Le modèle capitaliste a t-il un avenir ?

Le capitalisme est un système social caractérisé par l’existence de trois classes principales : celle des « rentiers », détenteurs de capital (= investisseurs = capitalistes), celle des « entrepreneurs » (= chefs d’entreprises) et celle des « travailleurs » (= salariés), et par la domination au sein de ce système de la classe des « capitalistes », d’où son nom.

Le rapport de force entre rentiers et entrepreneurs détermine le partage entre eux du surplus créé par le travail des travailleurs : les rentiers obtiennent les intérêts et ce qui reste du surplus revient aux entrepreneurs comme profit, à charge pour ces derniers de redistribuer à leur tour ce profit entre eux et les travailleurs dans une proportion que détermine le rapport de force existant entre ces deux classes.

L’introduction des stocks options à la fin des années 1970 permit aux rentiers et aux entrepreneurs, dont les intérêts coïncidaient dorénavant, de s’allier contre les salariés, dont la part dans le partage du surplus ne cessa pas de diminuer depuis. Les banques centrales, dirigées dès leur origine par les rentiers ou capitalistes (officiellement aux États-Unis et officieusement en Europe), ont toujours travaillé à leurs ordres et aujourd’hui plus que jamais. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les nations ont délégué une part toujours grandissante de leurs pouvoirs à leurs banques centrales qui sont devenues soit un État dans l’État (comme aux États-Unis) soit un État par-dessus les États (comme en Europe). Capitalistes et entrepreneurs, désormais alliés, encouragèrent la création d’un abysse de dettes contractées par les entreprises et par les travailleurs.Le processus était condamné à s’interrompre aussitôt qu’ils seraient tous insolvables, stade qui fut atteint en 2007.

Plutôt que d’enrayer la crise de la seule manière possible, c’est-à-dire en redéfinissant la donne entre rentiers, entrepreneurs et travailleurs, les gouvernements ont choisi d’encourager entreprises et travailleurs à s’endetter encore davantage, produisant ainsi de nouveaux intérêts dont bénéficient les rentiers, tandis que les banques centrales se voient confier parallèlement la tâche de créer de toutes pièces la montagne d’argent qui sera déversée dans l’abysse toujours plus profond de la dette. Captif désormais d’une rétroaction positive, autrement dit auto-renforçante, le capitalisme est entré dans une phase d’autodestruction.

© Paul Jorion.

2 Commentaires Le modèle capitaliste a t-il un avenir ?

  1. Proof

    Bien sur, capitalisme va exister, parce que socialisme et communisme ont bien montrés qu’ils ne sont pas viables. Déjà regardes le chaos financière et économique en Bélarus en mai 2011. C’était le seul pays en Europe qui utilisait système maximum rapproché à celle de communisme. Et qu’est-ce qu’ils ont avec tout leur contrôle de l’économie par leur gouvernement ? Leur monnaie rouble bélarusse a été dévalué pour 56% juste pendant 1 journée… C’est impossible de changer leur monnaie pour € ou $…

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  2. Neo

    @ Proof,

    L’existence du capitalisme si elle n’est pas encore remise en question, l’est du moins sous sa forme actuelle. Beaucoup d’économiste prédisent que les dix prochaines années verrons un changement radical du système. Reste à savoir vers quoi nous allons…

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