Par Vivek Wadhwa
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Dans un discours prononcé à l’American University jeudi 1er juillet dernier, le président Obama a souligné les incroyables bénéfices économiques que l’Amérique a acquise de ses immigrants. Il a parlé de nouvelles vagues d’immigrants venus d’endroits comme l’Irlande, l’Italie, la Pologne, ou la Chine, qui comme les générations avant eux, ont été souvent victimes de « discrimination et de stéréotypes grossiers ». Pourtant, les immigrants ont continué de venir en Amérique. Ceci parce que c’était la seule terre d’opportunités. Le Président veut aujourd’hui inciter les législateurs à corriger le système d’immigration afin que l’Amérique puisse rester compétitive au niveau mondial. Mais je ne pense pas que c’est aussi simple. L’Amérique n’est plus le seul lieu attractif pour les meilleurs et les plus brillants du monde. Réformer la politique d’immigration est un début important, mais ce ne sera pas suffisant pour arrêter la forte fuite des cerveaux et des travailleurs qualifiés auxquels les États-Unis commencent à faire face actuellement.
La semaine dernière, il y a eu deux visiteurs de marque dans la Silicon Valley : le président russe, Dimitri Medvedev, et le ministre chilien de l’Économie, Juan Andres Fontaine. Le président Medvedev veux que citoyens russes éduqués, les brillants programmeurs qui conçoivent quelques-uns des logiciels les plus sophistiqués de la Silicon Valley sachent qu’ils sont bienvenus en cas de retour à la maison et qu’un pôle scientifique est en cours de création pour eux. Le ministre Fontaine veut faire du Chili une plate-forme technologique et suit mes conseils sur la façon d’ y arriver : en attirant des immigrants, en créant une culture diversifiée qui favorise la prise de risque et l’ouverture, et en créant des réseaux de mentors. Entre deux verres (d’excellent vin chilien), le ministre m’a parlé d’un nouveau programme que le Chili est en train de piloter pour attirer les bootstrappers. Le Chili offrira une subvention de 40,000 dollars, des bureau pas cher et des hébergements pour les jeunes entrepreneurs venant du monde entier. Tout ce qu’ils ont à faire est de fabriquer leurs produits dans l’un des plus beaux endroits de la planète. Le pari du Chili est que, une fois ces entrepreneurs y seront arrivés, ils ne voudrons plus partir.
La Chine également fait tout son possible pour que ses scientifiques et ingénieurs reviennent à la maison. Elle dépense des milliards de dollars pour créer des instituts de recherche et renforcer ses capacités techniques. Les cerveaux retournés en Chine sont maintenant en train d’alimenter ses plus importantes découvertes scientifiques. Par exemple, selon le Washington Post , à l’Institut national chinois des sciences biologiques qui est responsable de la moitié des publications examinées par les pairs en Chine, tous les chercheurs et scientifiques clés sont des rapatriés en provenance des États-Unis.
J’ai été témoin de mon récent voyage en Inde à quel point les choses avaient changé là-bas, aussi.
Au « Startup Saturday », qui est devenu un lieu de rencontre régulier pour les entrepreneurs tech à Delhi, j’ai prononcé un discours devant un groupe d’environ 100 créateurs d’entreprises. J’ai été surpris de voir combien ils étaient semblables aux techniciens que je connais dans la Silicon Valley: ils construisent les mêmes types de produits; ont les mêmes intérêts; posent les mêmes questions, et, comme leurs homologues californiens, se plaignent que les investisseurs ne leur accordent pas plus d’une journée. J’ai appris que plus d’un tiers de ces entrepreneurs ont été rapatriés en provenance des États-Unis Ils sont rentrés pour les mêmes raisons que mes recherches ont mis en évidence : leurs familles et leurs amis leur manquaient et ils ont vu de plus grandes opportunités en Inde qu’aux États-Unis. Maintenant, ils sont en train de dynamiser l’écosystème entrepreneurial à la maison.
Les techniciens rapatriés ne bâtissent pas seulement des entreprises du domaine tech. Après avoir terminé son MBA à l’Université du Michigan à Ann Arbor, Ritesh Bawri a construit un produit très prometteur capable de saisir l’intention d’achat d’un client en temps réel. Il avait des Venture Capitalist alignés, prets à fournir des fonds, mais a décidé de ne pas poursuivre, parce qu’il a vu de plus grandes opportunités opportunités en Inde. Parmi lesquels les intérêts commerciaux de son père, une entreprise de ciment qui génère 10 millions de dollars par année en revenu. Ritesh savait qu’avec les besoins de l’Inde en infrastructures, il n’y avait un potentiel de croissance presque illimité. Mais cela nécessiterait de repenser les méthodes de production et de distribution, l’importation de nouvelles technologies d’occident, et le renforcement de l’infrastructure logistique pour consolider la chaîne d’approvisionnement des matériaux. Ritesh rentrés chez lui en 2003 et a obtenu environ 110 M $ en financement des institutions financières et fonds de private equity destinés à l’achat de biens et à la construction d’usines, et a réorganisé les opérations et la stratégie de l’entreprise de ciment. His bet paid off. His company, Calcom Cement , has become a hugely profitable $250 million business and expects to hit $2 billion in revenue in 2016. Son pari a payé. Sa société, Calcom ciment , est devenu une entreprise extrêmement rentable de 250 millions de dollars de chiffre d’affaires et s’attend à atteindre 2 milliards de dollars en recettes en 2016.
