Comment on devient un activiste conscient

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Yodalution. (c) by Terry Fan

« L’humanité se divise en trois catégories : ceux qui ne peuvent pas bouger, ceux qui peuvent bouger, et ceux qui bougent. » Benjamin Franklin

Plus je rencontre des gens, plus je m’estime extrêmement chanceux et heureux d’être ce que je suis. Non pas que j’estime que ma personne ou ma vie serait parfaite, mais je me considère toujours comme quelqu’un de parfaitement imparfait.

En observant autour de moi, je distingue plusieurs catégories de personnes :

1. L’ignorant ou l’aveugle

Il vit sa vie en mode Benneton, comme si les différences, les discriminations, l’injustice, n’existaient pas. Comme si le monde qui l’entourait s’appelait Bisounoursland. Les autres plus en contact avec la réalité, le qualifient souvent de bounty, d’aliéné, de bourge, de fils/fille à papa idiot… Souvent, l’ignorant n’a même pas conscience de son ignorance, encore moins de ses privilèges. Il n’a en général aucun avis sur aucune question de société. Et quand il lui arrive d’en avoir c’est souvent très tranché et sans réel fondement autre que les préjugés « acquis » de par son éducation. Il exprime parfois son incompréhension face aux autres qui râlent, qui manifestent, qui se plaignent. Il trouve que les gens exagèrent, et qu’ils devraient être bien contents d’avoir déjà ce qu’ils ont. Que les choses ne sont pas si graves que ça au fond! Il est souvent bien entouré, jouit d’une excellente situation, a un réseau social étendu, bref, il a une vie sociale bien remplie( encore que tout ça c’est relatif). Mais au fond sa vie intérieure d’un ennui et d’une banalité qui tends vers l’infini! Il peut rester dans cet état indéfiniment, ou alors…jusqu’au déclic.

2. Le victimaire qui pleure et supplie sans cesse.

Certains de par leur vécu sont prédisposées à se cantonner et à se complaire dans le rôle de victime (la vie ne fait pas toujours de cadeau). Mais très souvent, l’individu ignorant va être sous le choc suite à sa première VRAIE expérience de la cruauté du monde (souvent en tant que victime). Ça va être le déclic. Sa première réaction sera alors de s’écrier « mais pourquoi??? ». Il se rapprochera alors de certaines associations de gauche, façon SOS racisme, touche pas à mon pote… Associations qui sont bien contentes de trouver une nouvelle victime à défendre, afin de justifier leur existence et leur rôle de sauveurs. le victimaire s’enferme parfois état de déni, de refuge. C’est un état de désespérance. « Ce n’est pas juste, pourquoi elle m’a fait ça à moi, qu’est ce que je vais devenir » ? Il développe sa dépendance aux autres. Il s’évertue à faire le moins de vagues possible, craignant de perdre sa chance d’avoir « droit » à l’aide.

3. Le champion de l’indignation stérile

C’est la confrontation répétée avec les faits qui va engendrer une attitude de révolte, tournée vers soi et vers les autres. C’est souvent le moyen qu’il a trouvé d’extérioriser sa frustration, sa colère. Il en veut aux privilégiés, au système, à tout le monde. C’est souvent également une grande période de questionnements. Du « tous des salauds, tous des racistes, tous des macho, tous des … ». La pensée de l’indigné s’alimente de fortes contradictions. Il peut s’emporter ou s’enfermer dans le plus grand mutisme. Des pulsions de vengeance peuvent ainsi le pousser à avoir des comportements qu’il ne comprend pas lui-même. Il traitera par exemple la civilisation occidentale de satanique et décadente, et sera en même temps fervent défenseur et disciple de la religion chrétienne que lui a apporté cette soi-disant civilisation. Il ignorera le fait que des gens se sont battus et sont morts pour qu’il puisse vivre librement dans cette civilisation. En fait, la personne est confrontée à l’impossibilité d’une solution et passe par de nombreuses émotions : reproches, remords, ressentiments, dégoûts, répulsion, séduction, passion ou agression.

4. Le conscient modéré

Dernière étape où l’individu s’en sort le mieux. La réalité de l’injustice est beaucoup plus comprise et acceptée. Même s’il ressent de la colère ou de la rage face à certaines injustices, il réorganise aussi sa vie en fonction de la réalité. Il sait que tout n’est jamais tout noir un tout blanc. Le monde est loin d’être manichéen comme au cinéma, avec d’un coté les gentils et de l’autre les méchants. Il prends ses distances avec tous ces mouvements d’indignations stériles faisant plus de bruit que de bien. Il comprends que certains actes, certaines idées peu importe leur source, peuvent avoir une portée et un pouvoir plus grand que l’indignation qui retombe très souvent dans l’oubli. Pour lui, créer, c’est résister. Résister, c’est créer. Il emploie désormais son temps et son énergie à créer une nouvelle réalité, plutôt qu’à s’indigner. Il sait qu’une une idée dont l’heure est venue devient une force que rien ne peut arrêter. Il s’emploie à utiliser le pouvoir des idées elles-mêmes, envisagées comme propositions relatives au réel et incitant à l’action dans un certain sens. Y puiser une inspiration, les répandre, les populariser et finalement, les mettre en action devient son leitmotiv. Par force de sa volonté, il crée peu à peu un cercle vertueux.

Toute ces étapes, je les ai traversées. On le traverse tous plus ou moins dans la vie (à moins d’avoir une vie extrêmement passive). Quelle que soit l’endroit où tu te trouves aujourd’hui, l’essentiel est de réaliser que ce n’est qu’une étape. Une étape qui durera plus ou moins longtemps. La vie est loin d’être linéaire. Ce qui compte, ce n’est pas l’étape à laquelle tu te trouves, mais la direction vers laquelle tu vas.

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