« The leaders in every walk of life decide quickly, and firmly. » Napoleon Hill
Cet article est une réflexion plus poussée que je m’étais faite suite au précédent article sur le film « Eye in the Sky ». J’étais d’abord hésitant et puis, je me suis résolu à le publier. Parce que l’on m’a souvent reproché d’etre trop « dur », de bien souvent décider sans nécessairement tenir compte des états d’âme des autres; et que ce billet contient un début d’explication.
Contrairement a ce qui parait, prendre des décision difficiles ne requiert nullement des tonnes de tergiversations et de réflexions. La plupart des gens qui hésitent longtemps sur leurs choix ce sont des gens qui n’ont simplement pas ou peu conscience de leur hiérarchie des valeurs, et du coup, restent bloqués lorsque la vie les met face à un dilemme moral.
Le dilemme moral est une situation où la vie nous place face à un choix inévitable qui met en conflit notre système de valeurs. Il nous conduit à distinguer entre devoir (ce qu’on doit faire) et pouvoir (ce qu’on est capable de faire).
Exemple : Si je cache à ma conjointe que j’ai eu une aventure (juste parce que j’en avais envie), j’agirai de façon malhonnête; mais si je le lui avoue, elle risque de me quitter et cela brisera notre couple. Dans cet exemple, les valeurs d’honnêteté et de solidarité familiale entrent en conflit parce qu’elles suggèrent d’agir de deux façons différentes.
Autre exemple : Le médecin qui diagnostique un cancer terminal chez sa patiente qu’il connaît depuis longtemps. Compte tenu de l’état dépressif de celle-ci, il estime qu’elle ne supporterait pas de se savoir atteinte de cette maladie et risquerait même de se suicider. Dès lors, son devoir d’informer sa patiente de son état entre en conflit avec celui de ne pas détruire ce qui lui reste d’espoir dans la vie. Doit-il lui dire la vérité ou lui cacher sa condition?
La hiérarchisation des valeurs
Face à un dilemme éthique où des valeurs s’opposent, on essaie d’ordonner celles-ci en fonction de leur importance a nos yeux. Cet exercice s’appelle la hiérarchisation des valeurs. Il s’agit d’une étape essentielle pour tenter d’identifier la bonne action à poser : la meilleure solution au dilemme cherchera à concilier les valeurs selon leur ordre de priorité.
Dans l’exemple de l’adultère, si l’honnêteté l’emporte sur la solidarité familiale, la bonne chose à faire sera d’avouer celui-ci; par contre, si la solidarité familiale prime sur l’honnêteté, ne pas avouer sera la conduite à adopter. C’est la même chose pour le médecin à l’égard de sa patiente: la bonne action à poser entre l’informer ou non de sa condition dépendra de ce qui prime entre le principe de bienfaisance et le devoir de ne pas mentir chez ce dernier.
Dans la solution d’un dilemme, la valeur ou le principe primordial occupe la place centrale. Mais ça ne veut pas dire que les autres valeurs sont mises de côté pour autant : on cherche aussi à les promouvoir dans la mesure du possible. Il arrive toutefois que l’on ait affaire à un choix binaire où la conciliation est irréalisable (On ne peut pas plaire à tout le monde). Dans ce cas, seule la valeur primordiale sera retenue. Il arrive également qu’on ne parvienne pas à hiérarchiser les valeurs : il s’agit alors de négocier un compromis entre celles-ci.
Avoir conscience clairement de sa hiérarchie des valeurs permet de prendre des décisions plus facilement, et sans regrets. Avoir conscience de la hiérarchie des valeurs des autres, permet d’être bienveillants envers leurs choix à eux.
Plus je réfléchis à mes rapports avec mes semblables, plus je réalise que mon principal problème en société est que j’ai toujours été trop franc. J’ai toujours privilégié les valeurs d’honnêteté et de franchise par dessus toutes les autres. Or, beaucoup d’entre nous les humains avons besoin d’un peu d’illusions pour être heureux. Faute de quoi l’absurdité de la vie nous serait insupportable. Ayant longtemps observé les humains, j’ai compris que nous les Hommes n’avons pas toujours besoin d’entendre la vérité, mais juste d’être constament rassuré que ce que nous croyons vrai est la vérité. Du coup, ceux qui comme moi ont tendance à porter un regard froid et neutre sur le monde se condamnent automatiquement a l’enfer du silence et de la solitude. Voila la raison pour laquelle, une grande part de mon travail de développement personnel consiste à…apprendre à me taire face à débarasser de ceux qui ne supportent pas l’honnêteté ou la critique, à defaut d’accepter le role du tyran dans nos rapports. J’en suis encore bien loin. D’ailleurs l’existence même de ce blog ou site Angazamag en sont les preuve. ha ha ha ha! Bref, je suis tout a fait l’aise avec le fait de passer pour l’odieux connard. Encore que se comporter comme un connard ou être un connard sont deux choses bien différentes. Steve Jobs, bien qu’étant très très spirituel, était également connu pour être un “gourou” brutal, dominateur et égocentrique. Elon Munk n’est pas mieux.
C’est évident que décider de ce qui est moralement acceptable ou pas, ça ne se fait pas tout seul. Mais parce que nous sommes des êtres libres et responsables, capables de nous exprimer par l’art et par nos actes, nous sommes obligés de le faire. C’est parce qu’on devient libre qu’on se retrouve obligé de choisir. Il n’y a rien de pire pour un esprit libre que de se sentir bridé par des contraintes extérieures a lui-meme.
La tradition ancestrale, l’autorité religieuse ou politique qui régentait la morale n’existent plus lorsqu’on est libre. Nous sommes libres, rien ne se décide plus sans nous. Choisir, juger, voilà notre rôle. Bien sûr que notre monde actuel, chaotique, bruyant, ne nous aide pas à décider quoi faire ou ne pas faire. La liberté semble être autant un piège qu’un privilège. On seriat même tenté de se demander si ce n’est pas mieux finalement de n’être un simple numéro dans un jeu de hasard? Un simple acteur de la matrice ?
Face à la difficulté de choisir, face à la difficulté de vivre avec nos paradoxes, se manifeste un sentiment d’angoisse. L’art (musique, peinture, cinéma, littérature), l’innovation, bret toutes les créations intellectuelles, sont des moyen qu’ont les Hommes d’exprimer leur angoisse devant la perplexité des choix, les désordres de l’absurdité du monde. C’est même un des moyens les plus puissants et les plus nobles qui soient. Un autre moyen (le plus stupide), c’est la violence aveugle.
Ce n’est pas toujours facile de prendre la bonne décision lorsqu’on se retrouve au pied du mur ! De plus, c’est encore plus dur si une tierce personne est concernée dans cette prise de décision ! Très bel article 🙂
Tout à fait! D’où l’importance de connaitre sa hiérarchie des valeurs et celle des personnes concernées.