou une société qui pousse les plus méritants?
    Une société qui est dépendante de son élite mais qui croît ou une société qui prend les commandes quite à stagner?

    Vraiment très compliqué comme question. Quel est ton point de vue?

    Répondre
  2. Ismael Dang

    Les nombreuses crises actuellement devraient pousser les libéraux à refléchir. Nous avons laissé les marchés dicter les règles, en tant qu’africain je suis pour un système socio-libéral. Tout par d’abord de l’origine de l’Etat qui dispose des ressources et de facteurs de production inégalement réparties. L’etat étant pour moi le fruit d’un contrat social collectif donc l’objectif est le bien être général, l’Etat doit être l’architecte du système en pensant la politique économique, sécuritaire tout en permettant à chaque citoyen de s’exprimer au maximum de son potentiel.Avons nous vraiment besoin d’un monde ou certaines ont 56 milliards de dollars alors d’autres n’ont pas 1 dollars? Le libéralisme a toujours eu pour base l’esclavage des masses. La grande fierté de l’être humain n’est il pas de rendre service à son prochain? Que veut dire réellement être heureux? Avoir 100 milliards?

    Répondre
  3. Neo

    @ Ismael Dang,

    Les crises sont intrinsèques au capitalisme. C’est comme un défaut de fabrication du système. Tous les économistes te le dirons. Un système capitaliste entraine une accumulation excessive, qui conduit inévitablement à une crise. On en a connu en 1929, en 2000, 2008..

    Le problème ce n’est pas tant la crise (qui est toujours prévisible rien qu’en observant l’économie), mais la façon dont elle est gérée (par les Etats dont tu parles en l’occurrence). Aujoud’hui par exemple, toute le monde sais que l’endettement des Etats et les déficits publics sont un sérieux problème. Masi que fait-on? pas Grand chose. Quelque part entre demain et dans 10ans, on sera surpris de la faillite des Etats (qui est pourtant inévitable compte tenu des niveaux d’endettement atteints). Et Qui profitera encore de ces faillites? Les riches et les entrepreneurs qui ont tout vu venir et ont anticipé…

    Répondre
    1. Ismael Dang

      Justement ces derniers temps je me demandes si la façon donc nos dirigeants arrivent (en occident) au pouvoir n’est pas une grande partie du problème. J’ai l’impression que le système politique actuel n’est plus différent de l’aristocratie de l’époque, des gens se discutent des circonscriptions électorales(Dati-Fillon…) comme leur héritage. Les politiques n’ont rien fait pour empêcher la crise actuelle, pourquoi? Peut être parce que leur relation avec les milieux financiers est un parfait mariage. Nous devons nous organiser, le peuple doit se libérer de son ignorance, identifier ses intérêts et les défendre. Comment? Pour moi, on doit insérer dans le système politique actuel la possibilité de destituer un maire, un député , sénateur à tout moment de son mandat par un comité populaire qui ne serait pas impliqué dans la gestion financière. Cela changerait certainement le rapport de force en mettant une épée de Damoclès sur nos leaders. Les peuples partout dans le monde aujourd’hui ne doivent plus laisser leur destin entre les mains d’une centaines de petits « génies ».

      Répondre
  4. Adeline Tsemo

    @Neo
    Je ne suis pas d’accord avec le titre du sujet: Libres ou Egaux. Tu nous as montré que le système libéral n’est pas optimal du fait des inégalités sociales qui naissent mais tu as oublié de noter qu’aucun Etat-providence n’a réussi à résorber les inégalités sociales de sa société. Certaines personnes arguent que les aides sociales bloguent l’ascenseur social et n’incitent pas les individus à sortir de leur torpeur. donc tu ne peux pas dire qu’en choisissant qu’un Etat-providence est égalitaire.

    Les crises économiques ne sont pas prévisibles comme tu dis. Car si une crise ou une bulle est prévisible, elle n’aura jamais lieu (anticipations rationnelles des agents). Krugman a fait un discours très fort où il dressait le bilan des macroéconomistes, un bilan nul car ils n’ont pas pu prévoir la crise, ils ne savent pas quoi faire pour sortir de la crise et ils continuent de s’appuyer sur des vieilles théories des années 30 pour étayer leurs arguments.

