Lettre des étudiants camerounais de Bordeaux à leur ambassadeur à Paris

Mon avis au sujet de ce ramassis de conneries.

Je suis désolé d’avoir à le dire, mais cette lettre n’est pas digne, ni représentative de l’étudiant Camerounais en France (je me trompe peut-être mais bon!).

Rien que le titre : « lettre de doléances… ». Pourquoi est ce que nous nous sentons absolument obligés de faire des « doléances » à chaque fois qu’on est face à une personnalité ? On croirait entendre des villageois qui lors de la venue du sous-préfet ne pensent qu’à combien de sacs de riz il a apporté avec lui au lieu de se demander ce qu’il a à leur dire.

Un grand homme d’Etat (John Fitzgerald Kennedy pour ne pas le citer) disait : « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Si a chaque fois que nous avons l’occasion d’être face à un chef de l’Etat, à un ambassadeur ou à un ministre notre seule préoccupation ce sont « nos doléances », je pense sérieusement qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Et avec une telle façon de faire, ce n’est pas demain que l’Afrique (et le Cameroun en particulier) se développera. Sincèrement, je crois que ces « doléances » ne méritent qu’une chose : qu’on envoie un petit chèque pour calmer ces affamés que nous sommes (oui, nous sommes des pauvres affamés, avouons-le 🙂 ).

Cette lettre comporte de nombreuses lacunes sérieuses qui enlèvent toute crédibilité aux personnes qui les ont écrites (et indirectement à ceux et celles qu’elles sont censées représenter).

Quand je lis : « …face aux difficultés quotidiennes que nous rencontrons ici à Bordeaux, nous demandons… » je rigole doucement.

Déjà qui sommes nous pour demander ? Exiger ? le verbe adéquat serait « sollicitons » ou mieux « proposons ». De plus, certaines des choses « exigées » existent peut-être déjà ! Combien d’entre-nous somme au fait de ce qui se déroule dans nos ambassades ou nos administrations ? J’ose supposer en tout cas qu’une petite recherche a été menée avant de faire ces propositions. Sinon, ce serait encore la preuve de notre ridicule.

« L’octroi de bourses d’excellences… des billets d’avions ». Faites moi rire!et Pourquoi pas ma médaille d’honneur et du mérite tant qu’on y est ? Je me demande qui as le plus besoin d’être aidé. Les 58% de camerounais qui n’ont pas accès à l’éducation ni aux soins de base ou bien les privilégiés Bac+X étudiants en France… que nous sommes (aucun de nous n’est arrivé à l’étranger par hasard).

Malheureusement le paragraphe le plus intéressant (le soutien aux projets étudiants) est le plus court. C’est normal! Il est plus facile de demander des bourses, des subventions, des aides…que de monter de véritables projets qui tiennent la route.

Et d’ailleurs, je me met à la place de l’Etat Camerounais. Pourquoi aider les camerounais de Bordeaux uniquement ? Et ceux de Lyon? de Toulouse? de Nantes? Et ceux de Suisse? de Chine? des USA? de Russie? Du Congo? D’Afrique du Sud? S’il y a des camerounais qu’il faut aider, ce ne sont surement pas en priorité ceux qui ont eu la chance d’arriver jusqu’ici. Oui, la vie est dure en France, oui, étudier et bosser au Mc Donald c’est difficile. Mais ce n’est pas pire que les milliers de jeunes diplômés en chômage et sans avenir qui sortent chaque année des universités du Cameroun.

« …Un examen attentif de toutes nos demandes et un traitement rapide, l’année académique étant déjà entamée… » alors, ça c’est le plus drôle. On croirait entendre les syndicalistes de la CGT (merçi la mentalité française). Parce que sinon quoi ? on va se mettre en grève si notre « doléance » n’est pas traitée rapidement?

Encore une fois, ce n’est pas à l’Etat d’organiser les forums étudiants, de financer les études des uns et des autres, de résoudre nos problèmes personnels. Il ne manquerait plus qu’on demande aux gouvernement de nous offrir à chacun une maison et un conjoint. L’Etat c’est nous! C’est le passeport vert que nous avons. C’est le vert-rouge-jaune que nous chérissons.

Pour une fois, arrêtons de considérer l’Etat comme le Messie qui va venir résoudre nos maux. C’est à nous de le faire. C’est à nous de donner un sens à notre patriotisme. c’est à nous de construire notre pays, notre continent. C’est à nous de nous entraider. Et ça commence par faire marcher nos assos, créer les entreprises ici ou au Cameroun, réussir les études pour lesquelles nous sommes venus… Samuel Eto’o n’a pas demandé l’aide de l’Etat pour arriver où il est. IL n’en est pas moins l’un des exemple les plus clair de ce que signifie « aimer son pays ».

Alors, si nous aimons notre continent, par pitié cessons la mendicité et comportons nous en responsables. La seule demande que nous devrions faire nos dirigeants serait de laisser la diaspora jouer un plus grand rôle dans la construction de notre pays, de faire des propositions allant dans ce sens, ou d’écouter celles de notre ambassadeur (puisqu’il en a certainement lui aussi à nous transmettre).

Fraternellement votre.

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