Telle est une des critiques que j’entends le plus souvent, principalement de la part de ceux avec qui je suis profondément en désaccord, et qui bien souvent clôture le débat.
En effet, nul n’étant parfait, j’ai bien conscience de ce défaut. Néanmoins, le fait d’en comprendre les causes et origines me font toujours relativiser et accepter de passer pour l’odieux connard quand c’est nécessaire.
Je suis fortement allergique à l’incohérence dans le raisonnement.
A force de longues et profondes introspections, et à force de nombreuses lecture en quête de la connaissance de soi, j’ai fini par admettre que j’avais été « conçu » avec un esprit extrêmement rationnel. Il parait même que je serais du type de personnalité, qui d’après les psychologues serait de tous les types, celui à la logique la plus précise. Que je le veuille donc ou pas, sans même que j’en ai conscience, mon esprit hautement entraîné à rechercher la logique et la cohérence dans toute chose détecte presque instantanément les contradictions dans les comportements et les raisonnements des autres, aussi infimes soient-elles. Failles que je garde bien souvent pour moi, et que je ne manque pas de pointer quand c’est nécessaire, surtout quand je suis face à des gens plein de certitudes qui raisonnent de façon scolastique (J’explique un peu plus bas). Sans surprise, ce sont précisément ceux là (les scolastiques) qui me sortent le plus souvent les remarques sur mon caractère arrogant qui comble de l’ironie, est plus présent chez eux que chez moi (on ne voit que ce qu’on est). ha ha ha!
Apprendre à raisonner…et à argumenter
Avant de débattre et de chercher qui a raison ou tord dans une discussion il est important de comprendre comment l’esprit humain fonctionne. De façon naturelle, l’esprit humain dans le processus de réflexion, partira toujours d’un principe (ou prémisse) initial pour arriver à une conclusion. ça s’appelle le syllogisme. Exemple basique :
Principe : Tous les hommes sont mortel.
Observation : Neo est un homme.
Conclusion : Par conséquent, Neo est mortel.
Ce précepte général, est une des bases du raisonnement humain. Cependant, il y a deux façons fondamentale d’argumenter sur la base du raisonnement et vous ne pouvez pas penser de façon critique sans comprendre la différence entre les deux types : le raisonnement inductif et le raisonnement déductif. La différence n’est pas difficile à comprendre, mais elle est cruciale pour qui veux comprendre la raison profonde des désaccords entre les gens.
Le raisonnement inductif
Un argumentaire de base utilisant le raisonnement inductif ressemblerait à ceci :
Prémisse : Ma femme aime l’argent
Observation: Toutes les femmes j’ai rencontré avant elle aimaient l’argent.
Conclusion : Par conséquent, toutes les femmes sont matérialistes.
Le raisonnement inductif par d’une observation pour arriver a une généralité. Voici une autre façon de l’exprimer : « J’ai observé le monde, enregistré mes expériences, et les données que j’ai jusqu’ici me montrent que toutes les femmes sont matérialistes. »
Ce raisonnement n’est pas mauvais dans l’absolu, même si la conclusion est fausse (Il existe bien des femmes qui ne sont pas matérialistes). C’est même le type de raisonnement le plus couramment utilisé en sciences et il en existe plusieurs variantes :
- Généraliste : – Tirer une conclusion d’une généralisation. Par exemple, « Toutes les femmes j’ai rencontré aimaient l’argent. Donc les femmes sont probablement toutes matérialistes. »
- Statistique : – Tirer une conclusion basée sur les statistiques. Par exemple, « 95 pour cent des femmes aiment l’argent » (un chiffre arbitraire, bien sûr) ; « par conséquent, une femme inconnue choisie au hasard sera probablement matérialiste ».
- Échantillon – Tirer une conclusion au sujet d’un groupe à partir d’un groupe différent. Par exemple, « Il y a dix femmes dans mon voisinage et toutes aiment l’argent ; par conséquent, les femmes du quartier d’à coté aiment aussi l’argent « .
