Le fardeau de la responsabilité – pourquoi je me suis engagé politiquement au Cameroun

Ca y est! Une fois de plus Paul Biya, 86ans, vient d’être proclamé président du Cameroun pour la 7e fois consécutive à l’issue d’un scrutin fortement entaché de fraudes. Jusqu’ici, rien de bien surprenant.

Mais quand je vois certaines personnes moquer son principal opposant parce que Biya a gagné, cela me fait bien sourire. Ce sont ces mêmes qui souffrent et se plaignent au quotidien du chômage, des coupures d’électricité, du manque d’eau potable, d’hôpitaux ou d’enseignants, etc. C’est à se demander s’ils s’imaginent vraiment que ces opposants qui se battent pour eux le font parce qu’ils ont les mêmes problèmes basiques.

Être suffisamment riche et intelligent c’est le combo idéal pour réussir dans la vie. Et le professeur Maurice Kamto, le principal opposant de Biya à ce jour ne manque ni de l’un ni de l’autre.

J’ai un profond respect pour les gens qui ont déjà atteint un niveau de vie beaucoup plus que la moyenne, et qui choisissent néanmoins de quitter ensuite leur confort pour se battre pour l’intérêt collectif, pour le droit commun.

Car le respect absolu du droit commun, est bien plus important pour le pauvre que le riche. Celui qui est déjà riche et qui est intelligent se protègera en diversifiant ses avoirs, y compris à l’étranger, on ne pourra jamais tout lui voler ; celui qui n’a qu’un bout de pain sardine, en revanche, ne dépend que de ses mains et du droit de propriété pour manger. Sans ce droit de propriété, il est condamné à rester l’esclave de la bonne volonté des autres.

Tu auras beau travailler comme 100 00 hommes, il y a une limite que tu ne franchiras jamais seul  si tu n’es pas dans un Etat qui garanti collectivement le droit et la justice pour tous à la base. Ces élections, les toutes premières que nous ayons vecu à l’ère des réseaux sociaux, ont montré aux yeux du monde entier que nous n’etions pas au Cameroun dans un Etat de droit.  Je ne vais pas revenir sur les faux observateurs de Transparency International, les sondages fabriqués, ou la mascarade qu’ont été les 3 jours d’audience des recours au Conseil Constitutionnel. Le fait est que nous africains sommes arrivés à un tournant décisif de notre histoire. Quelques pays comme le Rwanda, le Ghana, ou L’Ethiopie nous montrent l’exemple.

Croire que seul le travail et l’entrepreneuriat nous libèrera nous africains de l’oppression, C’est comme croire que travailler très fort dans les champs de coton permettra à un esclave d’acheter sa liberté grâce au fruit de son travail.

Il est dès lors important pour chacun de nous quelque soit sa position, de choisir son combat, comme jadis dans les plantations durant l’esclavage.

Il ya tout d’abord la majorité silencieuse… Puis…

Il y a les résignés qui attendent qu’un messie ou la mort les délivre (les « on va faire comment? Dieu… »).

Il y a ceux qui pensent à eux seul d’abord, et finissent par se libérer de l’esclavage tôt ou tard. Soit en devenant traitres/nègre de maison (soutenant le régime en place qui les opprime) soit en fuyant vers des régions plus justes (la diaspora qui immigre parfois au péril de sa vie).

Il y a les indignés, qui se sacrifient pour les autres et suscitent l’espoir a leur modeste niveau. C’est cette diaspora qui choisit librement de retourner en Afrique agir sur le terrain. C’est cette diaspora qui envoie des millions de dollars durement gagnés chaque année sur un continent ingrat ou encore sensibilise l’opinion internationale sur les événements en cours. C’est cette élite riche idéologiquement qui renonce à l’émigration ou aux privilèges éventuels qu’ils pourraient avoir dans leur propre pays et préfère rester sur place se battre pour le bien être des autres.

Jai clairement choisi d’apporter mon soutien au jeune parti d’opposition MRC parce que je me suis reconnu dans ses choix et je suis convaincu que ses leaderssont de ceux là qui ayant satisfait leurs besoins de base et ne manquant plus de rien, ont choisi la voie du sacrifice pour les autres en se révoltant de la façon la plus intelligente qui soit. Hélas, les gens révoltés ce sont aussi ceux qui payent cher leurs choix. Car quand vous êtes un activiste, vous êtes combattus par les gens que vous combattez, par les gens pour qui vous vous battez et par les gens avec qui vous vous battez. S’en souvenir afin ne pas se laisser distraire est primordial.

J’ai été accusé de lâcheté par des gens pour qui je me bats parce que je m’exprime en étant confortablement installé en Amérique et eux sont en Afrique, dans la rue.

J’ai été accusé de tribaliste hypocrite (par des gens avec qui je me bats) parce qu’il se trouve que le leader que je soutiens est de la même ethnie que moi, tout comme un certain nombre d’activistes, et cela ne saurait être une coïncidence à leurs yeux.

J’ai été accusé de tout cela à la fois (par des gens contre qui je me bats), mais eux c’est de bonne guerre.

Ma courte expérience la vie m’a apprise une chose :

“What you do has far greater impact than what you say”

True leaders do not create followers. They create more leaders.

More to come.

Neo

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