De Ubuntu à NOFI : La philosophie du communautarisme à l’africaine

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UBUNTU.

Ce terme t’est très certainement familier si tu t’intéresses au monde de l’informatique et du logiciel libre. En effet, si beaucoup connaissent Ubuntu, le fameux système d’exploitation libre assemblé autour du noyau Linux; très peu sont au courant de l’origine africaine de ce terme et de sa portée philosophique.

Ubuntu (prononcer « ou-boun-tou » en français) est une philosophie humaniste africaine fondée sur une éthique de la solidarité reposant sur la relation à autrui. « Je suis ce que je suis grâce à ce que nos sommes tous ». Voilà comment pourrais se résumer cette philosophie dans laquelle j’ai baigné durant toute mon enfance passée en Afrique et qui constitue une majeure partie l’origine de ma philosophie sociale personnelle.

Si le terme Ubuntu provient des langues bantous d’Afrique subsaharienne, il n’en demeure pas moins que c’est un concept philosophique présent dans la quasi totalité des peuples et cultures d’Afrique noire. C’est une philosophie africaine traditionnelle qui nous offre une compréhension de nous-mêmes en relation avec le monde qui nous entoure. Selon Ubuntu, il existe un lien commun entre nous tous et c’est par ce lien, grâce à notre interaction avec les autres êtres humains, que nous découvrons nos propres qualités humaines. Ou comme les Zoulous d’Afrique du Sud diraient, « Umuntu ngumuntu ngabantu »; ce qui signifie que « Je suis parce que les autres sont ». Nous affirmons donc notre humanité quand nous reconnaissons celle des autres. L’archevêque sud-africain Desmond Tutu, lauréat du prix Nobel de la paix décrivait l’Ubuntu en ces termes :

« Quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi (qui vient de la connaissance qu’il ou elle a d’appartenir à quelque chose de plus grand) et qu’il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »

Voilà l’essence de l’être humain. Ce qui fait que mon humanité est prisonnière et est inextricablement liée à celle des autres : ma famille, mes voisins, mes amis, ma communauté, mon pays, le monde. Je suis humain parce que j’appartiens à l’espèce humaine. Ubuntu, ça parle de la plénitude, ça parle de la compassion. Une personne possédant l’Ubuntu est accueillante, hospitalière, chaleureuse, généreuse, désintéressée, et ouverte au partage. L’Ubuntu donne aux gens qui la possèdent la résilience; à savoir cette capacité à « rebondir », cette faculté de s’épanouir en surmontant des situations traumatiques, à s’adapter à un environnement changeant et à éviter de s’apitoyer sur ses malheurs. Si tu te demandais encore pourquoi les populations africaines bien que pauvres semblent dotés d’une extraordinaire joie de vivre, tu tiens ta réponse.

Dès le berceau, chaque enfant noir se voit inculquer ces qualités afin qu’une fois adulte, la philosophie Ubuntu devienne une façon de vivre. Je suis fermement convaincu que les principes de L’Ubuntu doivent être transmise à la nouvelle génération non seulement pour les aider à faire face à la mondialisation, mais aussi pour leur donner la capacité d’utiliser leurs connaissances dans l’intérêt de la communauté à laquelle ils appartiennent. Il est plus qu’urgent d’inculquer cette valeur à la jeunesse, puisque « l’enfant est le père de l’homme », comme disait Nietzche.

Des personnalités telles que Nelson Mandela, Martin Luther King, ou Thomas Sankara ont compris et pratiqué la philosophie d’Ubuntu. Nos actions, dans le monde pluriel postmoderne actuel, doivent s’en inspirer et réunir les contraires. Elles doivent embrasser et réunir un monde qui est à la fois sans-abri et bien logé, un monde qui est à la fois sain et en train de mourir, un monde à la fois fiction et réalité, un monde obèse et anorexique en même temps.

Lorsque ceux appartenant aux diasporas africaines commenceront à pratiquer l’Ubuntu nous pourrons être comme ces personnalités inspirantes, transformer notre monde. Lorsque nous agissons en ayant profondément le sentiment d’être relié à d’autres par notre humanité commune, lorsque nous considérons vraiment nous même et l’autre comme un seul, quand nous chérissons la dignité humaine, l’ensemble de nos relations et le niveau de nos comportements et nos actions sont portées à un plan supérieur. Lorsque nous comprenons et pratiquons l’Ubuntu nous nous rendrons compte que chacun de nous a un rôle vital à jouer, et que personne n’a besoin d’avoir l’impression de dominer l’autre ou d’être dominé. Nous devons « Briser les barrières. Tirer tout le monde vers le haut. Rassembler. » Voilà la raison pour laquelle je fais partie de la team NOFI.

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5 Commentaires De Ubuntu à NOFI : La philosophie du communautarisme à l’africaine

  1. shawn05

    Je connais très bien le système d’exploitation ubuntu mais j’en ignorais son sens XD
    en tout cas il colle parfaitement avec celui du logiciel libre ou open source où tout le monde peu participer a l’amélioration du logiciel pour le bien commun

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  2. margeurite07

    je fais un travail scolaire sur l’ubuntu ( la philosophie et non le programme de linux) et il me manque des infos, si qqun saurait m’aider ça serait super! En fait je voudrai savoir qui a parlé pour la première fois d’ ubuntu ou du moins quand ce terme est apparu pour la première fois pour désigner cette philosophie. Et enfin si il y a une liste avec des textes ou encore une liste des ses concepts!

    merci mille fois d’avance à celui ou celle qui me répondra 😀

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  3. Josué

    Mais cette philosophie semble dépassée dans un monde où les rapports de force « sont la réalité ». Dire à celui qui te tend un piège que tu te sens lié à lui, est-ce faire preuve d’une grande naïveté ? Qu’en dis tu

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    1. oceane

      Josué,

      Être Ubuntu ne signifie pas être passif, tendre l’autre joue pour se faire gifler à nouveau.

      La majeure partie de l’humanité accepterait d’appliquer cette philosophie tout simplement pas que, comme on dit en Afrique encore, une main a besoin de l’autre main pour se laver, pour être propre.
      Certes, le manchot se débrouille pour laver son unique main. Mais reconnais que les humains ont dans l’écrasante majorité deux mais. Et dans la majorité des humains, les foutteurs de merde sont comme les manchots, minoritaires.

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