******Cet article date de Aout 2009. Compte tenu du fait que c’est l’été et que je suis en vacances le blog passe en mode-semi-automatique et tournera légèrement au ralenti jusqu’à la rentrée. Durant ce temps, vous verrez donc quelques articles extraits des archives comme celui-ci automatiquement propulsés en page d’accueil******
Aujourd’hui, s’entendre dire “sale nègre” ou “sale arabe” en face est moins commun que du temps de nos parents. Eux et nos aïeux sont nés au temps de l’esclavage ou des colonies. Cette époque bénie où l’on pouvait aller au zoo pour jeter des cacahuètes aux macaques en même temps qu’à ces africains qu’on faisait venir des même forêts africaines. On vivait alors l’âge d’or de la Science où l’on débattait à la fois des premières théories de physique quantique et de la biologie de l’espèce “nègre”. “Sont-il vraiment des hommes? Sont-ils des bêtes sauvages? Sont-ils des primates un peu plus évolués?”
Passionnants débats!
Aujourd’hui, c’est vrai, on imaginerait moins ce genre de débat à la télé. Le législateur s’en est mêlé et il a décidé de punir les insultes à caractère raciste. Du coup, l’invective xénophobe disparu… Du moins, on en entend beaucoup moins sur la place publique. Mais ne nous y trompons pas.
Si on l’entend moins, c’est que le racisme s’est aristocratisé de nos jours! Il est maintenant confiné aux salons littéraires de ceux qui n’ont jamais touché un bouquin: je parle des occidentaux moyens qui confondent le « National Geographic Magazine » et « Jeune Afrique Economie ». Aujourd’hui négrophobie rime avec pédophilie. Si l’actualité nous a prouvé que c’est dans le cercle familiale qu’on se livre à d’honteuses partouzes qui mettent en scène de petits nienfants, l’expérience montre que c’est dans ce même cercle intimiste qu’on se laisse aller aux réflexions les plus gluantes. Au repas de Noël par exemple, où tonton Gaspard, vétéran de la Guerre d’Algérie et adhérent de la première heure de l’extrême droite locale, montre qu’il aurait pu tenter sa chance au Def Comedy Jam (l’équivalent US du Jamel Comedy Club):
– Un noir et un blanc sont en classe de sixième. Qui a le plus grand sexe?
… silence…
– Le noir, parce qu’il a 32 ans!
Hilarant. Tatie Danielle, dans son rôle de chauffeuse de salle brandit sa pancarte “applause please” et c’est toute la famille qui s’esclaffe en choeur. Ahhh Noël… son esprit de famille, ses papillotes, son sapin, ses guirlandes… ses soirées au coin du feu.
Parfois, ces commentaires s’invitent subtilement au boulot, à l’école ou dans le métro. Ils blessent. Ils agacent… et les réactions de ceux qui en sont les témoins directs ou celles des passifs auditeurs à qui l’on rapporte ces fâcheuses anecdote, diffèrent.
Il y a des nègres qui vocifèrent, crient et gesticulent.
Il y a ceux qui pleurent, ceux qui écrivent des articles et des pamphlets contestataires, ceux qui tentent d’initier une chaîne d’emails virale avec pour titre “SCANDALEUX! A ENVOYER A TOUS VOS CONTACTS”. Il y a ceux qui s’en plaignent à leurs collègues. Et il y a ceux qui écoutent ces mêmes collègues, qui les yeux pleins de compassion, leur donnent une tape paternelle dans le dos et leur conseillent d’abandonner leur pleurnicheries tout en leur prescrivant du tranxen 500. “Çà calmera ta diarrhée victimaire… tu verras. Un comprimé matin, midi et soir”. Il y a ceux qui s’indignent, ceux qui qui attaquent en justice. Il y a ceux qui s’organisent en association, ceux qui manifestent dans les rues, ceux qui pensent que Les Black Panthers c’était bien et qu’il faut refaire quelque chose de semblable aujourd’hui… Les Blacks Panthers 2. Ceux qui se disent que si le Black Consciousness Movement a marché pour l’Afrique du Sud, ça peut marcher pour ça aussi. Il y a ceux qui rejoignent les clubs. Club 21ème siècle. Club de la Renaissance Africaine. Club des amis de l’Afrique. Il y a ceux et celles qui adoptent la « white attitude » par imitation croyant qu’en se blanchissant la peau ou en portant des faux longs cheveux extensions ils/elles seront plus respecté(e)s… avant de vite déchanter.
Il y a également ceux qui sucent, qui embrassent la rhétorique de la “droite décomplexée” pour qui se plaindre d’avoir été victime de discrimination c’est forcément victimaire. Ceux qui minimisent les souffrances des leurs pour faire plaisir à Tonton Sarkozy. Brave Petits! Ceux qui acceptent qu’on les prenne pour du bétail. Les self-hating noirs. Ceux qui rejoignent les Ku Klux Klan des temps modernes maquillés en partis politiques. Ceux qui sucent défendent une personnalité après qu’il les ait humiliés publiquement. Celles et ceux qui sucent (au propre comme au figuré cette fois) pour être placés comme des pions à la tête des gouvernements africains corrompus. Il y a ceux qui sucent et ont regretté… mais continuent quand même. Il y a ceux qui sucent pour avoir une carte d’identité ou un passeport Européen, et qui quittent le navire comme des rats quand leur nouvelle patrie sombre.
Il y a tous ceux là…
… Et il y a ceux sourient doucement en se tenant à l’écart parce qu’ils ont tout compris.
Ceux qui savent que “Touche pas a mon pote”, “SOS Racisme”, RESF, les Syndicats, les ONG, les partis politiques… instrumentalisent les simples d’esprit et ne sont que les trépieds d’ambitieux qui se foutent de l’Afrique et des nègres comme de leur dernière chaussette. Eux ne sucent pas, eux ne manifestent pas, eux ne cherchent ni la gloire, ni la reconnaissance, ni le pouvoir… Eux, ne cherchent pas à plaire. Eux, recherchent la seule chose qui compte dans la vie : LE RESPECT.
* « Le monde se divise en deux catégories, ceux qui tiennent un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses… »
Clint Eastwood, in « Le bon, la brute et le truand ».