[Billet invité] Le Peuple Bamiléké du Cameroun et son rapport au Pouvoir. Part 1

Ce billet est Threat initialement publié sur twitter par @rêveur_incompris. J’ai, avec son aimable autorisation, entrepris de l’éditer et de le publier ici pour en favoriser sa diffusion compte tenu de sa pertinence.

A un tournant historique de l’histoire de notre pays nous remarquons tous une montée inquiétante du tribalisme et de la xénophobie. Et au milieu de ces attaques une tribu cristallise toutes les tensions « les Bamilékés »(P.S.: j’en suis un).

Dans mes échanges, avec des camerounais de tous horizons dans la vie courante déjà et même ici sur les réseaux sociaux,  j’ai fait un constant assez alarmant : beaucoup de clichés sont véhiculés sur les Bamilékés, mais peu de gens les connaissent vraiment et encore moins leur histoire.

J’ai donc décidé de faire ce thread, qui sera un peu long car chargé de faits historiques (je mettrai toutes mes sources à la fin du thread).Ce sera une analyse objective de notre peuple et de son histoire; dans le but que qu’il soit mieux connu par les autres frères camerounais et africains avec qui nous partageons un destin commun.

Il parlera de notre origine déjà, notre arrivée dans l’actuel Ouest Cameroun, la page sombre de notre histoire, mais aussi nos succès. Ce thread n’a un aucun cas pour but de faire l’apologie des Bamilékés non, il a pour but de raconter notre évolution dans l’histoire du Cameroun. J’espère avec ce Thread, promouvoir le vivre ensemble et la paix au Cameroun. Combattre la percée du tribalisme et de la xénophobie dans notre cher pays, le Cameroun que nous aimons tous.

Ce Thread va s’articuler en plusieurs parties

1- Origines du peuple Bamiléké

2- La guerre du Cameroun (1955-1962)

3- La Période du maquis

4- La Paix au Cameroun

5- Montée du tribalisme

6- Équilibre Régional

7- Les clichés sur les Bamilékés

 

I- Origine du peuple Bamiléké

Le Peuple Bamiléké, selon les travaux du Dr. Toukam (Symbolique des Arts Bamilékés Ouest Cameroun…) publié en 1988, serait originaire des Baladis de l’Égypte antique. Parti de la haute Égypte au IXe siècle de notre ère, Ils arrivèrent en région Tikar (actuel Centre- Ouest Cameroun) au XIIe siècle. Ils furent voisins des Tikar, mais n’ont jamais été descendant des Tikar, contrairement à une idée reçue… avance Rapide (Sinon le Thread serait trop long).

II- La guerre pour l’indépendance du Cameroun (1955-1962)

Cette guerre est méconnue du grand public camerounais, car elle n’est pas vraiment enseignée dans le système éducatif camerounais, tout comme le Putsch manqué du 6 Avril 1984 ne l’est pas (une pensée pour l’ancienne 1ère dame Germaine Ahidjo à Dakar).

Pour résumer cette période, le Cameroun était au sortie de la 2e guerre mondial un territoire de l’Empire colonial de France. Un certain Ruben Um Nyobe crée L’UPC (Union des populations du Cameroun) en 1948. Les ethnies Bassa et les Bamilékés (oui à l’époque on combattait ensemble) s’unissent dans l’UPC car ils s’insurgent contre l’exploitation, les injustices et les humiliations du colonialisme français et réclament l’indépendance immédiate et sans condition du Cameroun qui compte plus de 250 ethnies en son sein (la liberté ne se négocie pas). Le premier soulèvement nationaliste camerounais est né. Ce soulèvement populaire sera réprimé par le sang sous les ordres de l’ancien ministre d’outre-mer français Pierre Messmer (oui je sais tjrs la France) écoutez le vous-même. Il est très bavard, fier de lui sur le sujet et de sa stratégie utilisée pour massacrer les camerounais résistants à l’occupation française. Certains parlent de génocide (oui je dis bien génocide) des Bamilékés et Bassa, écoutons d’abord absolument le Premier ministre Pierre Messmer il est très fier de ce génocide https://youtu.be/VwizePdVrKA 

Un criminel cet ancien ministre Pierre Messmer je me demande pourquoi Il n’est pas encore à la C.P.I ? Bref Continuons! Le pilote d’hélicoptère pendant cette guerre Max Bardet avance le chiffre de 400.000 morts oui vous lisez bien!!!Écoutons les survivants https://www.youtube.com/watch?v=LRdl4kI071c

Les victimes sont en majorité en pays Bamiléké car les résistants upcistes (Bassa et Bamilékés) forcés à la clandestinité s’y cachaient; le relief de l’Ouest Cameroun (montagnes, forêts…) étant avantageux pour se cacher. Um Nyobe est finalement abattu en 1958 (R.I.P) par l’armée Française près de Boumnyebel en territoire Bassa, dans la foret où il se cachait. Vous l’aurez aisément compris l’histoire des peuples Bassa et Bamilékés est étroitement liée car ayant payés tous les deux au prix de leurs vies et de leur sang, l’indépendance du Cameroun.

Um Nyobe mort, Félix Moumié devient le leader de l’UPC, et continue la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Entre temps le Cameroun devient indépendant le 1er Janvier 1960 et son président n’est d’autre qu’Ahmadou Ahidjo (R.I.P à vous à Dakar) choisi par la France pour garder la main mise sur l’ancienne colonie.

Ahidjo, 1er président du Cameroun et originaire du Nord

Félix Moumié refusant cette indépendance de façade, continue la lutte en exil, les français les traquant lui et Ernest Ouandjié voulant les éliminer à tout prix pour garder le contrôle sur le Cameroun (Comme dab). Félix Moumié tombe dans un piège de William Bechtel, réserviste du SDECE, les services de renseignement extérieurs français. William Bechtel est envoyé à Genève par Jacques Foccart (le père de la françafrique) pour assassiner Moumié. Il l’empoisonne dans un restaurant à Genève, en versant du Thallium dans son apéritif (oui, bravo la France) le 2 Novembre 1960. Moumié décède le lendemain à 35 ans (R.I.P Moumié). Je tiens à rappeler que Moumié était né à Foumban dans l’Ouest Cameroun (Salam à tous nos frères Bamoun). Écoutons le témoignage triste de sa veuve maman Marthe Moumié abandonnée sans ressources pendant des années et finalement décédée dans des circonstances obscures. Regardez (et preparez vos mouchoirs) https://www.youtube.com/watch?v=n9Bq8AiogQY

III- La Période du maquis 1961-1971

Moumié étant mort assassiné lui aussi, Ernest Ouandjié, Bamiléké né à Bafoussam (Ouest) continue la lutte. Bassa et Bamilékés (oui toujours eux) décident de continuer la lutte en appliquant la stratégie de Ouandjié alias (Camarade Émile). Il multiplie les voyages pour acquérir des armes dans le but de libérer le Cameroun de l’influence française en renversant le président Ahidjo qui pour lui n’est qu’une marionnette de la France. Les services secrets français le traquent sans relâche sans jamais parvenir à le tuer (yes don Man). Ouandjié* rentre finalement au Cameroun clandestinement en 1961. Il prend les commandes de l’ALNK (Armée nationale de libération Kamerunaise), il prône une lutte armée en utilisant la guérilla, c.-à-d. une guerre d’harcèlements, d’embuscades, d’assassinats…sans ligne de front. Ça c’est chez les watt dis donc nous on a appelé ça « le Maquis ».

 

Pour l’anecdote Ernest Ouandjié se faisait appeler « Camarade Émile” car étant activement recherchés par les français, les « maquisards” se devaient de garder leur nom secret et chaque « maquisard » se devait d’avoir un nom d’emprunt « Camarade Rigobert » par exemple. Ils se cachaient principalement dans le Moungo (Nkongsamba), dans les Haut Plateaux de l’Ouest (Batié). Ouandjié ayant peu d’armes ils mènent de nombreux assassinats a la machette contre les fonctionnaires camerounais collabos, ils assassinent agents de forces de l’ordre, brûlent toute représentation des services de l’État camerounais nouvellement créé. Ouandjié ayant à cœur de venger ses camarades Um Nyobe et Moumié assassinés par la France est sans pitié. L’armée francaise ne sera pas en reste (une page très sombre de l’histoire du Cameroun qui n’est pas enseignée dans le système éducatif camerounais).

