Pourquoi nous africains francophones sommes moins dynamique que nos voisins anglophone.

Lors de mon séjour récent aux USA, j’ai eu l’opportunité d’entrer en contact avec beaucoup d’entrepreneurs africains originaires de pays anglophones (Nigeria, Ghana, Liberia….), et j’en profité pour m’intéresser un peu plus à leurs pays et a leurs vision de la réussite. Le constat est sans appel. Les pays d’Afrique anglophones, de par leur héritage culturel et idéologique, sont les mieux aptes à sortir du sous-développement. Que l’on s’intéresse au taux de pénétration du mobile ou du web en Afrique, au respect des principes démocratique, ou à la stabilité économique, les pays anglophones occupent le podium de tous les classements, suivi de ceux du Maghreb (Maroc, Egypte…). Je pense que c’est du au fait que les anglophones ont mieux intégré, en même temps que la colonisation, la culture économique néo-libérale.
Cette culture économique est entièrement basée sur des concepts et une idéologie anglo-saxonne (anglaise du 18e et 19e siècle, puis américaine au 20e) et donc protestante. Je te conseille de lire « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » de Max Weber, ouvrage d’une troublante actualité, où ce dernier explique brillamment les raisons qui poussent les anglo-saxons à exposer aux vues de toutes leurs réussites économiques et sociales. Celle-ci serait ainsi le témoin que ces businessmen seraient des élus de Dieu, trouvant leur place au paradis. En effet, chez les puritains (méthodistes; calvinistes…et autres courants réformés), le travail est, selon la volonté de Dieu, une fin en soi de la vie humaine. Le travail est le signe d’être dans la grâce de Dieu. Le travail cependant est autre chose encore ; il constitue surtout le but même de la vie, tel que Dieu l’a fixé. Ils s’en réfèrent au verset de Saint Paul « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus », qui vaut pour chacun ; et sans restriction. La répugnance au travail est le symptôme d’une absence de la grâce, et l’oisiveté est le plus grand des péchés.

La domination anglaise puis américaine des deux derniers siècles a ainsi permis à cette idéologie de se répandre même au sein des cultures latines. Or, nous francophones, appartenons que nous le revendiquions ou non, à un sous-ensemble culturel, celui de la France qui appartient lui même à l’ensemble culturel latin. Dans ce pays qui a deux mille ans d’histoire, la hiérarchisation des valeurs a placé, place et placera en avant, pour un peu de temps encore, des valeurs différentes au dessus. Par son histoire, la France a toujours mis en avant les valeurs appartenant à la « noblesse » au dessus des valeurs dites « bourgeoises ». Le travail, la réussite sont des valeurs très peu plébiscitées chez les latins, car appartenant à une bourgeoisie longtemps raillée (cf. le bourgeois gentilhomme de Molière, qui date déjà du 17e siècle). Même au 19e et 20e siècle, les grands entrepreneurs (Rothschild, Pereire…) ou plus récemment Pinault, Lagardère, Bolloré, Dassault, traînent une réputation sulfureuse auprès de certaines franges de la population.

De même, la France comme les autres pays latins s’inscrit dans une tradition chrétienne catholique qui a toujours encouragé les individus à privilégier la pauvreté et l’humilité (pour entrer plus facilement dans le royaume de Dieu), du moyen-Âge jusqu’au dix-neuvième siècle, où le capitalisme était vivement critiqué notamment dans certaines encycliques. Ce n’est pas un hasard si la France a connu beaucoup d’entrepreneurs paternalistes (comme Michelin). Ce n’est pas non plus un hasard si les hommes politiques français ont toujours tendance à parler aux africains sur un ton condescendant et paternel. Les anglais ont eux aussi connu quelques entrepreneurs paternalistes, mais moins importants en nombre et surtout beaucoup plus rares dans ces deux pays depuis le début des années 1990. Ce n’est donc pas, encore une fois, un hasard si le français qui réussit n’a pas encore la “touch” d’ “afficher” publiquement combien il “pèse”.

Cette analyse n’a pas pour but d’émettre des jugements de valeurs, de dire “wow, les francophones sont nuls”, ou encore “les mecs qui ne sont pas ambitieux sont des zéros”, mais plutôt d’expliquer, trop rapidement, quelles sont les raisons de certains traits culturels français et plus globalement latins qu’on retrouve chez nous les africains. Statistiquement, les protestants travaillent mieux et gagnent plus que les catholiques, et les églises réformés sont plus populaires au sein des populations anglophones. La plupart des personnes lisant ce blog vivent ou ont vécu dans un pays francophone, ou du moins, parlent le français, donc plutôt que de dire des choses manquant parfois d’argumentations sur ce qui nous semble être une aberration, essayons un peu de comprendre dans quelles situations et quelle réalité nous évoluons.

 

4 Commentaires Pourquoi nous africains francophones sommes moins dynamique que nos voisins anglophone.

  1. democrateafricain

    Il ya une discusion sur maneno.org par oumar basée sur ta question:
    http://konngolafirik.maneno.org/fra/articles/okz1257258848/
    Il avance la discussion de maniere intéressante.
    Comme je l’ai dit sur son blog, Le facteur le plus important est, selon moi, le controle des pouvoirs locaux par l’ancien colonisateur. Controle hérité du controle direct exercé durant la colonisation et pérénnisé par des accord de défenses post-coloniaux divers.

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  2. ESSOMBA

    La raison est très simple: les pays francophones sont trop encadrés, trop conseillés, trop surveillés par la France. Prenons l’exemple emblématique de la monnaie: pendant que les pays de la zone CFA se contentent de ce coton moelleux de la garantie de la France, les autres prennent des risques, échouent, mais continuent et avancent. On ne peut pas apprendre sans échec et c’est le désir d’éviter des échecs qui est responsable de cette situation.
    Cette tutelle gluante de la France qui a développé la peur de l’échec entraîne une mentalité de sécurité et de copiage et l’on voit bien que les Constitutions, l’administration ou les structures politiques francophones ne sont que des mauvaises copies du modèle français. Il en est de même de l’organisation économique, voire de la pensée tout court.
    Et on voit bien qu’un enfant qui n’accepte pas sortir sans toucher la jupe de sa mère ne peut jamais évoluer comme celui qui a assez de courage pour perdre sa mère de vue.

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