Victime, Sauveur, ou persécuteur : Quel est ton rôle de prédilection dans tes rapports aux autres ?

L’analyse transactionnelle et la PNL sont deux sujets qui m’intéressent. Mais je n’ai jamais ouvert un livre sur le sujet et me suis souvent contentée d’écouter vaguement des conversations fort intéressantes, il est vrai, d’experts. Je n’ai jamais vraiment eu envie de « modifier artificiellement » mon comportement avec les autres pour arriver à mes fins. Même si j’ai toujours su que l’on pouvait obtenir ce que l’on voulait d’une personne simplement en utilisant le bon vocabulaire, la bonne posture corporelle…je n’ai souvent vu que le côté négatif de la « manipulation », celle du Gourou qui hypnotise…

Aujourd’hui, je me dis simplement que cela peut me faire gagner du temps et de l’énergie, notamment dans mes rapports aux autres.

Dérivé de l’approche systémique, le modèle transactionnel, mis au point par le célèbre psychiatre américain Éric Berne (1910-1970) dans les années 50, a connu un succès prodigieux aux États-Unis et en Europe. Il est encore abondamment utilisé, notamment dans les thérapies du changement personnel. Son originalité : analyser toute communication interpersonnelle à partir de la notion de transaction. La notion de transaction stipule que tout échange ; toute communication entre deux personnes est une transaction. Et comme dans toute transaction, il faut savoir ce qu’on offre et ce qu’on reçoit.

L’analyse transactionnelle des neuro psychiatres définit trois types de personnalités qu’on retrouve chez tout individu, et permet d’adapter ainsi son mode de communication avec elles. Cette méthode est couramment utilisée dans la vente, la négociation, le management et la communication.

Les trois personnalités de l’analyse transactionnelle

La personnalité de chacun de nous est composée de trois «états du moi» : l’état du moi Parent, l’état du moi Adulte et l’état du moi Enfant. Les états du moi Parent et Enfant se subdivisent eux-mêmes en plusieurs sous-états : Parent Critique, Parent Nourricier, Enfant Soumis, Enfant Rebelle, Enfant Spontané…

– Parent : Je contrôle

Quand j’énonce règles et devoirs et les fais appliquer, je suis un parent normatif. Quand j’accueille les besoins et développe les motivations, je suis plutôt un parent nourricier. Quand je critique, écrase, abuse de mon autorité, je suis un parent persécuteur. Enfin, quand j’agis à la place des autres, je suis un parent salvateur, mais qui étouffe.
Domaine d’intervention : valeurs, normes, règlement intérieur.

– Adulte : Je pense

J’écoute, j’interroge avec neutralité. Je suis capable de prendre du recul et de raisonner sans préjugé ni illusion. Je réfléchis avant de prendre une décision. Je repère les dysfonctionnements et les analyse pour trouver des solutions. Je tiens compte de l’avis des autres pour affiner des propositions. Je fixe des objectifs réalistes.
Domaine d’intervention : organisation, méthodes, moyens.

Enfant : Je ressens

Enfant adapté, j’accepte les normes de mon environnement. Enfant libre, j’exprime mes sentiments ; je suis indépendant et créatif. Enfant rebelle, je conteste l’ordre établi ; je suis impulsif et agressif. Enfant tyrannique, j’exige que les autres se plient à mes volontés ; je suis égocentrique. Enfant soumis, je subis les règles et rumine dans mon coin.
Domaine d’intervention : créativité, motivation, ambiance.

Notre attitude, nos gestes, notre voix, nos mots trahissent la plupart du temps notre «état» du moment. La quasi-totalité des incompréhensions lors des disputes provient de l’incompatibilité entre les états de leur moi respectifs au moment de l’échange. Certaines transactions sont en effet stables (lorsque les deux partenaires s’adressent à l’État du Moi dans lequel l’autre se trouve par exemple), d’autres sources de conflit (lorsqu’une personne s’adresse à un autre État du Moi que celui dans lequel se trouve son partenaire exemple.).