- Analogue – Tirer une conclusion basée sur les propriétés partagées de deux groupes. Par exemple, « Toutes les femmes camerounaises aiment l’argent. Les autres femmes africaines, antillaises et afro américaines ressemblent beaucoup aux femmes camerounaises. Par conséquent, toutes les femmes noires aiment probablement l’argent. »
- Prédictif – Tirer une conclusion à partir d’une prédiction faite à partir d’un échantillon passé. Par exemple, « J’ai visité le Cameroun l’an dernier et toutes les femmes que j’ai rencontré aimaient l’argent. Par conséquent, quand je reviendrais l’an prochain, tous les femmes que je rencontrerais aimerons probablement l’argent. »
- Par inférence causale – Tirer une conclusion fondée sur un lien de causalité. Par exemple, » Toutes les femmes camerounaises aiment l’argent. Je viens de croiser une femme qui aime l’argent. C’est probablement une camerounaise. »
Le raisonnement inductif est comme je l’ai dit tantôt, la méthode principalement utilisée en science : Physiques, Chimie, Biologie, Psychologie, Economie, etc. Les scientifiques recueillent des données ; ensuite, formulent des théories à partir de leurs données et en tirent des conclusions plausibles. Sauf que chaque fois que de nouvelles données apparaissent, leurs théories doivent changer pour s’ajuster en conséquence.
Le raisonnement déductif
Examinons maintenant un exemple de raisonnement déductif :
Prémisse : Tous les hommes sont infidèles.
Observation : Neo est un homme.
Conclusion : Par conséquent, Neo est infidèle.
Contrairement au raisonnement inductif, le déductif par plutôt d’une théorie générale pour arriver à une conclusion particulière. Si notre prémisse de départ (« tous les hommes sont infidèles ») est vrai et indiscutable, y a-t-il une possibilité que la conclusion soit fausse ?
La réponse est : Non. C’est là la nature même du raisonnement déductif. Avec de prémisses d’une vérité absolue et des déductions solides, vous pouvez savoir avec certitude que vos conclusions sont vraies. Ceci parce que le raisonnement déductif fait appel à la nécessité logique.
La déduction est ainsi la méthode de raisonnement principalement utilisée en mathématique (qui au passage n’est pas une science, contrairement à l’idée reçue). Des propositions comme « une pomme plus une pomme égale deux pommes » sont certainement vraies ; c’est une nécessité logique. Vous n’avez pas besoin de « sortir et de tester » si l’addition 1+1=2 est vraie ou non dans le monde réel, parce que les prémisses de départ sur lequel se fonde toutes les mathématiques (appelés Axiomes) sont des vérités absolues et indiscutables.
Pourquoi j’ai presque toujours raison face aux scolastiques
Après avoir décortiqué le raisonnement humain, examinons maintenant comment les gens utilisent l’un ou l’autre dans les débats. Je dirais que peu importe qu’ils raisonnent de façon inductive ou déductive, il existe deux types de personnes dans les débats : L’expérimental, et le scolastique.
L’expérimental que je suis, considère que la conclusion de notre raisonnement doit toujours être prise avec des réserves tant que le point de départ ou le principe initial n’est pas une vérité absolue. En d’autres termes, si le principe de départ « tous les hommes sont mortels » n’est pas une vérité absolue, alors la conclusion « Socrate est mortel » peut éventuellement être fausse. L’expérimental considérant aussi qu’il n’y a aucune vérité qui soit absolue (en dehors des principes mathématiques), admets pour tout le reste que les principes desquels nous partons, de même que les conclusions auxquelles nous arrivons, ne représenteront jamais que des vérités relatives. Le challenge de l’expérimental consistera donc à croire connaître ce qu’il ne connaît pas, et à prendre pour des vérités absolues des vérités qui ne sont que relatives. De sorte que la règle unique et fondamentale de l’investigation scientifique se réduit au doute, ainsi que l’ont déjà proclamé d’ailleurs de grands philosophes.
Le douteur est le vrai savant, car il doute en permanence de lui-même et de ses interprétations
Claude Bernard
Le scolastique est tout l’inverse de l’expérimental. Le scolastique veut toujours un point de départ fixe et indubitable, et ne pouvant le trouver ni dans les choses extérieures, ni dans la raison, il l’emprunte à une source irrationnelle quelconque : telle qu’une révélation, un dogme religieux, une tradition ou une autorité conventionnelle ou arbitraire. Une fois le point de départ posé, le scolastique en déduit logiquement toutes les conséquences, en invoquant même l’observation ou l’expérience des faits comme arguments quand ils sont en sa faveur; sa seule condition étant que le point de départ restera immuable et ne variera pas selon les expériences et les observations, mais qu’au contraire, les faits seront interprétés pour s’y adapter.
Voila pourquoi mes débats avec les gens « intelligents » mais qui raisonnent de facon scolatique tourne toujours court: ils prennent pour absolue et indiscutable des vérités qui ne sont que relatives, et justifient leur position par des arguments basés sur leurs expériences totalement subjectives. « Les blancs sont racistes », « Les hommes sont infidèles », « les bamilekes sont tribalistes », « les femmes noires sont matérialistes… », « l’homosexualité c’est mal… », « Dieu veut que… », etc… Toutes ces affirmations soit assénés soit comme des prémisse de départ de vérités absolues, soit comme des conclusions d’un prémisse de départ relatif considéré comme vérité absolue.
