Plus qu’un océan divise les États-Unis et l’Europe de l’Ouest. Les questions de pauvreté font également partie des différences.
Les Américains sont significativement moins favorables à un filet de sécurité sociale que les européens de l’Ouest, et ils sont plus susceptibles de penser que le succès est déterminé par le travail acharné, plutôt que par des forces extérieures, selon un nouveau rapport du Pew Research Center.
En fait, 58% des américains interrogés disent qu’il est plus important que les gens aient la liberté de poursuivre leurs propres objectifs dans vie. C’est beaucoup plus que les 35% qui pensent qu’il est plus important de s’assurer que personne ne soit laissé de coté dans la société.
En revanche, au moins six personnes sur dix (60%) en Allemagne, en Espagne, et France pensent qu’il est plus important de s’assurer que personne ne soit laissé de coté dans la société.
La différence de points de vue peut s’expliquer partiellement par le fait que les européens sont plus habituées à plus de sécurité sociale que les américains. La sécurité sociale dans de nombreux pays d’Europe occidentale inclus les soins de santé universel (souvent gratuits), l’enseignement universitaire moins cher, et indemnités de chômage généreuses selon MSNBC. C’est vrai que comparé aux USA, se soigner et faire des études coute beaucoup moins cher en Europe. Les Etats Européens investissent massivement pour rendre l’éducation et la santé accessibles à tous, sans exception. L’Europe occidentale protège également plus les emplois, rendant plus difficile pour les entreprises le licenciement d’employés. Aux USA, vous pouvez être embauchés ou virés du jour au lendemain.
En conséquence, les européens paient des impôts en plus élevés que les américains : les recettes fiscales totales représentent 36 % du PIB en Allemagne, contre 28 % aux États-Unis, selon les données de l’OCDE citées par MSNBC.
Les européens accordent également plus de valeur à la sécurité sociale simplement parce que peu d’entre eux ont un emploi. Le chômage a été nettement plus élevé en Europe occidentale qu’aux États-Unis au cours des dernières décennies ; l’écart moyen entre le taux de chômage aux États-Unis et en Europe occidentale a été de 10 points entre 1980 et 2007, selon les données du Bureau of Labor Statistics citées par le New York Times.
Mais il semble que la récente récession ai rendu certains Américains moins désireux d’aider les nécessiteux. Alors que les américains devenaient de plus en plus plus favorables à plus de sécurité sociale entre 1994 et 2007, le pourcentage d’américains qui croient que le gouvernement devrait aider les plus pauvres a chuté neuf pour cent à 63 % entre 2007 et 2009, selon le Pew Research Center.
Il y a aussi deux camps politiques fermement opposés : seulement 29 % des républicains croient que le gouvernement devrait aider les plus pauvres même si ça fait augmenter la dette nationale, alors que 65 % des démocrates pensent que le gouvernement devrait le faire.
Cette fracture a des implications dans le débat sur la façon de réduire la dette du pays. Les démocrates et les Républicains sont opposés sur la nécessité d’augmenter les impôts ou de réduire les dépenses sur certains programmes pour réduire le déficit budgétaire. Une majorité d’Américains affirme qu’ils sont prêts à payer moins d’impôts et d’accepter de moins bons services publics, selon la conclusion d’un récent sondage Gallup.
Et les points de vues des américains sont répartis selon les lignes des partis politique. 81% des républicains choisiraient de baisser les impôts et avoir moins de services publics, alors qu’environ les deux-tiers des démocrates serait pour accepter le niveau actuel des services et des taxes ou choisiraient plus de services publics et plus des taxes…comme les Européens. Voilà pourquoi Barack Obama (démocrate) est souvent traité de « Socialiste » par ses adversaires républicains.
Et vous? Vous préférez quoi ? Plus d’impôts et plus de services publics? Ou moins d’impôts et moins de services publics ?
Il y a aussi à tout cela une raison culturelle, à la fois historique, littéraire et philosophique. La plupart des Français et même plus largement des Européens baignent consciemment ou non dans l’héritage du siècle des Lumières, où Rousseau et Diderot ont porté les idées de justice sociale, d’égalité, de répartition des richesses etc…Les Américains ignorent d’autant plus cet héritage qu’ils ont souvent une vision du monde très ethnocentriste (« God bless America »). Évidemment peu de gens en France ou en Europe ont étudié Diderot, mais au fond peu importe : cet héritage fait partie de l’inconscient collectif.