Exemple de transaction stable/équilibrée pouvant durer indéfiniment :

A: « As-tu pu appeler la banque ? » (Adulte -> Adulte)

B: « Non, j’ai pas eu le temps. Je compte le faire cet aprem. » (Adulte -> Adulte)

Ou bien

A: « J’espère pour toi que tu as déjà réglé ce problème avec la banque » (Parent -> Enfant)

B: « t’as qu’à le faire toi-même ! » (Enfant tyranique  -> Parent)

Exemple de transaction instable :

A: « As-tu pu appeler la banque ? » (Adulte -> Adulte)

B: « Mais, arrête de me mettre la pression, je vais le faire ! » (Enfant – >Parent)

Ces exemples illustrent l’intérêt de savoir dans quel état on se trouve et à quel état de l’autre on s’adresse. Ainsi, à chaque instant, il est possible de déceler dans quel état se trouve celui qu’on a en face de soi et d’adapter son ton, ses mots, en fonction de l’autre et de son propre état. Des transactions instables entre individus conduisent inévitablement à des conflits, de fait de l’incapacité de chacun des protagonistes à déceler les différentes personnalités en jeu. Parfois d’autres personnes extérieures sont embarquées dans ces conflits avec ou sans leur approbation. C’est ainsi que se mettent en place les trio dramatiques telles que formalisés par le fameux triangle de Karpman.

Triangle de Karpman

Triangle de Karpman

Le triangle dramatique de Karpman

C’est au cours des années 60 que Steve Karpman, lui même médecin et élève d’Eric Berne décrivit de façon astucieuse ces situations dans lesquelles on se sent parfois bloqué, incompris, mal à l’aise, furieux, coupable… D’après  Karpman, toute relation typique ressemble à un jeu à trois entre une Victime, un Persécuteur et un Sauveur.

Même si nous adopterons souvent deux ou même trois rôles différents au sein d’un triangle dramatique, nous avons tous une tendance à jouer plus fréquemment l’un des 3 rôles dans nos rapports avec les autres.

1) La Victime « Pauvre de moi ! »

La Victime c’est une personne qui se méconnait elle-même. Elle se considère soit comme quelqu’un de fragile qui mérite d’être rabaissé, soit comme quelqu’un qui a besoin d’assistance, d’aide. La Victime une fois persécutée peut néanmoins être soumise (correspondant à l’État du moi Enfant soumis en Analyse Transactionnelle) ou se rebeller (correspondant à l’État du moi Enfant rebelle en Analyse Transactionnelle). Une personne qui a a tendance à jouer la victime attirera dans sa vie surtout le comportement d’un Sauveteur (qui voudra lui venir en aide) et celui d’un Persécuteur (qui voudra la persécuter afin de satisfaire ses pulsions agressives).


2) Le Sauveteur « Viens, je vais t’aider, tu mérites mieux »

Le Sauveteur se sent utile, acquiert sa légitimité lorsqu’il trouve une Victime à sauver de l’agression d’un Persécuteur. Il se fonde sur l’idée que la Victime ne peut s’en sortir seule. Le Sauveteur dans une situation de sauvetage se pense toujours plus compétent que la Victime (même s’il n’a dans les fait aucune légitimité ou compétence sur le sujet) pour décider de ce qui est bon pour elle et va aider la Victime sans qu’elle ne l’ait demandé et même, dans certaines situation, contre sa volonté. Le Sauveteur méconnait la possibilité qu’a la Victime de se sortir seule de la situation (qu’elle a elle même créé la plupart du temps). Il correspond à l’État du moi Parent nourricier en Analyse Transactionnelle.


3) Le Persécuteur  » Tout est de ta faute et tu l’as bien mérité ! »

Le Persécuteur libère son agressivité sur une Victime en l’infériorisant, la dévalorisant, pointant du doigt ses faiblesses… Le Persécuteur méconnait la valeur et la dignité de la Victime. C’est souvent quelqu’un de très sûr de lui, qui se sent supérieur, et qui est persuadé d’en savoir plus que les autres. Il correspond à l’État du moi Parent contrôlant négatif en Analyse Transactionnelle.

Sortir du jeu

Nous jouons tous à des moments donné un de ces rôles, pour des raisons propres à chacun, pouvant être liées au besoin de reconnaissance, au renforcement des croyances personnelles, au besoin d’éviter l’intimité ou de prédire les autres… C’est ainsi que si nous ne nous sommes pas lucides par rapport à la manière dont les autres entrent en relation avec nous, ni nous-mêmes avec eux, nous avons toutes les chances de tomber de manière répétée dans les pièges inconscients que les autres et nous-mêmes tendons.

