J’ai rencontré une fille il n’y a pas longtemps. Nous l’appellerons C. C. est une entrepreneure. C’est une grande ambitieuse, avec de belles idées. C’est aussi une idéaliste. Elle rêve d’un monde dans lequel ses œuvres impacteront la société, changeront le cours de l’histoire, et où sa réussite financière suivra accessoirement. Honnêtement, j’ai été impressionnée par C.. Elle est intelligente, et sait articuler ses idées avec brio. Mais elle a un problème. Elle a du mal à être prise au sérieux. Parce que de l’avis de tous ceux derrière les portes qu’elle essaye de pousser elle n’a que…20ans. Trop jeune et trop précoce.
Je suis très bien placé pour le savoir. S’il y a une chose que que les personnes expérimentées oublient souvent de prendre en considération chez les jeunes (et c’est encore plus vrai chez nous en Afrique), c’est bien LEUR PASSION. La passion, la fougue de la jeunesse est quelque chose de valeur. Certains en sont riches, d’autres en sont pauvres. D’autres la troquent au cours de leur carrière en échange d’une grosse maison, une grosse voiture et une belle Rolex…à 50ans. Les jeunes que nous sommes, sommes la plupart du temps pauvres en expérience ou en argent mais extrêmement riches en passion. Et une chose importante qu’on oublie, c’est que c’est uniquement cette passion qui pousse les humains à réaliser ces exploits que les autres ne peuvent qu’admirer en s’extasiant.
Steve Jobs avait 21 ans quand il a fondé Apple. Mark Zuckerberg avait 20 ans quand il a créé Facebook. Michael Dell avait 20 ans quand son entreprise a lancé son premier ordinateur Dell. Bill Gates avait 20 ans quand il a créé Microsoft. Larry Page et Sergey Brin avaient 25 ans quand ils ont conçu Google, et Richard Branson n’avait que 22 ans quand il a lancé Virgin. Toutes les personnes que je viens de citer étaient pauvres en expériences, et même plus pauvres encore en cash quand ils ont commencé. Tout ce qu’ils avaient c’était une intense passion qui les animait, les brûlait même, les poussant à poursuivre leurs visions, et aussi une capacité à inspirer d’autres personnes à les joindre dans leur poursuite. C’est ainsi, selon la légende, que Steve Jobs alors âgé de 28 ans, a convaincu le PDG de Pepsico, John Sculley, de rejoindre Apple en 1983 en lui posant une simple question : « Dis-moi, John, préfères-tu passer le reste de ta vie à vendre de l’eau sucrée ou bien veux-tu venir changer le monde avec moi ? »
Horatio Nelson, l’amiral britannique célèbre pour avoir vaincu l’armée de Napoléon lors de la bataille de Trafalgar, avait une habitude particulière lorsqu’il était en mer. Il aimait aller sur le pont inférieur et passer la plupart de son temps avec les jeunes officiers juniors. Il faut réaliser qu’à l’époque, c’était tout simplement « impensable »! Un amiral d’armée socialisant avec de jeunes recrues? C’était du jamais vu. Et Nelson n’allait pas les voir pour les surveiller ou leur dire quoi faire. c’était plutôt le contraire. Il passait du temps avec les jeunes pour avoir quelque chose d’eux. Quelque chose qu’ils avaient en excès, bien plus que nombre d’officiers hauts gradés: une passion débridée et un optimisme aveugle…Et Nelson adorait celà!
Plus nous progressons dans notre carrière (et dans la vie en général), plus notre passion a tendance à s’estomper. Nous nous égarons en chemin. Nous devenons plus préoccupés par la sécurité, les avantages et les conditions de rémunération au moment de faire des choix. Nous prenons des décisions plus sûres et moins risquées, de peur de perdre ce pour quoi nous avons travaillé si dur jusqu’ici. Pire, on oublie souvent pourquoi nous avons un jour fait le premier pas vers ce que nous sommes aujourd’hui. Les plus jeunes que nous nous rappellent pourquoi nous avons un jour commencé. Ils nous rappellent nous-mêmes quand nous avions leur âge. Ils sont comme une décharge électrique qui peut recharger même les batteries les plus grippées.
L’amiral Nelson passait du temps avec les jeunes officiers pour s’imprégner de cette passion. Il avait compris que c’était de la responsabilité des expérimentés de transmettre leurs leçons aux débutants, de sorte qu’un jour, ils deviennent eux aussi des grands amiraux de la Navy. Mais il avait aussi compris que la passion a un rôle vital à jouer dans le système en place. Nelson voulait entendre les jeunes, leurs idées, leurs rêves, leur optimisme. Cela lui permettait de garder les pieds sur terre. Sa capacité à « rester jeune » fut l’une des raisons pour lesquelles il devint une des plus grandes figures héroïques de l’histoire de l’armée britannique, tout en suscitant le dévouement et la loyauté sans faille de ses hommes qui n’hésitaient pas à se surpasser.
Alors à tous les vieux qui se cramponnent à leurs fauteuils en répétant aux jeunes comme C. qu’ils ou elles sont trop jeunes et manquent d’expérience, sachez une chose : contentez vous de faire votre job! Votre job c’est d’écouter les idées et rêves des jeunes. Vous n’avez pas à imaginer comment les réaliser. Ils trouveront par eux même. ça s’appelle l’expérience. Rien de ce qui n’existe ne s’est fait sans passion. Et chacun devrait se souvenir qu’il fut un temps où nous étions tous jeunes. Alors, PLACE AUX JEUNES!!!
« On peut aisément comprendre un adulte qui a lâché ses rêves à un moment donné. Mais il n’y a rien de plus chiant et de plus tragique qu’un jeune qui n’est animé par aucune passion. »
Toujours intéressant tes articles.Nous en tant que jeunes,nous avons toujours de l’ambition,des rêves qui nous poussent à vivre te telle sorte que notre mission sur terre ne soit pas vaine;mais le manque de confiance en soi et nos conditions de « survie »dans la société font que ces désirs tant convoités s’estompent au fil des ans compte tenu de la conjoncture et de l’environnement social…
Mais comment surpasser ces maux qui nous entravent et nous fait qu’on s’apitoie toujours sur nos sorts?
C’est un de mes projets à moyen/long terme : retourner en Afrique et être un amiral Nelson. 🙂
La lutte pour la « survie » dont tu parle est le plus grand tueur de passion qui soit. Le plus grand échec de la génération X précédente à mon sens c’est d’avoir échoué à transmettre de l’espoir aux jeunes. Nous les Y, sommes un génération de désabusés. lol!
On devrait enseigner aux jeunes à « vivre » plutôt que « survivre ».