Quelles études choisir à BAC+5 et pourquoi?

Vous êtes en DUT, BTS ou Licence d’Economie, de Biologie, de Géographie, de Droit, de Gestion, Langues, etc.? Vous vous demandez s’il vous faut continuer en Master? Si oui, dans quel Master? Et dans quelle université? Sur place? A l’étranger? Voici (gratuitement) quelques réponses à vos questions, issus de mes propres expériences!

Primo : C’est si important de poursuivre ses études jusqu’en Master minimum?

Ma réponse est OUI. Démonstration en trois temps :

  • Toutes les statistiques convergent pour montrer que poursuivre en Master (plus généralement à bac+5) permet d’une part de réduire fortement l’exposition au chômage et, d’autre part, d’accéder à des emplois de qualité.
  • Les analystes de l’économie et de la sociologie expliquent bien pourquoi : poursuivre des études jusqu’en Master permet d’accumuler du capital humain (Becker), du capital social (Granovetter) et de se doter d’un signal positif (Spence). On fait des études non pas pour acquérir des compétences (les compétences s’acquièrent dans la pratique), mais pour acquérir des diplômes. Ce diplôme servira de signal au futur employeur. Par Exemple, un Master de Philosophie pourrait intéresser les entreprises, car il signale que l’étudiant diplômé aime se confronter à des études difficiles, aime réfléchir, est ouvert d’esprit, etc. L’organisation du système éducatif permet de repérer les meilleurs, à travers les signaux.
  • La question, pour des étudiants de Licence, est moins de savoir s’ils seront pris en Master (rassurez-vous, vous serez pris dans un Master) que de savoir s’ils seront pris dans un bon Master…

Secundo: N’est ce pas difficile d’être accepté en Master?

La réponse est NON. N’ayez pas peur d’être refusé dans une école/université. Il est très très facile d’être accepté dans une université, peu importe l’endroit du monde. Pourquoi? Simplement parce que l’offre de Masters a littéralement explosé; particulièrement dans les pays développés! Petit enchaînement historique:

  • Durant le baby-boom d’après guerre, de nombreuses écoles et universités avaient été construites pour face face à l’explosion du nombre de naissances en Europe et en Amérique. Aujourd’hui ces facultés se retrouvent presque vides, à cause de la baisse démographique et l’image plutôt calamiteuse de l’Université dans certains pays comme la France, où le must du must, les véritables élites, sont formés dans des grandes écoles à part entières.
  • La réponse apportée par les Universités pour tenter d’enrayer cette baisse consiste à augmenter l’offre de diplômes en ouvrant de nouvelles filières, notamment de Masters, afin d’accueilir de plus en plus d’étudiants (la plupart des Masters fonctionnent aujourd’hui avec moins de 30 étudiants).
  • Cette offre de Master est portée par des enseignants-chercheurs, que la direction des facultés n’ose pas contester, car le fonctionnement ultra-démocratique des facultés conduit à éviter coûte que coûte de se fâcher (l’échelon supérieur n’aura qu’à trancher!). L’offre de Masters des Universités remonte donc au Ministère… qui ne peut pas s’en remettre à l’échelon supérieur, car il n’y en a plus… mais qui peut avancer un argument de choc : « ouvrez autant de Masters que vous voulez, de toute façon votre budget alloué ne changera pas! »

Conséquence n°1 pour les universitaires : l’offre de Masters a explosé, les Masters tournent avec 15 étudiants environ (et encore…), il devient de plus en plus difficile de faire la distinction entre les bons masters et les mauvais masters, avec un problème à terme selon moi: le « signal » que constitue la détention d’un Master risque de se dégrader…

Conséquence n°2 pour les étudiants : il ne faut pas craindre de ne pas être pris en Master, il y en a tellement, et tous sont tellement à la recherche d’étudiants, que vous serez pris quelque part. Tout l’enjeu pour vous est d’être pris dans un bon Master. Les meilleurs Masters sont ultra sélectifs, et tiennent à conserver leur réputation. Entre le Master d’économie de l’université de Cambridge, et celui de l’Université de Limoges, il y a un énorme gouffre. Ensuite, viens le problème du financement. Beaucoup d’universités et d’écoles privées extrêmement chères, se sont spécialisés dans l’art de la pub séduisante, dans le seul but d’attirer les étudiants manquant d’informations, qui une fois inscrits dans ces écoles, se retrouvent piégés, et se sentent bernés en découvrant trop tard que le fameux Master n’allait pas leur ouvrir autant de portes qu’ils l’espéraient.

Voilà! Mon but est juste de donner un peu plus d’informations à ceux d’entres vous qui êtes en pleine réflexion sur votre orientation. J’invite vraiment les étudiants à prendre un maximum d’informations sur les Masters qui retiennent leur attention. En ne se limitant pas à l’intitulé du Master où à la liste des cours. Mais en demandant surtout des informations sur les débouchés, en réclamant la liste des anciens étudiants, en en contactant quelques-uns, pour qu’ils vous disent quels métiers ils exercent, quelle perception ils ont de leur ancienne formation, etc. Si vous estimez toujours que n’importe quel Bac+5 vous permettra de trouver un travail à la hauteur de vos espérances, je n’ai qu’une chose à vous dire : you’re definitely wrong!

2 Commentaires Quelles études choisir à BAC+5 et pourquoi?

  1. kotazo

    Très intéressant.

    Cependant, je vois que tu hiérarchises les formations. « le must du must » les grandes écoles, c’est-à-dire qu’une personne qui sort de l’ESC Dijon ou Chambéry serait mieux vu qu’un diplômé de l’université de Toulouse1 ou encore de l’IAE d’Aix en provence… par exemple.

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  2. Marc

    Trés bonne analyse, effectivement, en poussant ses études au maximum, on met toutes les chances de son coté de décrocher un poste intéréssant et d’éviter de passer par la case chomage. Et puis le plus des maters c’est de donner la part belle à la pratique en favorisant l’insertion de stages dans les cursus. Merci pour ces rappels qui sont trés importants pour l’ensemble des étudiants ambitieux.

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