Militaires français exposant les têtes decapités des maquisards

Bénéficiant d’une grande sympathie dans l’Ouest de la part des Bamilékés traumatisés de subir des massacres sans répit depuis 1955, Car refusant de supporter les humiliations du colonialisme et même après cette indépendance de façade (même après la mort de Um Nyobe les Bamilékés ont continué la lutte car les 2 périodes de guerre se chevauchent : la guerre pour l’indépendance du Cameroun 1955-1962, et le maquis commence ses balbutiements en 1961 au retour de Ouandjié)…

Bref Continuons. On est en 1961. Comme je disais une bonne partie de la population est traumatisée par les massacres au Napalm, et les exécutions sommaires (têtes coupés et exposés au marché, viol…) sous le commandement de Pierre Messmer qui voulait en finir une fois pour toutes avec cet esprit rebelle Bamiléké et ainsi les briser psychologiquement. Le Colonel français Jean Lamberton trois mois après la proclamation de l’indépendance du pays écrivait déjà: « Le Cameroun s’engage sur les chemins de l’indépendance avec, dans sa chaussure, un caillou bien gênant. Ce caillou, c’est la présence d’une minorité ethnique : les Bamilékés »

La stratégie de Messmer porte ses fruits à partir de 1962. Même si Ouandjié s’était déclaré « Président du Kamerun sous maquis” oui oui S.E. Ernest Ouandjié en 1962 (difficile de donner une date comme Jai dit période sombre les historiens l’étudiant encore, mais n’hésitez à ajouter des informations fiables, si vous en avez en commentaires) une partie des Bamilékés collabore avec le tout nouveau gouvernement de Yaoundé. Ouandjié Président du Kamerun estimant présider l’Ouest et La région du Moungo avec le soutien des Bassa se considère comme l’égal d’Ahidjo.

Apprenant que certains Bamilékés travaillent de mèche avec le régime, est hors de lui s’installe alors la terreur à l’Ouest. Les maquisards assassinent tous ceux qui collaborent avec le régime à l’Ouest comme dans le Moungo(Littoral) ces deux territoires étant leur Q.G. Et ceux qui collaborent commencent eux à fournir en secret des informations au colonisateur sur les planques où se cachent les maquisards. Bref, des Bamilékés massacrent d’autres Bamilékés. Difficile d’évaluer le nombre de morts durant cette période car le régime a tout fait pour ne jamais communiquer de chiffres, voulant construire une nation forte.

Ahidjo comme Ouandjié finalement fatigués de cette guerre sans fin dans laquelle les camerounais s’entretuent, deviennent alors ouverts à la négociation pour la paix. Monseigneur A. Ndongmo est l’intermédiaire entre les deux hommes. Ouandjié veut se rendre mais souhaite négocier et veut que le respect qui lui est dû lui soit accordé c.-à-d. discuter d’égal à d’égal avec Ahidjo vu qu’il se considère comme le Président du Kamerun Libre sous maquis (Ouest Cameroun+ Moungo-Littoral). À partir de là, les versions divergent seul feu Monseigneur Ndongmo (R.I.P) aurait pu nous dire exactement ce qui s’est passé. Mais voici ce qu’on sait : Ouandjié est arrêté 19 août 1970 à Mbanga. Il est amené à la prison de Kondengui (oui ça existait déjà) à Yaoundé. Il est jugé et condamné à mort (weeh camarade Émile). Ahidjo hésitant et soucieux de bâtir l’unité nationale, la paix et la réconciliation, envisage de lui accorder une grâce présidentielle. Mais sous la pression de la France (par l’entremise de Jacques Foccart qui fera un voyage express depuis la France pour l’exiger) Son exécution sur la place publique est programmée le 15 janvier 1971 à Bafoussam, chef lieu du pays Bamiléké (une manière de marquer les esprits et décourager les derniers maquisards qui seraient tentés de continuer la lutte).

Ernest Ouandjié marchant seul, sans menotte, la tête haute, souriant vers le peloton d’exécution sur l’esplanade de la grande place de Bafoussam.

La zone est quadrillée par les militaires comme vous le voyez sur la photo car on avait peur que les maquisards empêchent son exécution. Avant d’être fusillé Ernest Ouandjié criera « vive le Cameroun Libre ». Pour l’anecdote le jeune Maurice Kamto assiste à cette exécution et dit avoir été marqué à vie par celle-ci. Ouandié meurt sur le coup (R.I.P Camarade Emile) et sera inhumé à Bafoussam.

PS : Um Nyobe, Felix Moumié et Ernest Ouandjie seront des années plus tard réhabilités et élevés au rang de héros nationaux par une loi mémorielle de l’assemblée Nationale du Cameroun pour avoir « œuvré pour la naissance du sentiment national, l’indépendance ou la construction du pays, le rayonnement de son histoire ou de sa culture ». 

Les Leaders de l’UPC (de gauche a droite premier rang): Castor Osende Afana, Abel Kingué, Ruben Um Nyobé, Felix Moumié, et Ernest Ouandié

IV- La Paix au Cameroun

IVa- L’Ouest post-maquis

Début 1971 Ouandié mort, l’Ouest et le Moungo (Nkongsamba), reviennent progressivement sous le contrôle du gouvernement d’Ahidjo. Les Bassa et les Bamilékés (Je vous ai dit que les 2 ci dérangent! lol) épuisés par près de 16 années de lutte armée font le point décident de cesser la guerre Contre la France et Ahidjo. Les Bamilékés étaient la population, la plus nombreuse du Cameroun avant l’indépendance, mais au début des années 1971 ils ne le sont plus. 50% à 70% de la population Bamiléké, des familles entières (mère, père, femmes, enfants…) ont été décimés (RIP). Oui vous êtes bien en plein cauchemar c’était vraiment comme dans Hôtel Rwanda). Le traumatisme est énorme, et la psychose règne chez les bamilekes. Pour tout empirer, après 16 ans de guerre, le contexte socio-économique à l’Ouest Cameroun est très mauvais, les incendies au Napalm ont détruit la plupart des cases, champs et fermes. Dans chaque village, le conseil de sages se réunit alors, et décide de faire le bilan de ces 16 années de guerre à l’Ouest (1955 à 1971). Les Bamilékés font le constat que faire de la politique ne leur a apporté que la guerre, les massacres et la pauvreté. A Bamendjou par exemple, S.M le Roi Sokoudjou Jean Rameau seul chef Bamiléké encore survivant de l’époque du maquis, prend une décision importante et ordre est donné dans le village que les Bamilékés doivent arrêter de débattre de politique nationale et adopter désormais une position de neutralité absolue (remercions Pierre Messmer). Ils décident de revenir paisiblement au commerce comme avant les indépendances car leur peuple a failli se faire entièrement génocider. Beaucoup de villages en arrivent à cette même conclusion. Le débat politique devient interdit dans les villages et les familles. Les Bamilékés reprennent *l’agriculture : car les terres de l’Ouest sont généralement très fertiles. On cultive y les bananes, le cacao, le mais, l’avocat, les ignames; et L’Élevage: les Bamilékés ont toujours excellé dans ce domaine, ils élèvent des porcs, volaille, chèvres… *Le commerce: les bamilékés en plus d’être auto suffisant alimentairement, sont de brillants et réputés très tenaces commerçants « quand il faut négocier les prix ». Le marché de Bafoussam est alors le plus grand marchés de l’Ouest, et les populations de tous villages Bamilékés s’y retrouvent alors pour les échanges. Et à cette époque les Bamilékés commencent à vendre leurs vivre au reste des camerounais.

Étant d’un naturel curieux certains Bamilékés étaient déjà partis très tôt à la découverte du reste du Cameroun. Je prends l’exemple de Fotso Victor (Fotso Group) qui quitta son Bandjoun natal, pour rejoindre Mbalmayo, et Jean Samuel Noutchogouin (CFAO group) qui quitta Bafoussam pour Nkongsamba tout d’abord puis Douala. Jai choisis ces deux précurseurs Bamilékés parmi tant d’autres, car chacun d’entre eux a publié un livre autobiographique que je vous conseille de vous procurer car intéressants. Dans le cas de Fotso Victor il s’agit de « le chemin de Hiala ». Dans le cas de Jean Samuel Noutchogouin, il s’agira d’ « À la mesure de mes pas ».

Ces précurseurs et bien d’autres sont allés découvrir le Cameroun indépendant et sont revenus parler a leurs frères des opportunités de commerce qui existent dans le reste du Cameroun (toutes les régions du Cameroun ne jouissant pas de l’auto suffisance alimentaire). C’est comme ça que les Bamilékés commencent à aller vendre leurs productions agricoles à Douala, à Yaoundé à Mbalmayo, aussi à Bamenda (Salutations à nos frères du N.O. et S.O.).

