La génération Y sera celle du changement en Afrique (Part.2)


Je sais que la suite de mon article s’est fait attendre. Malheureusement, votre serviteur a été très pris ces derniers temps par les tracasseries administratives liées à son statut d’étranger en France. Alors, je ne vais pas mettre ta patience à l’épreuve plus longtemps. Continuons donc directement là où nous nous étions arrêtés. De quoi parlions nous? Ah oui!En quoi déjà sommes-nous différents de nos ainés? Hé bien…

Nous sommes branchés
Pas au sens où l’entendait la génération de nos parents. Nous, nous sommes littéralement branchés, connectés, câblés, voir même sans fil. La génération Y grandit avec des ordinateurs, l’internet, les téléphones mobiles, les jeux vidéo et les lecteurs mp3. Nous sommes des habitués du web qui fait petit à petit parti de notre quotidien, au même titre que la télévision pour nos ainés. La génération Y est collée à son mobile, beaucoup estiment d’ailleurs que le taux de croissance du marché de la téléphonie mobile en Afrique, l’un des plus élevés au monde, serait au coeur de la solution des problèmes économiques et sociaux du continent.

L’Etat n’a plus le monopole, ni le contrôle de l’information.
Bien sûr, il y aura toujours de nombreux dictateurs totalement obsédés par le contrôle de la moindre critique faite à leur égard. Nous voyons à quel point la liberté d’expression est une chimère dans des pays comme la Chine ou l’Égypte. Dans la plupart des pays africains, les médias public sont quasiment figés dans des modèles archaïques, avec des équipement datant des années 60. Mais avec le phénomène de la globalisation technologique, l’information deviens plus accessible pour les africains.

L’actualité et la politique n’est plus la même
La génération Y, contrairement à ce que leurs ainés aiment à croire, est sensible à la politique (pas celle de nos dirigeants actuels, ceci dit), aux problèmes sociaux et écologiques (que nous auront, nous, à affronter de notre vivant), et notre implication militante à travers internet est en pleine croissance, donnant, par là même, naissance à une nouvelle forme de militantisme. Nous suivons beaucoup l’actualité, mais pas dans les médias officiels, qui comme je le disait tantôt, ne plus que des coquilles vides au service de la propagande des partis au pouvoir. Dans de nombreux pays africains (pour ne pas dire la plupart), la confiance dans les média est très faible, ce qui nous a poussé à nous informer autrement, et pour les plus aguerris d’entre nous, à prendre en charge (seuls ou collectivement) ce qui était naguère le travail du journaliste : la vérification des sources et des conflit d’intérêts potentiels du média qui nous parle.

Notre sens de la hiérarchie est différent
Nous ne suivront pas aveuglément vos ordres parce que vous êtes le patron. Ce n’est pas de l’insubordination, ni de la rébellion. C’est juste une mutation dans la perception de la hiérarchie. Nous avons vus trop de Professeurs ou Docteurs « machin » (pourtant diplômés des meilleures écoles occidentales) perpétuer les pires pratiques en matière de management. La hiérarchie, au sein des systèmes sociaux qui font notre quotidien, est déterminée, en grande partie, par la reconnaissance qu’a le groupe de la compétence d’un leader, et non par le simple fait de son positionnement sur un organigramme. Je pense donc à ce titre que le modèle françafricain de l’Afrique à Papa vit actuellement ses dernières années…

Nous avons une conscience sociale
La bonne nouvelle, c’est que notre génération connait beaucoup moins les frontières que les précédentes. Le réseau internet, nos réseaux sociaux, la connexion permanente et les communautés pour tout et n’importe quoi ont transcendé la notion de frontières (qui d’ailleurs ont toujours été artificielles sur le continent africain). Il reste bien sur le continent des frontières linguistiques, mais même là, on trouve des intermédiaires qui se chargent d’assurer un rôle de passerelle pour donner accès à une culture globale de conscience sociale.

Au final…
Ignorer la voix de la génération Y est quelque chose qui n’est pas sans risques. Que ce soit pour les gouvernements ou les entreprises opérant en Afrique (je dirais même dans l’ensemble des pays en voie de développement), c’est tourner le dos à leur avenir et risquer une confrontation dont il ne peuvent sortir vainqueur. Que vous cherchiez à vendre un produit, à recruter ou à recueillir des votes, il faudra se faire à nos usages et à nos cultures, et ceux-ci sont radicalement différents. Il est encore temps pour nos dirigeants de l’accepter plutôt que de nous affronter, car quoi que vous fassiez, le monde appartient aux générations futures.

1 Commentaire La génération Y sera celle du changement en Afrique (Part.2)

  1. Bertein

    Très impressionant Monsieur votre réflexion sur la Génération Y que nous sommes.

    D’abord j’aime bien tes idées et j’aime bien le ton désinvolte, rebelle et revêche de tes articles. (Rien que le nom de domaine « immigré choisi » vaut le détour).

    Je te tire mon chapeau: effectivement la Génération Y va prendre le pouvoir et le pouvoir va se redistribuer de moins en moins verticalement et de plus en plus horizontalement.

    Je te le dis d’emblée, je ne suis pas du genre misérabiliste, je n’aime pas le discours victimiste même si je pèse avec soin chaque chose (la Françafrique est une réalité objective alors pourquoi nier les faits? A ce propos, intéressante réflexion que tu pourrais pousser un peu plus loin sur le changement des consciences avec l’avènement de la Génération Y au pouvoir).

    Je ne suis pas totalement né de la dernière pluie non plus, notre génération contient son contingent de brebis égarés et il y aura autant de crapules qu’avant. Pour autant, une rupture avec la génération X est bien là.

    Je serai ravi de pouvoir aller plus loin sur ce sujet et d’autres domaines

    En attendant, il y a cette intéressante émission que je te conseille sur la Génération Y: http://www.publicsenat.fr/vod/conversation-d-avenirs/generation-y/56124

    A bientôt immigré choisi,

    Rafael

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