Pour pouvoir assainir notre relation aux autres, n’est-il pas utile de voir de près comment nous nous y prenons avec eux ?

Mais c’est parce que ce triangle dramatique et ses rôles sont tous destructeurs et ne conduisent pas à la perception de la réalité d’une situation, qu’il est important de le reconnaître, ainsi que ses composantes, chez soi-même comme chez les autres, et de s’en détacher.

Car, pour sortir de cette situation, il y a trois façons :

– la première consiste à fuir le problème : dans ce cas nous nous éloignons, nous mettons de la distance… mais malheureusement nous ne réglons rien, puisqu’il est quasiment sûr que nous allons retrouver à l’endroit où nous sommes, même à des milliers de kilomètres, le même type de personnages, les mêmes caractéristiques, les mêmes ennuis que nous avons fuis… Encore une preuve que ce que nous voyons à l’extérieur de nous n’est que le reflet de ce que nous sommes.

– la deuxième consiste à trouver une solution pratique à ce problème : vous portez plainte par exemple contre l’agresseur, vous demandez et obtenez de la justice qu’il ou elle ne vous approche plus, ou bien, vous lui donnez ce qu’il ou elle demande et vous n’entendez plus parler d’elle ou de lui…

Bref, vous avez fait quelque chose de particulier pour changer la situation et c’est un peu mieux que la première solution car au moins, vous avez affronté et branché créativité pour passer à une solution. Mais si vous laissez en l’état, c’est-à-dire sans réflexion et leçon retirer de cette interaction, tout comme avant, le même genre d’individu ou de circonstance peut très bien se représenter à vous dans le futur…

– la troisième, pour moi la meilleure des solutions et de loin, mais la plus ardue. Elle consiste à transcender la problématique. Comment faire ? Vous comprenez que ce qui vous arrive veut vous dire quelque chose. Vous analysez et vous intégrez le problème et sa solution. Posez-vous la question suivante : que faut-il que je comprenne de ce qui m’arrive ? C’est une excellente question qui vous fera grandir et qui vous fait reprendre le contrôle sur les événements et les choses.

Parfois, les gens disent : « mais enfin, je n’ai rien à y comprendre puisque je n’y suis pour rien ! C’est l’autre qui a tort ! Je n’ai rien demandé moi ! »

Et c’est vrai, votre « vous conscient », n’a rien demandé, mais votre « vous inconscient », celui qui n’en a rien à foutre que vous soyez heureux ou malheureux, celui qui est programmé, celui qui vous fait vivre ce que vous devez vivre pour passer à l’étape d’après, c’est celui-là qui a appelé de tout ces voeux les événements, en vibrant fort et en devenant un véritable aimant !

Car dans la vie, il n’y a pas de hasard. Si nous sommes nés là où nous sommes nés, si nous avons fait nos études et avons obtenu les diplômes qui sont les nôtres, si nous avons épousé l’homme avec lequel nous sommes, si nous avons eu X enfants…etc… c’est parce que nous avons à vivre certaines choses, certaines expériences, que notre mental juge bonnes ou mauvaises, mais qui en réalité, si nous arrivons à extirper l’essence de l’enseignement qu’elles contiennent, nous font grandir.

Le but de notre vie n’est-il pas finalement celui là? De devenir de plus en plus conscient et ainsi de nous élever afin de devenir plus grand que n’importe quel problème.

1 Commentaire Victime, Sauveur, ou persécuteur : Quel est ton rôle de prédilection dans tes rapports aux autres ?

  1. UserPat

    Bien sûr, mais Neo le sait bien, le triangle dramatique et la PNL çà marche très bien dans les relations entre les Blancs en Afrique et les Africains, je te sauve et te domine, je suis un enfant tyrannique devant mon sauveur, etc. Par contre, j’ai essayé de le diffuser en formation au Maroc, çà n’intéresse pas du tout (à part les étudiants bourgeois des écoles privées parce que çà fait bien), je me demande si çà prendrait plus au Sud, Cameroun par exemple? ou en tout cas un pays moins strict vis à vis de la religion musulmane ?

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