IVb- Le miracle Camerounais

Au milieu des années 1970, l’Ouest se remettant progressivement des 16 années de guerre se porte beaucoup mieux. Bafoussam se développe et le marché de Bafoussam est le point de rencontre de tous villages de la région de l’Ouest pour faire du commerce. A Douala (salut à tous les Duala), les Bamilékés découvrent Douala capitale économique en plein boom économique, grâce a ses activités portuaires. Le Cameroun étant en pleine construction les opportunités sont énormes dans tous les secteurs : hôteliers, industriels, négoce. Les Duala sont accueillants envers les Bamilékés. Les deux peuples faisaient déjà du commerce de vivres alimentaires ensemble et se rencontraient souvent dans le Moungo a Nkongsamba (salut a tous les frères de Nkongsamba) déjà depuis années. Les Bamilékés étant dynamiques et friands d’investissement ramènent des liquidités à Douala. À cette époque de post-indépendance il est important de rappeler que Paul Soppo Priso d’ethnie Duala, est le 1er millionnaire de l’histoire du Cameroun (chapeau à lui) il a fait fortune dans le BTP (Bâtiment et travaux publics), comme je vous ai dit, le Cameroun était un pays en construction, et les opportunités ne manquaient pas. Les Bamilékés sont impressionnés par la fortune et la puissance de Soppo Priso à Douala. il est l’homme plus riche du Cameroun. Mais aussi il est visionnaire. Il s’etait bati une petite fortune en rachetant l’entreprise de BTP d’un expatrié allemand qui quittait le Cameroun pour retourner en Allemagne. Ayant vite compris que Douala allait bientôt devenir un moteur économique du Cameroun, Il avait utilise alors sa fortune acquise dans les BTP pour investir massivement dans l’immobilier, il achète alors des pans entiers de Bonapriso (Hydrocarbure, Stade Soppo, avenue de Gaulle…) et Bonanjo (ancienne voirie municipale…). Je ne peux vraiment pas tout citer, mais pour que vous compreniez bien, Soppo est le plus grand propriétaire de terrain au Cameroun, tellement il en a.

Paul Soppo Priso, 1er millionnaire camerounais

Les Bamilékés arrivés à Douala voulant s’installer pour le commerce, Soppo ayant des terrains à profusion, faut ne pas être un génie pour savoir ce qui s’est passé. La vente de terrains aux Bamilékés et la construction d’immeubles d’habitations avec des appartements, qu’il loue aux expatriés européens au Cameroun, lui sont très lucratives. Soppo devient immensément riche. Les Bamilékés sont admirablement impressionnés par la réussite de Soppo. Alors qu’ils investissaient jusqu’à alors seulement dans le commerce et l’industrie, ils se mettent eux aussi à créer leurs sociétés immobilières et à acquérir encore plus des terrains à Douala. Les Bamilékés arrivent également à Yaounde la capitale politique du Cameroun. Ils y vendent bien sûr leurs vivres alimentaires mais Ahidjo voulant cultiver son image de rassembleur, accorde les opportunités économiques à tout le monde (les Nordistes, peuples du Centre, du Sud, bassa, de l’Est, de l’Ouest, de l’est, du N.O, S.O et même littoral). Ahidjo en homme sage et père de la nation a lui déjà compris que le vrai défi pour bâtir une nation camerounaise forte ne sera pas seulement économique, mais aussi ethnique. Car il faut faire cohabiter pacifiquement toutes ces ethnies. Il décide alors de promouvoir encore plus, le vivre ensemble au Cameroun. Il encourage dans ses discours les hommes du Nord à se rendre à l’Est, les Bamilékés de l’Ouest  à se rendre au Nord, les Douala au Sud… Vous l’aurez compris Ahidjo veut « un melting-pot national », il veut tuer dans l’œuf toute idée de tribalisme ou de repli identitaire au Cameroun. Le Cameroun étant encore une république fédérale, il organise un référendum et proclame « La République Unie du Cameroun » le 20 Mai 1972. Ahidjo ne voulant léser personne, les appels d’offres pour l’attribution de marchés publics sont ouverts à tous. Les seuls critères pour l’attribution des marchés publics sont la compétence du prestataire de service et le ratio cout/bénéfice dudit service. Les Bamilékés compétents obtiennent ainsi de nombreux marchés publics.

Svp ce qui va suivre, est très important pour la suite, de l’histoire de notre pays. Svp je répète pour tous ceux au qui, n’ont pas compris au fond de la salle restez concentrés.

En 1975 Ahidjo 3ans après l’unification du pays, toujours dans sa quête de plus d’unité nationale il veut éviter à tout prix toute surreprésentation d’une ethnie en particulier dans l’administration publique. Je répète soyez concentrés.

Ahidjo avait vu (suivez mon regard) le mal venir de loin. Le Cameroun est UN et INDIVISIBLE, il décide alors de promulguer un décret. Le décret présidentiel n° : 75/496 du 03 juillet 1975 qui prévoit la répartition équilibrée des places pour les concours administratifs en tenant compte de la «région d’origine» des parents du candidat. Je vous l’ai dit à partir d’ici il faut se concentrer car l’exercice intellectuel devient risqué. Retenez bien cette loi car on y reviendra dans la section consacrée à Paul Biya.

Le bilan économique des années Ahidjo

Ahidjo ayant une gestion extrêmement rigoureuse des finances publiques et investissant beaucoup dans de bons projets. Des compagnies nationales multiples sont nées sous Ahidjo (bravo Prési on appelle ça la compétence):

1964 – SOSUCAM

1967 – SNEC

1968 – SOCAPALM

1971 – SEMRY, CAMAIR

1973 – SONARA

1974 – SODECOTON, SONEL

1980 – SNH

Le Cameroun ravitaille les pays de l’actuelle CEMAC, et en vient même à accorder des aides humanitaires à l’Éthiopie, au Rwanda, à l’Inde, et la Chine ! (riez ou pleurez de l’ironie). On parle de MIRACLE CAMEROUNAIS avec un taux de croissance record de 13% entre 1977 et 1981.

A côté du Président Ahidjo, la photo l’ex 1ère Dame du Cameroun la généreuse et simple Mama Germaine Ahidjo (toujours exilée à Dakar, we don’t forget you😢😢😢)

La situation économique étant prospère…chiffres excellents, croissance du p.i.b, chômage quasi inexistant, la nation forte voulue par Ahidjo se consolide et le vivre ensemble règne au Cameroun. C’était la magie. Je tiens à redire pour tous ceux assis au fin fond de la classe (oui toi qui lit en ce moment) Qu’avec le Miracle Camerounais et la bonne santé économique, il n’existe alors aucune forme de tribalisme ou de xénophobie! Le Vivre ensemble règne. Le brassage ethnique est réel. Merci Ahidjo.

Mais ce sera hélas de courte durée. Nous attaquons les zones de turbulences car nous allons décrypter le régime Biya et les Bamilékés, je vous promets ce sera explosif. Attachez vos ceintures svp

IVc) Paul Biya

On va subdiviser cette partie car elle est complexe et vaste en 4 sous parties

A- Arrivée de Paul Biya au pouvoir

B- le Putsch manqué du 6 Avril 84

C- 1985 début de la crise économique et explosion du tribalisme

D- Les élections de 92

A- Arrivée de Paul Biya au pouvoir

Début 1982, Ahidjo qui est au pouvoir depuis 22 ans est malade, il est surmené et souffre de perte de mémoire constante. Des explications de sa veuve Germaine Ahidjo, exilée à Dakar. Elle est interviewée par le célèbre journaliste Alain Foka : https://www.youtube.com/watch?v=DTfcjf5zVG0

Tandis que ses médecins et même sa femme lui conseillent alors et de prendre un an pour se reposer, avant de revenir à la tête de l’État. Ahidjo lui choisit de démissionner tout simplement et de transmettre le pouvoir à quelqu’un d’autre (quel Homme, quel républicain!). Contre toute attente, Ahidjo démissionne et comme le prévoit la constitution, transmet le pouvoir à Paul Barthélemy Biya Bi Mvondo, 49 ans qui était alors son premier ministre. Il est jeune, moderne (c’est ce qu’on croyait), intègre (c’est qu’on croyait eyyy), et républicain (il n’est pas tribaliste lol).

