[disclaimer : ceci ne concerne pas les projets à forte composante de recherche scientifique impliquant des dépôts de brevet, de molécules, de logiciels, …]
Ah les idées. Vaste concept ! Si j’en parle aujourd’hui c’est pour deux raisons principales : parce que j’en ai une qui me trotte dans la tête depuis quelques temps dont je voulais parler ici, et parce que l’une des personnes à qui j’ai présenté l’idée l’a trouvée excellente, et m’a tout simplement mis en garde contre les potentiels voleurs d’idées.
Un peu d’histoire…
Il y a quelques temps je discutais au téléphone avec une jeune entrepreneur qui avait déjà lancé sa boite de vente de cosmétiques afro. Je lui faisais part de mon idée de créer un web magazine culturel ciblant un lectorat afro-européen. Au détour de la conversation elle me dit « si je peux te donner un conseil, c’est de garder ton idée secrète et de faire gaffe à qui tu en parle car je sais par expérience que certains concurrents, avec beaucoup plus de moyens que toi, sont capables de te piquer ton idée et de l’exécuter encore mieux et plus vite que toi». D’abord indifférent à cette réflexion, je n’ai pu m’empêcher de la mettre en perspective avec ce que j’avais mainte fois entendu de la bouche même de nombreux entrepreneurs africains : le vol, le piratage d’idées sont un véritable fléau et en découragent plus d’un de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
En soi, je trouve cet argument un peu léger. Pour ceux qui ont vu le film « The Social Network » sorti au ciné récemment, l’histoire de la création de Facebook est un véritable cas d’école sur la valeur d’une idée. Il existe trois catégories de gens à mon avis.
« Je suis le seul au monde à y avoir pensé »
La première, c’est l’immense majorité des gens qui pense qu’il faut avoir une idée absolument géniale et unique pour se lancer. De mes lectures de bouquins sur l’entrepreneuriat, et aussi pour avoir rencontré des entrepreneurs, des investisseurs travaillant sur des tas de projets à tous niveaux de développement, j’ai appris que ce n’est jamais le cas. En général, les idées sont comme les spermatozoïdes. Elles naissent, vivent plus ou moins longtemps et meurent. Elles sont toujours reprises, adaptées, améliorées, échangées… La plupart des entreprises n’ont même pas besoin de réinventer la roue. Elles fonctionnent sur un business model éprouvé. Alors, si vous pensez avoir une idée géniale dans votre sommeil, dites vous que quelqu’un quelque part a déjà eu la même idée que vous.
« Mais ils vont me la voler ! »
La seconde catégorie, c’est celle qui croit que l’idée est tellement géniale qu’il faut l’entourer du secret-défense. C’est peut-être pire que la première catégorie… Ils ont une idée, mais ils ne peuvent pas t’en dire plus. C’est « top secret ». Souvent donc le type de cette catégorie reste sur ses positions, travaille en secret, attend le moment parfait pour annoncer à la face du monde sa révolution… et finalement s’apercevoir qu’elle est décalée par rapport aux attentes du marché, ou que quelqu’un d’autre l’a pris de court et a conçu quelque chose de plus adapté. Pour moi, si quelqu’un me vole mon idée, j’en serais plutôt content. Ce serait la preuve qu’elle était vraiment géniale. Des concurrents avec plus ou moins de moyens, il y en aura toujours tôt ou tard. Il ne faut pas les craindre ! Au contraire ! Il faut se battre, se différencier ! Les affronter sur le terrain…
« Le projet tant qu’il n’existe que sur le papier, ne vaut quasiment rien »
La troisième catégorie, vous l’aurez compris, est celle que j’affectionne. Il s’agit de ceux qui, de manière très ouverte, cherchent à améliorer l’idée et la faire vivre en la confrontant au maximum de feedback possible. Ceux-là sont des gagneurs ! Et même si l’idée ne se révèle pas la bonne, ils la font évoluer et rencontrent en chemin des bonnes volontés prêtes à les aider ! Et les meilleurs feedback sont en général les futurs clients potentiels.
Alors, envie de partager vos idées ?
« Tout le monde a eu un jour une idée en prenant sa douche. Mais la différence est parmi ceux qui sortent de la douche, se sèchent et commencent à la réaliser. » Nolan Bushnell
Je pense que le meilleur des gars, celui que je nommerai « gagnant », serait celui là qui saura d’une facon ou d’une autre synthétiser les 3 catégories de personnes.
En fait, je crois qu’il ne faudrait pas être suffisamment égoïste ou « gueulard » pour pousser l’audace de dire que l’idée qu’on a eue, on a été le seul sur toute la planète à y avoir pensé à un moment ou à un autre.
Et après avoir eu l’idée en question, il sera plutôt imprudent et même un peu con de la chanter sur tous les toits sans avoir la moindre certitude qu’on pourrait en profiter d’une façon ou d’une autre. J’appellerais cela de la « donation passive ». Pas que j’ai un pépin contre les dons, mais juste que je pense qu’il existe des contextes précis dans lesquels il faudrait le faire.
Pour la troisième façon de considérer l’idée, je pense que c’est celle dont la proportion dans « le gagnant » devrait être la plus grande, j’entends par là, supérieur aux 2 autres façons. En effet, ce n’est que grâce aux confrontations (à d’autres idées étrangères), aux avis externes de personnes plus ou moins expérimentées, bref à une suffisante ouverture d’esprit que l’idée brute (et même peut-être un peu précaire) de départ pourrait grandir, évoluer, se perfectionner, s’adapter même à la société ou au public visé.
Je crois que le moins avantageux serait de décider d’être 100% fan d’une des 3 catégories de personnes, puis envoyer les autres balader. Faudrait être suffisamment subtile pour n’en faire des 3 qu’une seule.
Bel article!
🙂
Bon article, je me rends bien compte en étudiant mon projet d’entreprise que cela existe déjà. Mais est-ce que ce doit être une raison suffisante pour ne pas franchir le pas surtout si je considère pouvoir me différencier et se faisant améliorer l’existant…
Comme le disait le collègue sur le 1er commentaire, dans la vie, il est toujours question d’équilibre à trouver.
Article intéressant et plein de bon sens. Effectivement une idée ne vaut rien en tant que telle, et tout est une question d’exécution. Je te laisse méditer sur cette citation du créateur de Facebook, qui n’a rien inventé de nouveau mais a amélioré ce que faisaient déjà COPAINS D’AVANT te consorts : “Getting there first is not what it’s all about. What matters always is execution. Always.”
Bon courage pour ton blog,
Yoann
@ Yoann Romano,
Merçi pour tes encouragements. Effectivement, Facebook est la preuve que seule l’exécution compte. Le Film the social network le montre d’ailleurs assez bien.
Excellent article. Parler de son idee est la premiere etude de marché qu on puisse s’offrir. En plus beaucoup d’idées ne sont pas réalisées. Alors pourquoi ne pas les partager? C’est le pari de ce site qui partagés des idées d entreprise pour l Afrique : http://www.africaidea.com
Très belle analyse que je partage.
http://psychorganisons.com/2012/07/23/ne-triche-pas-chez-moi-car-jai-de-lavance-en-idees-et-peut-etre-en-innovation/