#INDIGNONS-NOUS : “Manifeste pour un éveil des consciences camerounaises au changement”

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. « Albert Einstein

Depuis fin 2016 les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ont sombré dans un climat d’insécurité et de chaos qui se généralise un peu plus chaque jour qui passe, dans une quasi-indifférence générale. Les conséquences économiques se chiffrent a plusieurs centaines de milliards de francs selon une etude du Gicam. Et on ne parle même pas encore des conséquences en pertes humaines et du choc psychologique énorme pour la masse des populations de ces régions qui ont vu pour beaucoup leurs vies bouleversées à jamais. Jamais l’unité de ce jeune pays n’aurait autant été menacée depuis notre indépendance il y a 58 ans.

Pendant ce temps

  1. Les élections présidentielles sont prévues dans mois d’un mois dans un pays déchiré et au bord de l’implosion.
  2. le président fantôme candidat déclaré à sa propre succession qui passe la quasi totalité de ton temps en « séjour privé » en Suisse n’a jamais adressé un seul mot au peuple camerounais ni pour défendre son bilan, ni pour même donner l’impression que le pays n’est pas en pilotage automatique. Quel gâchis, et quel mépris pour les populations meurtries!
  3. Une certaine frange de la population choisissant de rester du mauvais coté de l’histoire, tentent tant bien que mal de défendre un régime qui montre tous les signes de sa décadence après 36 années.

Que faire ? (s’inspirer des leaders de l’indépendance)

La lutte pour l’indépendance en appelait à une Afrique Libre, mais une Afrique amie des autres peuples libres ; or, le régime proposé depuis 36 ans au Camerounais va à l’encontre de ce beau projet. La politique imposée aux camerounais depuis 36ans n’est qu’une application insidieuse de la doctrine coloniale qui est celle d’imposer la loi d’un homme ou de quelques hommes à tout un peuple. De jeunes médecins du Syndicat des Médecins du Cameroun, dont je soutiennais l’action, ont été jusqu’à refuser de les appliquer et ils ont vu leurs salaires amputés et leur affectation disciplinaire dans des régions éloignées en guise de punition. Ils se sont indignés, ont « désobéi », ont jugé ces réformes trop éloignées de l’idéal de justice pour lesquels nos aieux ont donné leur vie. Ceci n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres au Cameroun.

C’est tout le socle des conquêtes sociales de l’indépendance qui est aujourd’hui remis en cause au Cameroun.

Acte 1.   S’indigner

Comme disait Stéphane Hessel (qui m’a largement inspiré pour la publication de cet article), le motif de la résistance c’est l’indignation.

Je nous souhaite à tous, à chacun d’entre nous, retrouver notre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose nous indigne comme Ruben Um Yobe, Ernest Ouandié, Félix roland Moumié et d’autres furent indignés par le colonialisme de la France au Kamerun, ou encore comme Douala Manga Bell a été indigné par le projet allemand d’apartheid sur les terre même du peuple Duala, alors on se lève, on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire qui doit se poursuivre grâce à l’action de chacun d’entre nous. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté. Cette justice et cette liberté, pour laquelle nos grands parents se sont battus et dont l’acte a été scellée lors de notre indépendance le 1er janvier 1960 est universelle. Ou que vous soyiez, si vous rencontrez quelqu’un qui n’en bénéficie pas, indignez vous, plaignez-le, aidez-le à les conquérir. C’est votre devoir.

« Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien » Edmund Burke

Les populations du NORD-OUEST et du SUD-OUEST se sont indignées face à l’injustice. Leur indignation ne peut être que comprise et saluée. Comme l’aurait dit Um Nyobe en pareille circonstance, on ne peut que remarquer la différence d’attitude entre les valets des colonialistes, hommes en quête des faveurs, toujours inquiets d’un lendemain incertain pour eux et pour leurs maîtres et l’aspects des militants du mouvement national, brimés, humiliés, soumis aux privations de toutes sortes, mais toujours déterminés parce qu’ils ont la force de l’âme et la conviction profonde d’une victoire de la noble cause qu’ils défendent.

Je sais que certains pressés de prendre position, accuserons les sécessionnistes d’être des rebelles terroristes et défendront l’armée envoyée dans la région pour remettre de l’ordre. Je pense bien évidemment que la violence est inacceptable, mais il faut reconnaître que lorsque l’on s’indigne légitimement pour une injustice, et que l’on reçoit pour seule réponse le mépris et la répression avec des moyens militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne peut pas être que pacifique et non-violence. Est-ce que ça sert aux populations du Nord-Ouest et Sud-Ouest de s’en prendre aux symboles et aux fonctionnaires de l’Etat ? La réponse est non. Ça ne sert pas leur cause, bien au contraire. Mais on peut aisément comprendre expliquer ce geste par l’exaspération. Dans la notion d’exaspération, il faut comprendre la violence comme une regrettable conclusion de situations devenues inacceptables pour ceux qui les subissent. Alors, on peut se dire que pour un individu, délaisser son travail de paysan, de chauffeur, de commerçant ou d’étudiant pour prendre les armes contre l’administration de son propre pays est une forme d’exaspération. Tout comme l’était le maquis pendant les luttes d’indépendance. Tout comme l’est le terrorisme dans certaines régions du monde. Et que cette exaspération est un terme négatif. L’exaspération est un synonyme de désespoir. C’est comme une sorte de suicide. Elle est compréhensible, je dirais presque qu’elle est naturelle lorsqu’une personne atteint son seuil de tolérance, mais pour autant elle n’est pas acceptable. Parce quelle ne permet pas d’obtenir les résultats que peut éventuellement produire l’espoir. C’est l’espoir en l’avenir qui a toujours poussé les hommes à aller de l’avant, à bâtir, a créer; tandis que le désespoir est ce qui pousse à détruire.