Une conclusion est soit forte ou faible, pas vraie ou fausse.
Une de mes dernières discussions politiques sur Facebook ressemblait a ceci :
– moi : Paul Biya n’a plus rien à donner au Camerounais. Il faut tourner la page de ce régime et laisser la place à un autre camerounais capable de reconstruire ce pays (prémisse relatif, qui demeure vrai jusqu’à preuve du contraire). Maurice Kamto semble le plus capable de tous les prétendants au pouvoir actuellement (observation tirée de mon expérience subjective et discutable). Je vais lui apporter mon soutien dans la lutte pour le changement au Cameroun (conclusion logique du raisonnement expérimental).
– Elle : Maurice Kamto ne sera jamais président (prémisse absolu et indiscutable). Parce qu’il est mauvais politicien et les bamilékes comme toi le soutiennent sont tribalistes calculateurs qui veulent s’imposer au camerounais par la force (observation subjective et discutable). Je me désolidarise de cette lutte politique et d’ailleurs je te retire même de mes amis (conclusion scolastique) .
Ma réponse a ce genre de raisonnement ne peux être que « Next! Et Bon débarras! I have no time to waste arguing with idiots!« , car non seulement le scolastique a un principe de départ qui n’a rien à voir avec le mien et qu’il considère immuable, mais ses observations et sa conclusion ne servent qu’à renforcer son principe de départ. Ainsi, débattre avec lui sur la relativité de son principe de départ serait non seulement inutile, mais aussi sans intérêt pour moi.
On ne débat pas avec les cons
Avant de discuter avec les gens, essayez de saisir leurs principes de départ et de vous entendre dessus. Si vous n’avez pas les mêmes principes de départs, ne perdez pas trop de temps à argumenter car ce ne sera qu’un langage de sourds.
L’expérimentateur n’admet jamais de point de départ immuable ; son principe est un postulat dont il déduit logiquement toutes les conséquences, mais sans jamais le considérer comme absolu et en dehors des atteintes de l’expérience. Toutes les théories qui servent de point de départ à l’expérimentateur, ne sont vraies que jusqu’à ce qu’on découvre qu’il y a des faits qu’elles ne renferment pas ou qui les contredisent. Lorsque ces faits contradictoires se montreront bien solidement établis, loin de se braquer, comme le scolastique, contre l’expérience, pour sauvegarder son point de départ, l’expérimentateur s’empressera, au contraire, de modifier sa théorie, parce qu’il sait que c’est la seule manière d’avancer et de faire des progrès (il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis).
L’expérimentateur doute donc toujours, même de son postulat de départ; il a l’esprit nécessairement modeste et souple, et accepte la contradiction à la seule condition qu’elle lui soit prouvée. Le scolastique lui, ne doute jamais de son point de départ, auquel il veut tout ramener; il a l’esprit orgueilleux et intolérant et n’accepte pas la contradiction, puisqu’il n’admet pas que son point de départ puisse changer. Ce qui sépare encore le systématique de l’expérimentateur, c’est que le premier impose son idée, tandis que le second ne la donne jamais que pour ce qu’elle vaut. Comme disait Morpheus dans Matrix, « ma conviction ne force personne à croire ».
Attention! Toi aussi tu risque de te tromper et comprendre mal ce que l’autre veut dire: quand « Elle » dit que Maurice Kamto ne sera jamais président, cela peut être aussi une affirmation relative qui demeure vraie jusqu’à preuve du contraire. Sa conclusion de se désolidariser est aussi logique car elle découle de son raisonnement. Son erreur est de te retirer de ses amis, ce qui traduit un manque d’ouverture de sa part et un blocage grave. Mais, comme on dit… chacun a ses raisons…
@Titicaca,
Je ne remet pas en cause son raisonnement et ses conclusions qui comme je l’ai montré sont cohérente. Ce que je remets en question c’est d’une part la faiblesse de son prémisse de départ; et SURTOUT d’autre part, le fait que son prémisse de départ n’a AUCUN rapport avec le mien. Du coup les bases de la discussion sont faussées.
Mon but était de démontrer que le système actuel a besoin d’etre remplacé TOUT DE SUITE (j’insiste beaucoup sur la nécessité de changement immédiat et minimisant l’après) tandis que elle insiste beaucoup sur LE DANGER de ce qui viendra après en minimisant le problème immédiat. On ne regarde donc pas la même chose. A quoi bon argumenter ? 🙂