Les abeilles travaillent en équipe;
Les chimpanzés aussi.
Les lions chassent en équipe;
Les hyènes aussi.
Les fourmis travaillent ensemble, mangent ensemble en bonne intelligence;
Les dauphins aussi.
Les buffles se défendent toujours ensemble en rang serré face à l’ennemi;
Les termites construisent ensemble leurs termitières…
Etc.
En Afrique comme dans la diaspora , les jeunes brillent par le désir de réussir seuls. individuellement. Nous souffrons d’un déficit de co-création, d’action collective.
Par exemple:
Combien de jeunes mécaniciens s’associent pour avoir un grand garage dans leur propre pays?
Combien d’entrepreneurs dans la diaspora pratiquant l’import-export s’associent pour ouvrir un grand magasin de vêtements, de matériels informatiques et électroniques et électroménagers, etc dans leur propre pays?
Combien de jeunes s’associent dans notre pays pour créer des cabinets de soins de santé, des bureaux d’études en architecture, en ingénierie, en sociologie, en droit, etc.?
Combien de jeunes enseignants-chercheurs ou d’intellectuels se mettent ensemble pour co-écrire un livre ou ne serait-ce qu’un article? Etc.
Les raisons avancées sont multiples :
– Nous avons des égos surdimensionnés…
– Chacun pense qu’il est plus important que l’autre ou qu’il se suffit à lui-même.
– Pour d’autres, c’est simplement la mesquinerie, la jalousie ou la fierté mal placée qui nous empêche de minimiser ce qui nous divise pour maximiser ce qui nous unis.
Au final, on se nuit collectivement, on s’autodétruit par notre incapacité à nous élever au-dessus de nos propres personnes pour travailler en équipe et pour faire partie de quelque chose de plus grand, de plus noble, de plus solide et de plus durable.
De mon observation, la véritable raison est pourtant bien simple
Les gens bien que faisant la meme choses en apparence, n’ont pas les mêmes motivations intrinsèques
J’ai déjà disserté sur ce qui faisait la différence entre les entrepreneurs charismatiques et les autres : le Pourquoi.
J’ai rencontré deux entrepreneurs camerounais au Canada. Il faisaient en apparence exactement la même chose, dans la meme ville : animateurs, hommes des medias. Je me suis demandé pourquoi ils n’avaient jamais songé à mutualiser leurs ressources afin d’être plus grands, plus forts; de donner un elan formidable à ce secteur de l’evenementiel de la diaspora dans lequels ils semblaient exceller tous les deux. Mais en les observant de plus près j’ai pu percevoir une différence fondamentale. Leur « Pourquoi » n’était absolument pas le même. L’un était motivé par un désir profond de faire le BIEN pour la communauté de façon presque désintéressée, tandis que l’autre était motivé par le désir ultime de briller, d’être connu et reconnu comme le meilleur dans son domaine. Pour l’un, sa modeste entreprise n’était qu’un moyen d’utiliser son talent pour contribuer à créer une société plus juste, une communauté plus joyeuse et plus unie. Pour l’autre, son entreprise c’était son moyen à lui d’exister, de prouver sa valeur aux yeux monde. Dès lors, ces différences fondamentales dans leur POURQUOI faisaient qu’ils leur était impossible de collaborer sérieusement. L’un était maladroit, imparfait, ne se prenait pas trop au sérieux, mais néamoins très attachant et ultra populaire parce que son « POURQUOI » c’était « la joie et le vivre ensemble« . L’autre était professionnel, se prenait très au serieux, mais ses projets manquaient de « chaleur humaine » et du coup n’intéressaient pas grand monde parce que son « POURQUOI » c’était « je suis le plus beau et le plus fort« .
Les exemples sont nombreux.
Thomas Sankara et Blaise Compaoré ont mené ensemble la révolution burnikabè mais pas pour les mêmes raisons intrinsèques.
Maurice Kamto ou Cabral Libii voulaient tous deux devenir président du Cameroun en 2018 mais pas pour les mêmes raisons intrinsèques.
Mon ex et moi voulions tous deux nous marier mais pas pour les mêmes raisons intrinsèques.
La globalisation et les réseaux sociaux ont supprimé les barrières autrefois présentes
On imagine souvent l’Afrique ou sa diaspora comme un blog homogène alors qu’il s’agit en réalité d’une masse d’individus aux parcours divers et variés. Des africains qui ne se seraient jamais croisés dans leurs pays d’origine se croisent facilement à l’étranger. Ils frequentent les mêmes écoles, les mêmes bars, les mêmes quartiers…
Dans la république d’Internet, tous les internautes sont égaux. Pour Instagram ou Facebook, le compte de Brenda Biya n’est pas différent de celui de n’importe quelle autre adolescente camerounaise. Un migrant sans-papier a autant le droit de s’exprimer et accès à la même audience sur internet qu’un ministre en fonction. Dans ce contexte de rencontre entre plusieurs mondes auparavant bien distincts, les clash sont inévitables. Il serait utopique de croire que tous ces gens qui se rencontrent pour la 1ere fois s’entendront comme par magie. Il faut beaucoup de sagesse pour transcender ces différences personelles dans l’intéret collectif.
Let’s Agree to disagree
« Agree to disagree » est une expression anglaise faisant référence à la résolution d’un désaccord par laquelle toutes les parties tolèrent mais n’acceptent pas pour autant les positions opposées. On en arrive là généralement lorsque toutes les parties reconnaissent qu’un conflit serait inutile, inefficace ou autrement indésirable pour tous. On peut ainsi arriver à une collaboration à l’amiable tout en continuant à ne pas être d’accord sur les questions non résolues. Surtout lorsque survient un enjeu qui dépasse nos clivages. C’est le cas par exemple lorsque les américains bien que profondement divisés, se sont levés comme un seul homme face aux menaces terroristes après le 11 septembre. Ou lorsqu’un couple en péril choisit la paix dans l’intérêt des enfants ou des familles.
Mais beaucoup d’entre nous n’en sommes pas encore là. Nous voulons que les dictateurs dégagent du pouvoir en Afrique, nous voulons la fin de la monnaie coloniale qu’est le Franc CFA, nous voulons de la justice, de la liberté, des entreprises, du travail, de la croissance, être aimés, etc. Nous voulons tous la même chose, mais nous avons des motivations différentes que nous n’arrivons pas à transcender. Pour Combien de temps encore ?
En général,les Africains d’Afrique ou de la Diaspora d’ailleurs n’arrivent pas à travailler durablement ensemble parce qu’ils ne s’aiment pas et ne se respectent surtout pas.C’est un fait.Pour certains,il est inconcevable de recevoir des ordres de leur chef noir comme eux.ILs acceptent pourtant volontiers d’etre commandés par des blancs.