Après avoir parlé d’entrepreneurs millionaires dans les précédents épisodes cette série, il est temps de parler d’un autre type de success stories : celui de scientifiques.
Cheick Modibo Diarra est actuellement un des rares scientifiques africains à jouir d’une réputation mondialement reconnue. Rien ne semblait pourtant prédisposer à un tel parcours cet enfant né au Mali en 1952, et dont l’itinéraire n’est pas celui d’un « premier de la classe », mais plutôt celui d’un jeune turbulent qui rate ses examens ou néglige de les passer.
Après avoir obtenu son bac au Mali, Cheick Modibo Diarra quitte son bled natal et débarque à Paris où il s’inscrit à la fac de Jussieu (Université Pierre et Marie Curie). S’en sortant pas mal, il étudie les mathématiques, la physique et la mécanique analytique et obtiens une licence, puis un Master. Une fois ses diplomes en poche, il quitte la France déçu par le système et l’absence de perspectives. Il parcourt le monde à la recherche de sa voie, et finit par se poser aux Etats-Unis. Le véritable déclic vient plus tard, quand il intègre l’université Howard de Washington où il avait pourtant posé sa candidature presque « comme un gag ». Et c’est là que la NASA (National Aeronautics and Space Administration) le remarquera, alors qu’il y enseignait, entre autres, la mécanique spatiale.
Expert en mécanique spatiale, il découvre là d’autres méthodes, davantage basées sur l’expérience. En 1988, le centre californien de la NASA lui offre deux emplois : il choisit « navigateur interplanétaire ». Pour la beauté du titre, dit-il, qui le remplissait « d’une jubilation si intense qu’aujourd’hui encore, malgré toutes ses années écoulées, elle n’est pas tarie ».
Le monde entier s’intéresse au Docteur Diarra lorsque la mission d’exploration du sol martien par la sonde spatiale Pathfinder, à bord de laquelle est installé le robot Sojourner Truth (en hommage à la militante noire), se révèle un succès total. Un véritable exploit que de calculer et de programmer l’itinéraire de la sonde, de sa base de lancement à Cap Canaveral à la Vallée d’Arès sur Mars ! Le monde découvre avec surprise que, parmi les milliers d’Américains qui tiennent, depuis la terre, le gouvernail du véhicule qui se déplace gauchement sur la planète rouge, figure un Malien venu de Ségou, à 200 km de la capitale Bamako. Le scientifique qui s’était auparavant illustré dans d’autres projets spatiaux, notamment en guidant les sondes Magellan vers Vénus en 1989, Galileo vers Jupiter, Ulysse vers le soleil et Observer vers Mars, commence à faire parler de lui.
Sa carrière professionnelle est des plus remarquables. Ancien directeur du programme d’éducation « Mars exploration » et « Public Outreach Project », navigateur interplanétaire et investigateur de la NASA, il collabore avec l’Association africaine de l’Astronautique aux USA.
En 1999 il demande et obtient de la Nasa le droit de travailler à mi-temps, afin de se consacrer au développement de l’éducation en Afrique. Il crée dès lors la « Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement », et s’investit depuis dans de nombreux projets éducatifs en Afrique. Il prends la tête, jusqu’en juillet 2003, de l’Université Virtuelle Africaine, située à Nairobi au Kenya pour favoriser l’accès des Jeunes à des ressources de qualité supérieure.
En 2002, il prend un congé sabbatique afin de développer au Mali à Bamako un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire pour alimenter en électricité les villages pauvres.
Directeur de l’organisation The African Group for Basic Space Science, initiateur des « Sommets Annuels Africains pour la Promotion des Sciences et des Technologies » auprès de la jeunesse, en collaboration avec l’Université de Nouakchott (en Nairobie) et sa « Fondation Pathfinder pour l’éducation », dont il préside le comité scientifique, le Docteur Diarra n’a de cesse de promouvoir l’apprentissage des sciences de pointe en Afrique, de propager l’éducation scientifique comme une base solide du développement durable.
En 2006, microsoft le nomme au poste de président de Microsoft Afrique.
« Je récuse ce terme de « fuite » des cerveaux. Un cerveau fuit pour aller où ? C’est une notion issue des salons ou des grandes institutions onusiennes. Qui est fou au point de rester dans un endroit où l’odeur de la terre mouillée par la pluie ne lui inspire rien ? Pour rien au monde, je ne serais parti ailleurs si j’avais trouvé dans ma ville de Ségou les moyens de travailler !» Cheick Modibo Diarra
Un africain a la NASA n est pas un succes et n est pas un exemple . Il a reussi dans sa vie