Paul Biya

Selon Germaine Ahidjo, son mari lui donne 4 principales raisons pour lesquelles selon lui Biya était l’homme de la situation pour le remplacer : – Biya est jeune – Biya passait pour ne pas être tribaliste (ah Zamba loool) – il était bilingue (eihn? Massa) -il était surtout vierge politiquement.

La passation de pouvoir se passe merveilleusement bien, Biya est au top de sa popularité. Il séduit le peuple avec son image de jeune homme moderne, avec une vision moderne et libérale de la société (contrairement a un Ahidjo plus dur, plus autoritaire, et surtout vieillissant). Et il dit être pour plus de liberté d’expression pour les camerounais. Biya appelle alors régulièrement Ahidjo, pour lui demander des conseils dans la gestion de l’État, mais aussi pour la nomination de ministres ou de directeurs. Mais la lune de miel entre Ahidjo et Biya est de courte durée, les deux hommes réalisant qu’ils n’ont pas du tout la même nature se brouillent en juin 83 et ne se parlent plus. Biya se méfie maintenant d’Ahidjo. Souhaitant diminuer l’influence nordiste au sein de l’appareil d’État, le 18 juin 1983 il limoge quelques proches d’Ahidjo du gouvernement. Il dilue aussi le pouvoir militaire en nommant 4 nouveaux généraux, car les militaires étaient en majorité du Nord, la région d’Ahidjo. Philippe de Macedoine disait « diviser pour mieux pour régner ». Biya en ndon man a compris le message. Son coup de grâce est de morceler la région qu’on appelait alors le grand Nord à l’époque en 3 nouvelles régions (Le Nord, l’Adamaoua, l’extrême Nord). Yes Biya! Biya a amorcé ce qu’on va appeler le verrouillage du Système. Il commet alors une erreur qui sera fatale au Cameroun dans la gestion des affaires de l’État : il va choisir de privilégier la confiance sur la compétence (contrairement à Ahidjo). Voilà le début des ennuis, une élite politique corrompue émerge immédiatement.

L’émergence de cette élite politique corrompue jusqu’à l’os, aura pour conséquence directe tout d’abord le Putsch manqué du 6 avril 1984, puis la crise économique qui commence en 1985. Le Cameroun va alors vivre la page la plus noire de son histoire récente.

B- Le Putsch manqué du 6 Avril 1984

Un jeune militaire, le capitaine Guerandi Mbara, après ses études secondaires, entre à l’EMIA (École militaire inter-armées) de Yaoundé. Il en sortira sous-lieutenant 3 ans plus tard, dans la promotion du 20 Mai qui comprenait aussi deux célébrités : deux jeunes officiers du Burkina Faso (à l’époque Haute-Volta), avec lesquels il noue une solide et durable amitié. Il s’agit de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré (Je me demande pourquoi on nous cache que la légende africaine Sankara a été formée à l’EMIA à Yaoundé). Guerandi Mbara était à la tête de plusieurs cellules clandestines, de réflexion dans l’armée sur l’avenir du Cameroun. Il est un des principaux instigateurs du mouvement « j’ose » qui réunit plusieurs jeunes officiers militaires majoritairement du grand Nord. Le 6 avril 1984 au matin, les militaires du mouvement « j’ose », principalement issus de la garde républicaine se disant déçu de la présidence Biya à cause de l’explosion de la corruption, la montée du tribalisme, l’enrichissement illicite dans la fonction publique qui débutait, décident de prendre d’assaut le palais présidentiel, l’aéroport de Yaoundé et la radio nationale. Radio Cameroun 6 Avril 13h00 (Enregistrement original) svp prenez le temps d’écouter attentivement tout le communiqué qui parrait tellement d’actualité, comme une prophétie. C’est le sous-lieutenant Yaya Adoum qui parle https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=UL7c4lntkNg

« Camerounaises, Camerounais l’armée nationale vient de libérer le peuple de la bande à Biya, de leur tyrannie, de leur escroquerie, de leur rapine incalculable inqualifiable. Oui l’armée a décidé de mettre fin à la politique criminelle de cet individu contre l’unité nationale… »

Le Général Pierre Semengue l’officier le plus gradé de l’histoire l’armée camerounaise entre alors en jeu. Je tiens à rappeler que ce Beti né à Bikoka dans le Sud Cameroun (originaire donc du Sud Cameroun comme Biya) s’était déjà illustré sous les ordres de Pierre Messmer lors du génocide Bamiléké En massacrant les Bamilékés Sans pitié. Je dis sans pitié. Un génocidaire. Tous nos grands parents et arrière grands-parents, même ma propre grand-mère parlent encore de la barbarie de Pierre Semengue, qui exposait chaque matin avec ses hommes dans les marchés à l’Ouest Les têtes, les mains et pieds des Bamilékés indépendantistes, qu’ils exécutaient froidement. Bref…Semengue ayant eu vent de rumeurs d’insurrection, en homme d’expérience, a pris des mesures de précaution. Malgré qu’il soit incertain de la date d’exécution de la dite insurrection, Il a pris soin dans le plus grand secret, de consigner à quelques km de Yaounde une unité militaire composée d’hommes de confiance avec des armes et des munitions. Écoutez comment il va échapper à la mort, vu que les putschistes vont prendre d’assaut sa résidence et surtout comment il va sauver le régime Biya : https://www.youtube.com/watch?v=ZrfD_-1pepk

Le Général Pierre Semengue, sauveur de Paul Biya

Semengue avec l’aide du Feu General Samobo, originaire de Dschang, Ouest Cameroun donc Bamiléké (à l’époque colonel) sauvent Biya du coup d’Etat et le mouvement « j’ose » est vaincu. D’autres militaires comme Feu Général de division Mambou (Bamiléké originaire de Baham) ou Amougou philemon Ebogo participent ainsi au sauvetage du régime Biya. Biya une fois sauvé, sera sans pitié contre les putschistes, histoire d’affirmer son autorité. Tous les survivants du mouvement « j’ose » (issus principalement du Nord) sont exécutés : 70 morts officiels, 1053 arrestations, 50 condamnations à mort. R.I.P à tous ces valeureux soldats, majoritairement originaires du Nord, qui sont morts en essayant de nous sauver de la tyrannie que nous vivons actuellement. Eux avaient vu le mal de loin il y a 34ans. Ils ont vraiment payé le prix fort. Guerandi Mbara lui réussit à s’enfuir du Cameroun après l’échec du push, et se réfugie chez ses amis Thomas Sankara et Blaise Compaoré au Burkina Faso, qui lui offrent protection. Il y restera caché 30ans, jusqu’à sa disparition mystérieuse en  janvier 2013, suite « supposément » à une opération  secrète d’élimination menée par le régime de Paul Biya.

Biya alors sous le feu de cette crise politique et redevable envers l’armée, écarte définitivement des cadres forts de l’ancien régime. Ahidjo dont le rôle n’a jamais été démontré, jusqu’à aujourd’hui dans le Putsch, étant en repos médical en France au moment des événements, sera condamné à mort par contumace, tous ses biens (par exemple son ranch de Mbang Rey…) sont confisqués. Le nom d’Ahidjo est rayé de tous les livres d’histoires du Cameroun. Pauvre Ahidjo. Regardez le témoignage de Maman Germaine Ahidjo, e x-Première Dame du Cameroun sur le putsch de 1984 et leur exil au Sénégal. Elle explique leur situation là-bas comment elle n’a même pas eu droit à un passeport camerounais https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=ia5qHL44fNw

Le 1er président du Cameroun Amadou Ahidjo, mourra à Dakar en 1989 de suite de maladies. C’est uniquement grâce à la générosité du président sénégalais Senghor, qu’il aura des obsèques et une tombe digne de son rang à Dakar. R.I.P. ;(

Sépulture d’Ahmadou Ahidjo au cimetière musulman de Dakar

Semengue, le feu Général Samobo, Mambou, Amougou et tous les militaires qui ont contribué à sauver le régime Biya sont fortement récompensés (Biya a toujours très bien traité les militaires qui défendaient son régime. Avez-vous déjà vu les militaires se plaindre au Cameroun?)