Acte 2.   Agir

Quand je réfléchis a comment nous en sommes arrivés là, je me dis que nos dirigeants actuels avec leur égoïsme se sont laissé guider par la peur et surtout l’orgueil. Succombant au mépris et à l’arrogance qui caractérise certaines élites, ils ont oublié que le premier devoir d’un leader, c’est d’enrayer le désespoir et créer de l’espoir. Mais si aujourd’hui comme alors, une minorité active se dresse pour redonner espoir, cela suffira, nous aurons l’étincelle qui allumera le brasier de l’espoir. Des icones comme Um Nyobe, Ernest Ouandié, ou Felix Roland Moumié ont payé de leur vie leur courage. Le jeune africain trentenaire que je suis a été influencé par les modèles comme Thomas Sankara, ou Che Guevara. Sankara nous a appris à nous dire : « Nous sommes responsables en tant qu’individus ». C’était un message d’espoir…bien que libertaire. La responsabilité de l’Homme qui ne peut s’en remettre ni à un pouvoir détenu par autrui, ni à un Dieu. Au contraire, il faut s’engager au nom de sa responsabilité de personne humaine. Le feu de l’espoir allumé par Sankara dans l’esprit des millions d’Africains continue de bruler.

La pire des attitudes est celle de l’indifférence.

De se dire « je ny peux rien, je me débrouille » ou bien « On va faire comment » est la pire des attitudes à adopter. C’est être complice des injustices. C’est être victime du désespoir. Et de nombreux camerounais ont fini par adopter cette posture…par succomber au désespoir pour le grand plaisir des gouvernants. En nous comportant ainsi, nous avons perdus l’une des composantes essentielles qui fait notre humanité. Une des composantes indispensables de l’homme: la faculté de compassion, d’indignation et l’engagement militant qui en est la conséquence. Et surtout, nous renonçons parla même à cette liberté chère pour laquelle des milliers d’autre ont donné leur vie pour que nous puissions en jouir. Nos aïeux sont morts pour que nous puissions jouir de la justice. Pour que nos soyons libres et égaux. Ne rien faire face à l’injustice c’est donc une insulte a leur mémoire.

Voter

Heureusement, quelques personnes ont refusé le désespoir. Quelques candidats aux élections incarnent l’espoir. Le premier devoir de tout citoyen serait dont de les soutenir. D’aller voter! Parce que les urnes restent un des seuls moyens non-violents de réparer les injustices. J’ai d’ailleurs invité tous mes proches à voter pour un candidat comme Maurice Kamto par conviction politique et idéologique; même si je demeure convaincu qu’une coalition des 3 principaux « candidats de l’espoir » comme je les appelle enverrait un élan d’espoir beaucoup plus efficace.

Et ensuite ?

Nous sommes à un seuil, entre l’immobilisme de ces dernières décennies et les possibilités infinies des décennies suivantes. Mais il faut espérer, il faut toujours espérer. Quelque soit l’issue des élections, les 30 dernières années sous paul biya ne seront très bientôt plus qu’un souvenir lointain dans l’esprit de nombreux camerounais et africains comme l’est celui de Mobutu ou de Bokassa. A nous d’agir dès maintenant à créer le futur que nous voulons.

 

3 Commentaires #INDIGNONS-NOUS : “Manifeste pour un éveil des consciences camerounaises au changement”

  1. Ndefeu

    Tout es dans l’hymne de notre Cher et Beau Pays. « De l’est à l’ouest soit tout amour, te servir soit leur seul but, pour remplir leur devoir toujours, chère Patrie, Terre chérie tu es notre seul et vrai bonheur.

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  2. NjoyaKnoli

    Alors, tu ne dis rien de concret. Comment agis tu? Quelles sont tes actions pour changer la situation de misère dans lequel se trouve notre pays? Nous avons vu voter et les urnes ne seront pas les moyens pour sortir ce pays du gouffre. Les videos de fraudes, la farce constitutionnelle télévisée pour démontrer à tous les Camerounais le mépris que porte les poutres et engins du système, bien huilés et paumellés… L’arrogance et indifférence du partie francophone face 2 régions du pays, un 20% de la population sans droit de vote sous les coups de feu… Car Yaoundé s’en fous des voix de ces citoyens de seconde catérgories… Nous avons tous vu cela. Mais alors, que conseilles-tu faire au concret?

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    1. Neo

      Ce que chacun peut faire concretement ? Ce sera le sujet d’un prochain billet.

      Celui ci avait pour but de déja nous faire passer de l’indiférence à l’indignation. Indignation qui est le moteur nous poussant à l’action.

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