Certains des plus brillants d’Inde n’ont même pas envisagé de passer pas les USA. Ashish Sinha a commencé sa carrière en 1999 dans l’une des premières entreprises de haute technologie à succès en Inde, appelée Aztec software. Plus tard, il a travaillé pour Ketera, IBM et Yahoo, en Inde. Il a reçu plusieurs propositions aux États-Unis, mais a toujours pensé que sa carrière progresserait mieux en Inde. En 2007, Ashish a lancé le TechCrunch Indien, un site/blog appelé PluGGd.in, qui attire aujourd’hui 1,1 millions de visiteurs par mois. Ashish prend beaucoup de fierté dans sa décision de ne pas venir aux États-Unis en tant que travailleur H-1B. Il dit: «J’ai vu des tas d’amis aller aux États-Unis pour les services IT / emplois en sous-traitance, et regretter plus tard, car ils n’en tirent aucun épanouissement personnel ».
Arvind Nigam et Praveen Kumar Sinha sont en train de délocaliser leur société de logiciels de crowdsourcing d’idées, appelés BubbleIdeas à Singapour parce que le gouvernement indien impose des restrictions sur les types de transactions Paypal, et parce qu’ils veulent se rapprocher des marchés occidentaux. Quand j’ai aprlé à Arvind du Chili, il a pensé que ce serait un meilleur endroit pour s’installer, à cause de sa proximité physique et culturelle avec les États-Unis et en Europe. J’ai demandé à Arvind s’il avait également considéré les Etats-Unis Sa réponse: « trop cher … et qui a besoin de se prendre la tête avec les histoires de visa? « .
Le débat sur l’immigration des États-Unis va sans doute être litigieux et s’enliser dans la question de fournir une amnistie aux personnes qui sont entrées illégalement dans le pays. La réalité est que, peu importe combien de temps le débat prend ou comment il se termine, les pauvres et non-qualifiés seront toujours là. Mais les professionnels instruits et hautement qualifiés, qui pourraient créer de nouveaux emplois et rendre les Etats-Unis-être plus compétitifs ne seront plus là. Ils seront, au contraire, en train de dynamiser les économies des autres pays. Les États-Unis auront besoin non seulement de modifier leur politique d’immigration pour accueillir des immigrants qualifiés, mais aussi de garder ceux qui sont déjà dans les États-Unis. Et ils auront à faire ce que les pays comme la Chine, Singapour et le Chili font: envoyer ses chasseurs de tête dans les autres pays pour trouver et recruter les meilleurs.
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Vivek Wadhwa est un entrepreneur et universitaire. Il est chercheur-professeur invité à l’Université de Berkeley en Californie, chercheur associé à la Harvard Law School et directeur de recherche au Centre de recherche pour l’Entreprenariat et le Commerce à l’Université Duke. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @vwadhwa et de trouver ses recherches sur www.wadhwa.com .
Ce texte instructif montre la démagogie qu’emploie certains pays pour aguicher les cerveaux du monde. Mais triste est de constater qu’il n’exprime que la réalité actuelle..
Il est bien vrai qu’on est toujours mieux chez soi. Mais je ne peux m’empêcher de penser au fait que pour réussir et acquérir une certaine expérience intellectuelle, il faut obligatoirement aller continuer ses études et débuter des projets dans ces pays développés qui ont tout le matériel de recherche à disposition et qui d’une certaine manière flatte l’ego des grands scientifiques en leur léchant les bottes.
Le monde d’avant n’est plus et la société avance, mais jamais je ne cesserai de penser que la grande partie de la faute revient au gouvernement de son pays d’origine et de la façon dont tout y est géré.
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Prenons mon exemple. Je suis une personne curieuse de tout qui veux toujours aller plus loin et qui, en se faisant, espère affronter sans fausse-modestie des scientifiques supérieurs à elle. Et j’ai compris depuis bien longtemps que je n’y arriverai pas si je restais sur ma terre natale. Je suis consciente que quand on naît, on se doit d’apporter des reformes à son pays et y laisser son empreinte même si ce n’est que minime. Mais cette phase de ma vie, je la laisse pour plus tard, quand j’aurai acquis l’expérience nécessaire pour aider dans l’amélioration de mon chez-moi… Nous scientifiques ne sommes pas totalement en faute, le système politique de notre pays l’est en majorité. Dites-moi, à quoi servirait d’avoir un beau diplôme, d’élever des pays étrangers comme les Etats-unis par votre intelligence au numéro un mondial alors que dans votre pays vous savez très bien que vous n’auriez jamais pu atteindre ce niveau car même les appareils indispensables pour votre travail n’y sont pas? Quelle raison aurais-je pour rentrer dans mon pays maintenant?
Mais bon, quand des infrastructures comme ceux qu’on trouve en Chili existent, je n’ai pas hésiter une seule seconde à quitter une Amérique stagnante intellectuellement pour aller dans un Chili où pleins de possibilités et d’opportunités s’offraient à moi.
Je ne vous cache pas que l’envie d’aider dans l’évolution de mon pays est omniprésente et je ne vous dis pas combien il me manque, mais qu’aurais-je pu apporter de nouveau à mon pays si mes facultés intellectuelles et mon envie d’apprendre n’étaient pas assouvies ailleurs avant de venir après avoir acquis plus de maturité l’enseigner à mon peuple?
Ce texte bien que pertinent ne relève selon-moi qu’un seul aspect du sujet, ne se contentant que d’un point de vue et qui par conséquent ne développe pas tous les détails qui devraient en sortir.
La fuite de cerveau est en partie un mal nécessaire. Les seules erreur et fatalité qui coûtent notre terre natale, c’est d’aller vivre ailleurs à jamais et ne pas revenir chez soi rapporter ce qu’on nous a enseigné.
Bien dit Su ni. Tu as tout développé et t’es exprimé sincèrement sans être blessante.
Tout à fait, c’es très bien dit, bravo.