Pendant presque une dizaine années, les ressortissants du Nord, vont alors être vu d’un très très mauvais œil et même carrément discriminés au Cameroun. Le pouvoir utilisera toute sorte de méthodes pour les réprimer et les marginaliser. L’historien Eugène Fonssi dira: «Le régime de Biya a vu en cette tentative de coup d’État la main de l’aristocratie peule du Nord, et il en a tiré toutes les conséquences. L’un des effets les plus notables est la montée du tribalisme au Cameroun.» Vous avez bien lu « tribalisme ». La sorcellerie va commencer! Et les Nordistes en seront les premières victimes. Il faudra attendre la loi d’amnistie des putschistes de 1991, pour que les choses se calment pour les camerounais originaires du Nord. Le nom d’Ahidjo est disons ça comme ça, « à peu près réhabilité dans les livres d’histoires ». Les prisonniers politiques sont libérés. Un exemple marquant, Dakole Daissalla originaire du Nord a été enfermé pendant 8 ans sans aucune inculpation ni procès, innocenté et nommé plus tard ministre des postes et des telecom. Il dira parlant de son emprisonnement « c’est plus grand malentendu de l’histoire nationale ».

Nous avons donc déroulé les événements majeurs, du Putsch manqué du 6 Avril 1984 mais aussi ses conséquences. Encore une foi R.I.P à tous les victimes de cet événement tragique. Nous allons revenir en 1984, juste après le Putsch pour évoquer la crise économique qui débute en 1985.

C- 1985 début de la crise économique et explosion du tribalisme

Paul Biya depuis le Putsch manqué du 6 Avril 84 n’est plus le même. Il se méfie désormais de tout le monde (c’est normal on a essayé de le tuer! lol). Biya va alors effectuer, ce que les psychologues appellent « le repli identitaire ». Ayant failli perdre la vie, a cause des gens du Nord (selon lui), il va se retourner vers les membres de sa tribu originaires du Sud. Biya pour asseoir son obsession de « verrouiller le système », sa propre sécurité va devenir son obsession. Il va nommer ses proches (originaires du Sud) à tous les postes clés de l’administration. Je tiens à rappeler ici que Biya est Béti plus précisément Bulu. Les Beti sont un peuple d’Afrique centrale présent au Sud Cameroun et au Gabon. Il comprend notamment les Eton (ou Eton), les Kóló (appelés abusivement Ewondo), les Bulu, les Manguissa, les Etenga et les Mvele. Il continue alors sur sa lancée en avant toute, toujours privilégier la confiance sur la compétence dans le choix de son entourage et l’histoire lui donnera terriblement tort sur ce point.

Nous voici donc en 1985 et la crise économique, toque à la porte du Cameroun. Rappelons qu’il est président depuis 82. Le 24 mars 1985 à Bamenda, Biya soucieux de prendre le contrôle total de l’appareil Étatique et politique dans sa logique de verrouillage complet du système (sa seule obsession depuis 82, asseoir son pouvoir sur le Cameroun) dissous l’UNC, le parti fondé par Ahidjo et créée le RDPC le parti de la flamme. Je rappelle qu’on est toujours à l’époque du parti unique ou parti État. Cette mutation a pour but de faire disparaître complètement, toute influence d’Ahidjo père de la nation sur le parti unique. Biya crée sa machine de guerre, à ses ordres avec son ADN. Ahhh le R.

Comme je le disais tantôt, vous l’aurez compris sa seule préoccupation était d’avoir la main mise et le contrôle total sur l’État. Ceci pour éviter qu’il n’y ai plus jamais de mouvement « J’ose ». Depuis 1983 eihn ça date pas d’aujourd’hui assurer son pouvoir à vie sur le Cameroun (verrouiller l’état ok popol on a compris). Pendant cette année 1985, Biya commence à payer cher sa politique de verrouillage de l’appareil de l’État. Le résultat de cette politique sont la gabegie financière (exactement comme dans « le crocodile du botswanga »), la corruption, et l’explosion du tribalisme (la confiance fondée sur l’appartenance ethnique au lieu de la compétence). Salut Président Bobo.

Mais c’est réellement en 1986 que le Cameroun va partir à la dérive que nous lui connaissons aujourd’hui La chute de moitié du cours du pétrole a fragilisé l’économie, et les cours mondiaux décroissants de café, cacao, coton et caoutchouc n’ont rien arrangé. Les recettes de cacao et café : -25% Déficit fiscal en 1987-1988: -6% du PIB Déficit de balance des paiements en 1986-1987: -8,8%. C’est facile d’accuser les facteurs exogènes mais le pays lui-même n’était pas en reste. La gestion calamiteuse des entreprises publiques, servant de mangeoires à une élite politique, entamée en 1982 s’intensifie à cette époque. Fermetures de banques multiples incapables de recouvrer les créances: Société Camerounaise de Banque (SCB) Banque Internationale pour l’Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC), la Cameroun Bank Limited, Banque de paris et des Pays-Bas du Cameroun (PARIBAS-CAM)…toutes liquidées par l’État. D’autres banques internationales anglo-saxonnes ferment leurs succursales camerounaises. C’est là que l’indolence camerounaise s’est démontrée. L’ancien président Ahidjo depuis son exil était allé jusqu’à prétendre que la crise passerait à travers le pays sans le toucher. Car il avait laissé le pays avec une croissance à 13% et beaucoup d’argent dans les caisses et dans les comptes. Cependant il n’aurait jamais imaginé, que cette élite politique qui entourait Biya était si prédatrice et corrompue jusqu’à l’os. Ils ont tout dilapidé. Ahidjo en apprenant que le Cameroun est à genoux devant le FMI et la Banque Mondiale va avoir un choc. Il comprend alors que son dur labeur pour mettre le Cameroun sur la voie du développement, le travail de toute une vie a été réduit à néant par le système Biya. Il est effondré, il n’en croit ni ses oreilles ni ses yeux.

Limiter les effets de la récession comme le recommande le FMI? non non  » Le Président sait ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit  » dira un certain Professeur de la République. De 1982 à 1988, le nombre de fonctionnaires est passé de 80 000 à 180 000. Nouveaux ministères créés, budgets doublés… bravoo Biya.

Parlons de la croissance négative en cette fin des années 80… -6,4% en 1987; -13,3% en 1988. Il a fallu attendre 1987 pour que Biya reconnaisse enfin la crise économique, bloque les recrutements à la fonction publique et baisse les budgets d’investissement public. Too late! C’est exactement en 1988 que le Cameroun entre dans l’initiative « Pays Pauvre Très Endetté » du FMI, promettant de soutenir un gros plan d’ajustement structurel imposé par le FMI : liquidation des entreprises publiques, baisses budgets publics, réductions de salaires de fonctionnaires. L’élite politique a à peine respecté les exigences du plan. 1989 : Baisse du PIB de 11% Investissements publics : -40% Revenus d’importation : -50% Excédent commercial : de 201 à 45 Milliards entre 85 et 88 Production : -14% de 1984 à 1991. La compétitivité camerounaises était au plus bas en début d’années 90. Dette publique : 17% en 1975 contre 53% en 1991… 128,8% en 1997 (année d’élections) ! (n’importe quel économiste ferait une dépression en analysant ces chiffres en 82 et 97. Un vrai massacre)

Ce sont des chiffres bien ternes, mais ce qu’il en était de la vie des populations devait être encore pire… Effectifs compressés de 20% dans les entreprises, chômage passant de 7,3% en 1980 à 24,6% en 1990, pauvreté à Douala de 2% en 1983 à 30% en 1993. Le revenu par habitant ayant baissé de 50% entre 1986 et 1993! Voilà je vous l’avais dit plus haut, Biya va payer cher sa politique de verrouillage du système. Le Cameroun n’est pas au bord du gouffre non non, le Cameroun est dans le gouffre a cause d’une gestion désastreuse.

Mais en dépit de cette crise économique majeure qui secoue le pays, trois groupes ethniques s’en sortent plutôt bien comparés aux autres. L’économie du pays appartient majoritairement à deux groupes « les Bamilékés » et « les Nordistes ». Le 3e groupe qui se distingue c’est l’élite politique issue du Sud, les Béti, avec une bourgeoise émergente autour du Paul Biya qui se nourrit du détournement des biens publics.