    Pour ce qui est du libéralisme économique, c’est une belle chimère qui n’existe ni à Singapour, ni aux Etats-unis. La main invisible n’a jamais été appliquée stricto-census depuis qu’Adam Smith l’a pensée. Pour moi la main invisible, suppose que les individus aient les mêmes principes moraux et aient foi en Dieu.

    Pour les états africains, du socio-libéralisme…Le problème en Afrique, ce sont les états eux-mêmes qui peinent à remplir leurs fonctions régaliennes (fonctions de base): santé, éducation, justice, monnaie. C’est difficile de dire moins d’état en Afrique même s’il est le problème car comment quantifier l’action de l’Etat sachant la qualité de son action est médiocre?

    @Ismael dang
    Le problème en France, c’est tout simplement que les politiques sont court-tesmistes. Chacune de leurs actions est destinée à récolter le plus de bulletins de vote possibles. D’où l’inefficacité de leurs actions. En politique, les effets doivent se ressentir sur le long-terme et non sur le court-terme. Tu dis que les politiques n’ont rien fait pour empêcher la crise actuelle, le problème a été qu’ils ont mal évalué l’impact de la crise des subprimes sur l’économie française. Ils ont sous-évalué cet impact et bien évident ils ont actionné leur levier habituel qu’est les dépenses publiques versées à tort et travers. Ils ne pouvaient pas l’empêcher mais ils ont mal délimiter les contours et son ampleur et ont actionné les mauvais instruments.

    Répondre
    1. Neo

      L’Etat-providence est plus égalitaire dans la mesure où il crée un « tunnel ». Il garanti un confort minimum à tous, et du fait de son imposition élevé, limite la récompense aux entrepreneurs et donc l’enrichissement au delà d’un certain niveau. Il n’est donc pas étonnant qu’à partir d’un certain palier, les riches/entrepreneurs « délocalisent » leurs activités. Pourquoi à ton avis les sièges européens de Google, Amazon, Facebook et consort se trouvent au Luxembourg et en Irlande?

      Les crises sont tout à fait prévisibles. le plus difficile c’ets de prévoir QUAND! Voilà le vrai problème. Le timing! l’autre problème justement est que tous les agents ne sont pas rationnels, et que la rationalité elle même est très subjective. Prenons juste l’exemple de la crise des la dette des Etats Européens. La dette de la France est estimée aujourdhui à 85% du PIB. Est-ce beaucoup trop ou pas assez et tolérable? Un pessimiste (comme Roubini) dira que l’Europe va inévitablement au devant de grosses catastrophes dans les années à venir (comme en Grèce) et d’autres plus optimistes diront qu’on peut résorber la bulle de l’endettement si des mesures importantes sont prises. Du coup, les agents économiques en fonction de leur propre perception, prennent des paris inverses. Qui a raison? Là est toute la subjectivité de l’économie. Avec ce qui se passe en Grèce aujourd’hui, certains disent « on vous l’avait bien dit que ça arriverait » tandis que d’autres disent « non, c’est juste que nos dirigeants/banques ont merdé »!

      Répondre
  5. Adrien Mveng

    Un petit détail. Aucun pays, aussi libéral soit-il ne l’est entièrement. Tous prévoient des allocations et des SMIC entre autres pour leurs populations. Le laisser-faire à proprement parler n’existe pas.
    Dans le même sens aucun pays n’est entièrement socialiste. Mais j’ai oublié les arguments et exemples qui me sont venus à l’esprit pour soutenir ce point de vue (rires). Mais grosso modo, je voulais prendre l’exemple de la Chine qui a revu son modèle économique. La Chine d’aujourd’hui était impensable à l’époque de Mao Zédong. (Mieux je m’arrête là parce que comme j’ai dit, mes arguments se sont envolés de mon esprit)

    En ce qui me concerne, je suis libéral. Je suis désolé, le modèle socialiste a montré ses limites. L’URSS n’a pas survécu, ni la Chine communiste. Cuba ne ressemble à rien en ce moment et Raul Castro le sait. C’est la raison pour laquelle il a ouvert la conversation avec les US (ça aide aussi que l’actuel président des US soit un démocrate).

    Chaque Etat doit assurer un confort minimum et des chances égales à la population. Mais c’est tout ce qu’elle lui doit.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *