Voyager avec un passeport à risque : Le parcours du combattant

Je voyage beaucoup depuis quelques années. Essentiellement en Europe et en Amérique du Nord. Mais possédant un passeport africain (désigné en Europe par le doux nom de passeport « extra communautaire »), je suis souvent contraint de remplir d’interminables demandes de visas, et ce souvent plusieurs mois avant la date prévue de mes voyages.

Si les écoles, les universités et tous les professionnels encouragent la mobilité internationale, j’ai souvent l’impression qu’ils ignorent la dure réalité qui est celle d’avoir certains passeports (et qui pour une raison mystérieuse sont souvent verts). La galère de ne pas être en mesure de partir en voyage sur un coup de tête, le fait d’être souvent soumis à des enquêtes rigoureuses, et parfois même ne pas pouvoir aller dans certains pays ou participer à certains événements.

Heureusement, il existe des moyens d’alléger les galères lorsqu’on possède un passeport « a risque » – le truc c’est de garder certains documents aussi prêts à jour que possible.

Voici quelques conseils de mes expériences, qui rendront vos procédures de visa et vos voyages beaucoup plus faciles :

1. Préparez une liste de tous les voyages effectués au cours des 10 dernières années; et mettez là à jour régulièrement.

Cela est nécessaire pour les demandes de visas vers des pays comme le Royaume-Uni. Même si vous voulez aller passer juste un weekend à Londres. Vos voyages passés les intéressent quand même. Et si vous envisagez un jour de demander un permis de résidence permanente ou la citoyenneté ça tend également à être une exigence fondamentale. Vous devez donc vous plonger dans les pages de votre passeport à l’affut du moindre tampon. Une fois que vous aurez commencé votre liste, la mettre à jour deviendra plus facile. Suffira d’y penser à chaque voyage.

Inclure pour chaque voyage les dates (départ et retour), le pays, et les raisons du voyage – les dates ne doivent pas nécessairement être exactes, mais être les plus proches possibles.

2. Tenez une liste des noms officiels, dates de naissance, et adresses de résidence de vos parents, conjoints, frères et sœurs.

Autre exigence commune des ambassades. Même si l’un des membres de votre famille immédiate est décédé, notez  le dans la liste aussi. Même si vous êtes majeur depuis belle lurette et vivez de façon autonome depuis certain temps, de nombreuses ambassades et consulats sont toujours intéressés par votre arbre généalogique. Cela va faire dix ans que je ne dépends plus de mes parents, mais on continue de me demander à chaque fois leurs noms, prénoms, adresses, professions… même si l’un d’eux n’est plus de ce monde.

3. Re-vérifiez les autorisations relatives à votre passeport et au visa au moins trois mois à l’avance.

Sur les sites de voyage, de tourisme et même dans les compagnies aériennes, la plupart des informations données ont tendance à être orientées vers les personnes ayant des passeports occidentaux, pour lesquels les exigences de visa sont minimes.

Souvent, nos passeports sont classés comme « à haut risque », ce qui signifie des exigences plus strictes, des contrôles et des traitements plus longs. S’y prendre trois mois à l’avance constitue une bonne moyenne, même si ce n’est pas expressément indiqué. J’ai appris à mes dépends qu’il valait mieux demander un nouveau passeport an moins un an avant l’expiration de l’ancien.

4. Vérifiez la concordance de vos visas et de vos billes d’avions attentivement, surtout lorsque vous envisagez des escales dans d’autres pays.

Il ya quelque temps, en périple pour les Etats Unis au départ de la France, j’envisageais de passer par l’Allemagne et ensuite prendre un vol vers les USA en faisait escale au Canada. L’Allemagne étant dans l’espace Schengen, je n’avais pas de souci pour aller de la France en Allemagne. Mais le Canada exigeait un visa de transit (Super! un visa juste pour admirer l’aéroport pendant quelques heures). N’ayant ni le temps ni l’envie de faire la demande, j’ai du changer de vol et prendre un vol direct, et plus cher.

Cependant, tous les pays n’exigent pas de visa transit, et certains le délivrent en moins de 24h. D’où l’intérêt de vous renseigner attentivement.

5. Assurez vous d’avoir au moins 2000€ sur votre compte en banque avant de demander un visa.

Une des raisons principales pour lesquelles de nombreux pays sont si durs envers les gens ayant des passeports comme le nôtre, c’est qu’ils supposent que nous ne voulons qu’immigrer clandestinement ou y travailler illégalement. Par conséquent, une exigence courante pour le visa est de démontrer que vous êtes « financièrement solvables ». A chaque fois que je suis passé dans une ambassade, les derniers relevés de compte ont été examinés.

Vous pouvez aussi avoir besoin d’un sponsor financier – Il m’est arrivé de demander à des amis d’écrire des lettres d’invitations et de fournir leurs relevés bancaires à l’appui, même s’ils n’ont jamais financé aucun de mes voyages.

6. Soyez conscient que beaucoup  de catégories de visa, ne vous sont pas accessibles.

Les programmes comme celui des vacances-travail (pour les jobs d’été à l’étranger) sont mis en place par des accords particuliers entre les pays, et malheureusement, les pays comme les nôtres ne tendent pas à figurer dans ces accords.

Les choses changent avec le temps, et espérons que des options seront plus disponibles. Mais en attendant, assurez vous que vous remplissez les critères avant de vous inscrire à un programme pour partir en échange à Melbourne, en séjour linguistique à Londres ou en stage académique à New York. Des fois, les agences ignorent simplement si vous êtes ou non éligibles. Avant d’aller en Stage à Chicago (avec un visa J1), aucune agence française n’avait accepté de me sponsoriser (motif: on ne sponsorise que les français). J’ai du faire appel à une agence américaine située dans le New Jersey (et même à un tarif inférieur).

7. Obtenir des lettres d’invitation lorsque cela est possible.

Encore une fois, c’est chiant mais que pouvez-vous faire? Si vous voyagez pour prendre part à un événement, un atelier ou une conférence, obtenez de l’organisateur qu’il écrive une lettre adressée à l’ambassade locale avec votre nom complet, numéro de passeport, nationalité et indiquant que vous avez été invité à leur événement pour une certaine date / période. La plupart des organisations qui invitent des participants internationaux ont tendance à faire naturellement des lettres.

Si vous allez chez des amis ou en famille, demandez leur d’écrire une lettre, et à nouveau avec votre nom complet et numéro de passeport, en précisant que vous êtes leur hôte et qu’ils vous prendront en charge (même si ce n’ets en réalité pas le cas, ça sonne mieux comme ça).

8. C’est mieux d’avoir plus de paperasse que vous en avez besoin que pas assez.

Apportez le jour du rendez-vous tout ce qui semble pertinente, même vaguement – des lettres d’invitations, des preuve de votre séjour dans votre pays actuel, votre CV, vos diplômes universitaires, relevés bancaires, documents de santé, itinéraires, etc…

L’octroi ou non du visa dépendant du bon vouloir de l’agent consulaire, c’est à vous de tout faire pour lui prouver votre bonne foi. Et vous pouvez parfois avoir de la chance (j’avais tous ces trucs en main pour mon visa américain, mais l’entretien a duré à peine 2 minutes et je n’ai eu besoin d’aucun de ces documents). Mais vous n’aimeriez pas vous voir refuser un visa ou être retardé parce que vous avez manqué à une exigence clé.

Les 8 conseils ci-dessus ressemblent aux douze travaux d’Héraclès pour certains? Oui. Mais malgré tout je l’ai dit, il est toujours possible d’obtenir des visas dans des circonstances limites.

Alors, gardez confiance, compagnons globe-trotters. Des miracles peuvent se produire.

6 Commentaires Voyager avec un passeport à risque : Le parcours du combattant

  1. Matrix

    et oui la vraie vie, ces occidentaux en décadence …. comme disait un jeune homme à la fac « aujourd’hui c’est le brésiliens qui sont refoulés car pas communautaires, demain ce sera les français qui vont pleurer pour pouvoir rester au Brésil » et devine quoi ? les espagnols encore une fois, commencent à migrer en Amérique Latine, Vénézuela, Colombie, Argentine pays tant détestés des espagnols et pourtant ils y retournent comme à l’époque où il fuyait les franquisme ….

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    1. Neo

      @ Matrix

      Tout à fait! comme je disais ailleurs, les pays émergents qui libéralisent leurs économies attirent de plus en plus d’investisseurs et d’entrepreneurs, attirées par les perspectives de croissance alléchantes. Et à contrario, l’Europe et l’Amérique du Nord subit une désindustrialisation accélérée et une fuite de capitaux vers la paradis fiscaux. Bref, je n’aimerais pas être en Occident dans 20ans.

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  2. BarB

    C’est triste quand meme de voir a quel point il est dur pour nous de faire des demandes de visa alors que eux peuvent venir dans nos pays facilement…
    Malgré que jai été adoptée par une famille italienne, l’italie me refuse la citoyenneté, et les démarches sont de plus en plus fastidieuses. Ma chance cest la signature de mon pere au consulat d’italie… Décevant …

    J’adore ton blog Neo!! Très instructif

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  3. thomas

    bonjour j’ai une question j espère que j aurai un réponse svp^^

    Voila je vais partir au maroc en septembre avec mon passeport,mais l adresse sur le passeport n es plus la bonne comme j ai du déménager!es ce que le passeport et valable? Faut il une n autre piece d identité?

    MERCI a tous:)

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