En 1987 Paul Biya au plus bas dans l’opinion publique, décide d’accorder une interview au journaliste de la crtv Eric Chindje, pour redorer son image. Dans cette interview Paul Biya bavard et même réaliste sur la situation économique aborde les sujets sur toutes les lèvres à l’époque : la corruption et la mauvaise gestion de la fortune publique, mais aussi ce phénomène de plus en plus courant celui des fonctionnaires millionnaires dans l’administration. On parle bien de faits datant de 87, des faits ayant été constatés par toute la société camerounaise il y a 31ans! Et 31 ans plus tard même dans la nouvelle technologie rien n’a changé? Immobilisme? Pour ceux qui veulent lire l’interview complète, voilà le lien pour la télécharger https://t.co/uOvCgmmMQk

Bon n’hésitez pas à commenter cette interview qui date de 1987. N’hésitez pas svp et à demander aux supporters de Biya qu’ils nous expliquent 31ans d’immobilisme. Car cette interview de 1987 décrit point pour point la situation actuelle dans l’administration de notre pays aujourd’hui en 2018. Je répète 31 ans se sont écoulés depuis cette interview mais rien n’a changé, ça a même empiré si les fonctionnaires étaient millionnaires en 87, aujourd’hui ils sont milliardaires.

Cette analyse de la situation des Bamilékés au Cameroun, est vaste mais elle se termine bientôt. N’oubliez pas tous les éléments abordés auront leur utilité, pour la compréhension de la situation désastreuse actuelle, pour comprendre ce tribalisme anti-Bamiléké au Cameroun.

Les Bamilékés en 1987 dominaient déjà largement l’économie camerounaise. Quelques réussites Bamilékés légendaires : -Fotso victor (Bandjoun) a créé des fleurons de l’industrie tel que Pilcam depuis 1970, Unalor, Fermencam… – Notchougouing Jean Samuel Provenderies du Cameroun – Feu Pierre Tchanque (Bazou) avec Nobra Brasseries dès 1982 pour concurrencer les brasseries du Cameroun – Feu Kadji Defosso (Bana) a créé les brasseries ucb (Kadji beer, pamplemousse ucb) depuis 1972 – le Dr. Paul Kammogne Fokam (Baham)en 1987 vient de créer CCEI(caisse commune d’épargne et d’investissement)qui deviendra Afriland first Bank (1ère banque du Cameroun aujourd’hui) -Feu André Sohaing(Bayangam) avec Akwa Palace et des sociétés immobilières. Vous avez ainsi toute une bourgeoise Bamiléké qui prospère avec des Joseph Tchoupe, Kouam Samuel, Monkam Pascal (hôtels Lafalaise),Luc Monthe avec son fils Claude Juimo Monthe (parfait garden)… papa les Bamilékés dérangent! Ils étaient trop nombreux à réussir dans les affaires.

Du côté des Nordistes El Hadj Fadil A.Hassoumi avec la compagnie CCC(savon)et l’hôtel le méridien dont il laissera la gestion à Baba Ahmadou Danpullo l’homme le plus riche d’Afrique francophone actuellement, à cette époque est déjà un homme d’affaires prospère, grâce à ses licences d’importation de riz, ses activités de camionneurs. Ses fils Bayrou Fadil(CCC) et Mamoudou »Mamess »Fadil (Hotels Le Méridien. La citation »le meilleur oreiller est une conscience tranquille » est de lui merci). Alhadji Abbo a lui fait fortune dans le bétail et dans les transports avec ses camions. Il est l’un plus grand producteur de mais avec Maiscam… Je rappelle encore que nous sommes ici en 1987. Comme vous l’avez constaté deux bourgeoisies, une Bamiléké et une Nordiste, prospèrent dans le secteur privé.

Pendant que cette bourgeoisie Bamiléké prospère dans le domaine privé, beaucoup d’intellectuels Bamilékés émergent aussi dans l’espace public : Le Pr. Maurice Kamto qui rentre dès le début des années 80 au Cameroun après des études en France, Le Dr. Celestin Monga aujourd’hui un des vice-président de la BAD (banque africaine de développement) André Siaka sorti Ingénieur de Polytech paris, il travaille au Brasseries du Cameroun depuis 1976, et y fera 25 ans en tant que D.G.; le Pr. Sidjoun Pokam (philosophe et un des actuels plénipotentiaires de l’institution LAA’KAM) Le Pr. Augustin Kontchou Kouomegni…

Vous mêmes vous voyez que nos frères Bamilékés ont énormément prospéré dans ce Cameroun post-indépendance. Ah eux mêmes ils exagèrent! Ils sont presque partout sauf en politique car ils sont devenus apolitiques depuis le génocide Bamiléké vous vous souvenez ???  Je vais vous donner ici des chiffres tirés de l’ouvrage « Bamiléké vs le Cameroun » du Pr. Jean Baptiste Onana, chiffres des années 1976 qui montrent, la domination des Bamilékés sur l’économie Camerounaise « le dernier recensement de 1976 atteste aux Bamiléké un poids économique loin d’être négligeable: 58 % des importateurs nationaux, 94 % des propriétaires de boutiques dans les grands centres urbains, 75 % des négociateurs de cacao et de café, 47 % des grossistes industriels 80% des patrons de la flotte de taxis,50 % des commerçants informels,75 % des hôteliers et 50 % des transporteurs routiers interurbains. » Vous comprendrez qu’entre 1976 et 1987, cette domination économique n’a fait que s’accentuer malgré la crise économique, ils prospèrent.

On s’aimait tous pendant le miracle Camerounais. Mais avec la crise économique, on va assister à nouveau au repli identitaire et une explosion du tribalisme spécialement à Douala et Yaoundé. En période de crise, il faut bien désigner un coupable. Ce qu’on va alors appeler le « Problème Bamiléké », va alors devenir un vrai débat de société. La nomination par le Vatican de Monseigneur Gabriel Simo (Bamiléké) à l’archidiocèse de Douala, crée un tollé dans l’église catholique au littoral (on parle bien de prêtres, le tribalisme n’épargne personne) au point où 51 prêtres autochtones de l’archidiocèse de Douala (sur 80) vont adresser au Vatican un mémorandum daté du 16.03.1987, prétendant apporter un éclairage nouveau sur la nomination de Mgr Simo. Mais en vrai, ils s’élèvent contre ce qu’ils appellent lisez bien « la bamilékisation de la hiérarchie catholique du Cameroun tendant à la prise du pouvoir politique ».  Vraiment du tribalisme dans l’église catholique incroyable!!!

Monseigneur Gabriel Simo

Tous ces événements vont alors pousser des intellectuels, à sortir des livres sur le tribalisme. Le Pr. Sidjoun Pokam  sort un livre « la philosophie politique trahie, le monofascisme » dès 1986. Six ans plus tard le Professeur Moukoko Priso et Elenga Mbuyenga sortiront « Tribalisme et problème national en Afrique noire » il est largement question du tribalisme au Cameroun et du problème Bamiléké. Où ils analysent en détail le tribalisme anti-Bamiléké et mettent la lumière sur la manipulation de l’élite politique (majoritairement Béti), qui se sert de l’ignorance du peuple et des graves problèmes économiques de l’époque pour faire monter tribalisme anti-Bamiléké pour ainsi diviser les camerounais et les distraire des vrais problèmes dans le but de conserver le pouvoir politique.

N’oubliez jamais Philippe de Macédoine « diviser pour mieux régner » notre l’élite politique l’a compris dès les années 1984. C’est pour ça qu’ils vont utiliser le tribalisme, « l’arme des faibles, l’arme de ceux qui ont tout échoué », car oui ils ont échoué complètement échoué dans leur gestion du Pays. Le pays est au fond du gouffre avec la crise économique qui a débuté dès 1985 à cause de leur gestion désastreuse du pays. Comme Biya lui même l’a reconnu dans son interview, on assiste au phénomène des fonctionnaires millionnaires et toute une classe bourgeoise de fonctionnaires Béti a émergé uniquement grâce au pouvoir politique. Mais pour détourner le débat, il fallait désigner des bous-émissaires. Après les Nordistes (depuis le push manqué), ce fut au tour des Bamilékés.

Le 11 mars 1987, au cours d’une table ronde à l’Université de Yaoundé sur « La Littérature politique au Cameroun », le philosophe Hubert Mono-Ndjana (Beti et supporter de Biya dès 82) surprenait et effrayait son auditoire en lui imposant un néologisme : « l’ethnofascisme ». Il qualifiait ainsi certains ouvrages politiques dont les auteurs sont tous Bamilékés, et considérés par l’orateur comme « les intellectuels organiques de l’ethnoFascisme qui menace l’État, technique de mobilisation et finalement tactique pour la conquête du pouvoir regroupement autour d’une ethnie pour conquérir le pouvoir ». Voilà des formules bien inquiétantes, réveillant en nous le souvenir de sombres périodes de l’histoire. Une réflexion s’imposait, qui révélerait les enjeux politiques, idéologiques, philosophiques d’un tel discours. Mais déjà c’est quoi l’ethno- facisme dont parle Hubert Mono Djana?

Le Fascisme: est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême.

Ethnie: ensemble de personnes que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la langue et la culture.

Donc l’ethno-fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême, celui de l’ethnie. Très inquiétant comme idéologie.

Donc en réponse au livre de Sidjoun Pokam de 1986, Hubert Mono Djana sort en 1987 « De l’ethnofascisme dans la littérature politique camerounaise » petit ouvrage de 80 pages, accusant les Bamilékés non seulement de se victimiser, mais d’être quelque part tribalistes. Et surtout de comploter pour prendre le pouvoir au Cameroun (Wandaful!!). Je tiens à rappeler ici encore que depuis le génocide dont ils ont été victimes en luttant contre la colonisation et pour l’indépendance du Cameroun, les Bamilékés sont devenus très largement apolitiques et très peu représentés dans l’administration publique au Cameroun. Avec ces données là, on ne comprend pas par sur quoi se basent, les attaques d’Hubert Mono Njana, vu que les Bamilékés ne demandent qu’à faire du commerce et n’ont aucune revendication politique, puisqu’ils sont apolitiques depuis le traumatisme collectif des débuts des années 70.

A partir de là deux idéologies, vont s’affronter dans les milieux intellectuels et universitaires au Cameroun. Ce combat continue encore aujourd’hui. D’un coté les intellectuels et universitaires Bamilékés qui demandent à être respectés avec le Pr. Sindjoun Pokam en tête, et de l’autre les intellectuels Beti et l’élite politique qui disent que les Bamilékés ont déjà le pouvoir économique, et sont ethno-fascistes c-à-d qu’ils complotent pour s’emparer également le pouvoir politique au Cameroun. Nous sommes en 1987 svp!

L’histoire prouvera qu’ils avaient torts puisque le tout 1er candidat Bamiléké à la présidentielle réellement crédible et doté de moyens n’arrivera que 31 ans plus tard en 2018…en la personne du Pr. Maurice Kamto.

Entretemps, le pouvoir de Biya sera à nouveau sérieusement menacé en 1992 par Ni JohnFru Ndi, un anglophone du Nord-Ouest. Ceux ci deviendront à leur tour victimes du tribalisme instrumentalisé.

To be Continued…

6 Commentaires [Billet invité] Le Peuple Bamiléké du Cameroun et son rapport au Pouvoir. Part 1

  1. Freddy Ndi

    Un article au goût assez amer. Deux ans déjà que je suis abonné à ce Blog et je ne peux que louer votre travail. Beaucoup d’efforts dans le travail de recherche avec des références presque toutes exactes. Pour tout ça Bravo!
    Je me permet quand même d’apporter une modeste contribution à tout ça.
    Il ya une chose qui est formidable avec l’histoire c’est qu’elle soit une, complète, indépendante ,objective et parfaite. L’histoire est une science parfaite. Des faits se déroulent et il n’y a qu’une seule vérité. Vous avez pris la peine de relater le genocide De grand ouest « la guerre d’indépendance  » puis la période Post indépendance du maquis. Des références justes pour la plupart mais je reste perplexe sur le fait que vous racontiez l’histoire d’un point de vue unique . Le Cameroun était il composé de deux seules ethnies à cette époque? Pourquoi n’avoir mentionné que les bassa /duala /côtiers et tous azimuts comme combattants au côtés des bamilekes? Sur votre photo illustrative il y a pourtant Osende Afana present aux côtés de Um Nyobe et Ouandie. Vous auriez oublié de mentionner qu’il est beti ou vous l’ignoriez ? Que faisaient les ressortissants de l’est et du grand sud? Ceux du sud et nord ouest? Vous n’avez rien mentionné d’héroïque sur eux mais avez créé une opposition directe entre l’héroïsme,les martyrs du mâquis et biensur la montée au pouvoir de Paul Biya et du système corrompu mené par une élite supposement Beti… c’est trop facile de raconter ainsi.

    Dans les faits le RDPC de Biya est une machine bien plus compliquée que cela. Ce qui la rend puissante c’est surtout le fait que, loin de vos/de nos réflexions ethnocentriques, les représentants des ethnies majoritaires sont tous présents à sa table. Niat Nji Fenji par exemple était déjà haut cadre de l’état dans les années 70 et ministre des 91. NON pas que j’essaye de voiler le fait que l’écrasante majorité des décideurs viennent du grand sud mais je crois qu’il faut comprendre ce qui a permis à ce système de perdurer. La longévité de ce système vient donc également du soutien de certaines élites originaires de l’ouest, des régions anglophones et surtout du grand nord (Malgré toutes frustrations et ressentiments d’ailleurs! )

    L’ethnie Bamiléké est une énorme richesse de notre pays. C’est notre vitrine, notre joyau. Pour moi l’ouest du Cameroun c’est comme la Bavière en Allemagne. Une culture riche une grande fierté et une tradition unique. Pourtant vous verrez que chez les allemands ça ne cause aucun pb à personne. Parce que chaque région à ses fiertés et contributions chaque région a une histoire qu’il faut respecter! Et non categoriser, caricaturer et/ou bafouer. Oui l’unité n’est possible que dans LE RESPECT.

    Ce repli identitaire qui fait mal à notre pays se nourrit des articles comme celui ci. Mentionner l’ethnie Beti des dictateurs et leurs obligés et biensur ne pas oublier de marquer au rouge qui est héros comme étant de ma propre ethnie. Dans les années 90 Mongo Beti s’engageait déjà au sein du SDF. Envoyé en Exil pour subversion, pourquoi ne pas le mentionner ? Ou sont les Endeley des années 50? Bon on va vous l’accorder l’article était déjà des le départ centré sur « le peuple Bamiléké et son rapport au pouvoir « ça n’enlève pas que je trouve la juxtaposition des références profondément malsaine (sorry).

    Au final quel apport revêt cet article du point de vue scientifique? A vous d’évaluer, seulement je trouve ça dangereux que certaines personnes ignorent les autres dans leur histoire et dans leurs sensibilités. Le grand sud ce n’est pas qu’une bande de bobos fils de fonctionnaires ou hauts cadres corrompus du pays. C’est SURTOUT (et je le sais car j’ai vécu dans cette région sans en être originaire ) beaucoup de frustrations. Beaucoup de jeunes qui sont pauvres et qui ont peur. Les gens ont un ras le bol indescriptible de ce pouvoir et ses machinations et pas qu’à l’ouest. C’est des jeunes frustrés d’être considérés comme des privilégiés. Des gens à qui le Cameroun ne fera peut être plus jamais confiance à cause de leur père ou fils ou je sais pas quoi les a à jamais trahi en les reléguant à des caricatures de voleurs et de paresseux! Oui pour beaucoup de Beti, Biya est la pire chose qui soit arrivée à leur ethnie. C’est un traître, lui et ses acolytes de par le pays. Au final On ne peut endiguer cette guerre tribale en ajoutant de l’huile sur le feu. Se valoriser, mais être indulgent envers les autres ,les comprendre LIRE LEUR HISTOIRE pour mieux les juger.

    Et si tout le monde faisait ça, glorifier son histoire et assombrir, noircir celle de l’autre ?

    J’ai hâte de lire vos prochains articles. Du point de vue sociologique ce serait bien de s’interroger sur l’origine du sentiment anti Bamiléké (oui il existe !) de la plupart des ethnies contre les Bamiléké. Par exemple d’où vient la gué guerre entre bassa et Bamiléké? Je suis curieux. Mais svp pas de facilités, pas de « c’est une bande de gros jaloux, tous ceux qui n’aiment pas les Bamiléké  » lol. Sinon un grand merci pour ce Blog franchement un grand mega giga **BIG UP**

    DE LA PART d’un camerounais fier et frustré quand même

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    1. Neo

      @Freddy,

      Merci pour ton commentaire pertinent. Les precisions en valaient la peine.

      Je pense qu’il netait pas question pour l’auteur de faire l’apologie des des uns en critiquant les autres. Il s’agissait encore moins de raconter toute l’histoire telle une science exacte, mais plutot de raconter l’histoire de facon ethnocentrée telle qu’il l’a vecue lui. Car l’histoire depends tjr du point de vue de celui qui la raconte. Un colon français, un combattant upciste, un nordiste, un Douala, ou un Beti pourraient raconter la même histoire qu’on en aurait des compréhensions totalement differentes.

      Si je suis Bamileke, Je raconte mon histoire telle que je lai vecue moi. Je raconte que jai perdu des membres de ma famille dans la guerre. Je raconte que mon village fut incendié au napalm. Quon ne me fais pas confiance a certains endroits simplement a cause de mon nom. Parce que cest celà mon vécu. Il ne s’agit pas d’une accusation ou une revendication quelconque. Que faisait mon frère du Sud pendant ce temps ? Je nen sais pas grand chose. Je netais pas au Sud. Je suppose quil vivait son histoire. Et qui dautre que lui même est mieux placé pour la raconter? D’où l’importance de raconter chacun nos propres histoires, et de corroborer nos vecus les uns les autres. Cest le sens de ce billet. Nous ecouter les uns les autres, afin d’être plus comprehensifs. Plus ouverts Et plus tolérants.

      La suite de larticle apportera plus de détails sur le role des elites bamilekes (comme Niat que tu cites) et des raisons de leur collusion avec le régime Biya. Encore une fois il nest pas question de faire dun côté les gentils et de lautre les méchants. Mais darriver a une conclusion simple : peu importe nos origines, nous sommes tous des prisonniers frustrées de ce système. Et nous devons apprendre a vivre ensemble comme des frères sinon nous mourrons tous comme des idiots.

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    2. Leonel

      « Se valoriser, mais être indulgent envers les autres ,les comprendre LIRE LEUR HISTOIRE pour mieux les juger. »

      Vous buvez quoi ? J’ai beaucoup apprécié ce commentaire qui vient illustrer mes pensés et sentiments, si non bel article.

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  2. Freddy Ndi

    Logiquement il y a effectivement une troisième sous partie qui concernera les élections de 1992. Je crois que ça va éclaircir certaines choses

    Comme j’ai essayé d’expliquer il n’existe aucun problème dans les faits relatés. La chose que je trouve réellement embarrassante c’est l’effet de la juxtaposition des éléments et références sur le lecteur qui ne maîtrise pas l’histoire de notre pays. On va faire simple. L’ethnie Betit est mentionnée pour désigner trois personnes Biya, Semengue, Ndjana c’est à dire le dictateur et deux de ses fervents camarades. LE seul Beti qui soit quelque peu lié à l’héroïsme et au nationalisme qui apparaît dans cet article c’est Castor Ostende Afana mais curieusement son ethnie n’est pas mentionnée! Coïncidence? Simple ommission? J’ai du mal à croire quand on voit que les ethnies des élites et Pioniers originaires d’autres régions ont été clairement mentionnées.

    Quelles conclusions peut on tenir sur le rôle des différentes ethnies dans la tragédie économique de notre pays a travers cet article?

    Pour moi le plus triste avec cette gueguerre entre tribus et ethnies c’est bien le fait qu’elle limite souvent le Cameroun à deux ou trois ethnies qui se sentent trop fières pour penser ensemble

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    1. Reveur incompris

      Bon déjà étant l’auteur de cette analyse, parce que c’est une analyse de l’histoire des Bamilékés au Cameroun et des causes qui ont créé la situation actuelle, je pense être le mieux placé pr repondre.

      Déjà il faut remettre tout ceci dans son contexte ceci était un thread sur Twitter, d’où la forme du texte, et le manque de détails sur certains éléments, ou le fait que certains faits ne sont pas assez
      nuancés.

      Ce texte est ethno-centrée « le peuple Bamiléké Cameroun », je pense que je le précise dès le depart, je raconte l’histoire des Bamilékés et leur rencontre avec les autres peuples du Cameroun et non « l’histoire des ethnies du Cameroun ».

      Vous vous plaignez que l’ethnie Béti ici est tjrs dépeinte de façon négative, mais je suis désolé dans cette rencontre avec les Bamilékés l histoire va très vite opposer ces deux peuples, vu que le pays Béti fut très tôt (par rapport aux autres regions du Cameroun) christianisé par les colons allemands, ils étaient déjà les premiers avec le peuple sawa à intégrer l’administration coloniale (ex: Charles Antagana),logique la capitale camerounaise étant Yaoundé(province centre-sud). Puis avec les français cela va continuer, le Dr. Louis Paul Ajoulat va faire émerger de tte caste de fonctionnaires camerounais (Mbida, Biya, Ahidjo…) et les officiers de l’armée camerounaise dont le 1er est Semengue sont dont naturellement en majorité Béti.

      C’est donc logiquement que la plupart des soldats de l’armée camerounaise seront de cette ethnie, au moment de la guerre du Cameroun, ils vont donc sous « le commandement des français » massacrer les Bamilékés. Voilà où commence cette opposition. Puis Hubert Mono Djana va créer cette supercherie appelée « complot Bamiléké », la suite que le propriétaire de ce blog, n’a encore lu mais déjà posté sur mon compte twitter, raconte la suite « avec l’utilisation du tribalisme par le régime Biya coe arme pour conserver le pouvoir ».

      Par contre ne vous méprenez pas, car si vous avez voulu faire mon procès sur ma connaissance de l’histoire de mon pays, vous êtes un bien mauvais juge. Je sais très bien faire la différence entre l’élite politique Béti qui ne sert que ses intérêts et instrumentalise son peuple et le peuple Béti qui misère comme tout le reste des ethnies camerounaises. Le cultivateur de cacao Mvomeka’a n’a rien à avoir avec les agissements de Biya ou de ses sbires, ni la vendeuse de poisson de Kribi d’ailleurs… l’élite politique Béti ne sert que ses intérêts, et rien d’autre.

      Et les Béti anti Biya comme Mongo Béti, le père Engelbert Mveng qui fut assassiné, jean marc Ela forcé à l’exil, Ebale Amougou forcé à l’exil, Titus Edzoa emprisonné, Ayissi Mvodo mort subitement, Pierre Engo emprisonné… la liste est longue, ont été persécutés voir tués pr avoir osé se dresser contre Biya. Mais aucun de ces personnages n’est évoqué, car comme j’ai dit c’est l’histoire d’une rencontre des Bamilékés avec les autres peuples du Cameroun et ces personnages n’ont pas été acteurs d’événements majeurs concernant les Bamilékés coe le sont Semengue, Hubert Mono Djana. Et les autres personnages Béti intervenant plutard.

      Concernant ce sentiment « anti-Bamiléké » cette « sorte » d’ unanimité qui existe au Cameroun contre eux, il est le produit de la propagande française pendant la guerre du Cameroun ou maquis où la DGR ( Doctrine de la Guerre Révolutionnaire) fut appliquée pr la première fois, pour éviter que les autres ethnies se joignent à leur lutte, on les a dépeint comme des « envahisseurs », des « etrangers »… mots qu’on utilise tjrs pr parler d’eux aujourd’hui d’ailleurs, ce qui n’est pas un hasard.

      Pour bien comprendre l’origine de cette haine souhaitée et créée par les francais pour pouvoir les décimer plus facilement, car c’était un génocide, le Colonel Lamberton dira « Le Cameroun s’engage sur le chemin de l’indépendance, avec, dans sa chaussure, un caillou bien gênant. Ce caillou, c’est la présence d’une minorité ethnique : les Bamiléké.. ». Les français ont créé cette haine contre eux, les intellectuels Béti vont la conceptualiser en créant « le complot Bamiléké » dans un but de conserver le pouvoir.

      P.s: En politique la haine ethnique ou tribalisme est utilisée à deux fins, soit pr conserver le pouvoir (l’élite politique au pouvoir lors de cette élection présidentielle 2018 au Cameroun l’a fait. Le président Juvénal Habyarimana le fit dès 90 pr conserver le pouvoir au rwanda, ce qui conduisit au génocide des Tutsi en 1994) soit pour prendre le pouvoir (Henri Conan Bedié le fit de 1993 à 1995 en côte d’Ivoire pr prendre le pouvoir.Denis Sassou Nguesso le fit en 97 qd il déclencha une guerre civile au Congo Brazzaville )

      Voilà l’origine de ce qu’on a appelé à partir de la fin des années 80, « le problème Bamiléké ». Attention des problèmes éthniques existent et existeront tjrs dans notre pays, cependant l’élite les a instrumentalisés à des fins politiques. J’espère que je vous ai apporté assez d’éléments pour mieux comprendre ce texte.

      « Le tribalisme c’est l’arme des faibles, l’arme de ceux qui ont tt échoué »

      Ou encore

      « Le tribalisme n’a aucune valeur en politique »

      Um Nyobè

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